« L’avenir est quelque chose qui se surmonte. »
Georges Bernanos
La Liberté pour quoi faire ?, éditions Gallimard, coll. Blanche, 1953
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« L’avenir est quelque chose qui se surmonte. »
Georges Bernanos
La Liberté pour quoi faire ?, éditions Gallimard, coll. Blanche, 1953
« Ce n’est pas dans la mollesse, mais dans la fermeté de l’esprit et la résolution du cœur que sera engendré notre avenir. »
Dominique Venner
Histoire et tradition des Européens, Éditions du Rocher, coll. Histoire, 2002
« Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi. »
Henri de La Rochejaquelein
Discours aux soldats de l’Armée catholique et royale, 1794
« La fortune sourit aux audacieux. »
Virgile
L’Enéide, Ier siècle av. J.-C., trad. Paul Veyne, éditions Le Livre de Poche, 2016
« Je me sens peu de goût pour défendre les militaires indéfendables. Leurs insuffisances sont les causes premières de l’antimilitarisme. Il me suffit d’éveiller mes propres souvenirs. Durant les trente mois passés sous l’uniforme pendant la guerre d’Algérie, j’ai connu peu d’hommes de qualité. En fait de guerriers, j’ai surtout rencontré des fonctionnaires timorés. Cette armée était une remarquable machine à tuer les vocations. Chez les cadres, en dehors de fulgurantes exceptions, la mollesse du caractère, l’apathie intellectuelle et même le débraillé physique semblaient la règle. En dessous, se traînait en maugréant un bétail sale et aviné. Cette caricature d’armée était à l’image de la société. Les choses ne se sont pas améliorées.
Mais il y avait des exceptions. Là, battait le cœur véritable de l’Armée. Les paras n’étaient pas seuls à donner le ton. Il arriva qu’au sein du régiment « cul de plomb » le plus loqueteux, une compagnie, voire une section tranchât, par la seule grâce d’un officier ou d’un sous-officier différent. Ceux-là avaient transformé les bidasses en hommes. Tel est le miracle de la société militaire, si malade fût-elle. Tout y est possible pour des tempéraments forts et imaginatifs.
Depuis trente ans et plus, l’armée propose aux lecteurs de ses affiches « un métier, un avenir ». Du temps de Montluc ou du Maréchal de Saxe, les rutilants sergents-recruteurs promettaient l’aventure et la gloire. Rien n’interdirait d’actualiser. Quand elle a des chefs capables, l’Armée offre aux jeunes hommes tout juste sortis de l’adolescence les grandes vacances des servitudes civiles. Plus de profs, plus de patrons, plus de factures ni de percepteur. L’anti-« métro-boulot-dodo ». Le plaisir d’être jeunes, souples, agiles et forts. Le régiment, c’est la bande, avec ses rites et ses lois.
Dans les sociétés industrielles bourgeoises ou socialistes qui sécrètent un égal ennui, l’homme de guerre, dans son isolement, son insolence, est seul à porter une part de rêve. À condition d’être lui-même, le soldat de métier exerce une fascination à laquelle même ses détracteurs n’échappent pas. Mais qu’il s’abandonne au courant, à la faiblesse d’être ordinaire, qu’il dépose ses orgueilleuses prérogatives, il n’est plus qu’un fonctionnaire de statut médiocre et méprisé. Les militaires qui veulent assumer leur condition se trouvent nécessairement en rupture avec l’esprit des sociétés utilitaires soumises aux seuls impératifs économiques. Les hommes de guerre viennent d’un autre temps, d’un autre ciel. Ce sont les derniers fidèles d’une austère religion. Celle du courage et de la mort.
Ils sont de l’espèce qui se rase pour mourir. Ils croient à la rédemption de l’homme par la vertu de l’exercice et du pas cadencé. Ils cultivent la forme physique et la belle gueule. S’offrant le luxe de réveils précoces dans les matins glacés et des marches harassantes pour la joie de s’éprouver. Ce sont les derniers poètes de la gratuité absolue.
Le privilège moral de l’armée réside tout entier dans une différence acceptée, entretenue, cultivée. Sa philosophie tragique ne tourne pas aux vents de la mode ou des majorités politiques. Elle ne varie jamais. Elle est propre à son état, à sa destination qui est la guerre. Guerre classique ou guerre subversive, car sa vocation est de veiller sur la Cité, même quand celle-ci s’abandonne. Les divisions sibériennes qui brisèrent l’offensive allemande devant Moscou, en décembre 1941, ne devaient rien à Marx, mais beaucoup à Clausewitz. Si les troupes nord-vietnamiennes ont conquis Saïgon, ce n’est point le fait de leurs vertus communistes, mais de leurs qualités militaires. En revanche, on peut juger des effets de la mode permissive du libéralisme avancé sur la risible et inutile armée hollandaise.
De bons apôtres nullement innocents prêchent, au nom des mœurs nouvelles, la répudiation par l’Armée de ce qui lui reste d’esprit militaire. C’est bien visé. De cette façon, il n’y aurait plus de Défense. Plus la société change, plus l’Armée évolue dans ses armements, sa stratégie, son organisation, plus l’esprit militaire doit être renforcé. Il est la seule réponse jamais inventée par l’homme face à la guerre. Pour les gardiens des empires et des nations, Sparte la divine, chère au vieil Homère, reste le maître étalon. »
Dominique Venner
revue Item, décembre 1977
« Pour s’affranchir des forces obscures et des pouvoirs vils, il faut que l’âme se tienne en bride. »
Ernst Jünger
Le nœud gordien (Der Gordische Knoten), 1953, trad. Henri Plard, Christian Bourgois éditeur, 1981
« Je poursuis un autre chemin, en altitude, ma mystique s’émerveille des vrais chefs d’œuvre et s’étonne de pouvoir regarder, entendre, sentir la nature. Vous avez laissé votre intelligence, ce tyran stupide, tirer un épais rideau devant vos yeux, vous ne pouvez donc pas voir que vous êtes entourés de vraies merveilles. Vous avez laissé cette compagne importune dire quelques mots futiles au sujet des mystères du monde, vous croyez donc en être arrivés à dominer tout mystère, vous croyez les avoir résolus scientifiquement, selon des lois et vous êtes fiers, espèces de fous, de ne plus vous étonner de rien. Vous ne pressentez même pas que vous possédez les clefs qui vous permettront de déchiffrer ces millions de runes, les plus fines impressions, les milliers de sentiments différents de votre cœur. Si vous vous entraînez à retrouver sans cesse ce pouvoir d’émerveillement, à obéir en vous aux impressions les plus légères et les plus nuancées, à amplifier les sons, comme si vous aviez un microphone, et à vous élever de l’obscurité à la lumière, — alors vous parviendrez à l’âme des choses et vous pourrez écouter la parole de Dieu. Mais tous les concepts généraux, tout le pauvre vocabulaire avec lequel l’intelligence humaine bornée croit appréhender l’inépuisable univers, vous devez les fouler au pied avec mépris. Chaque vision, chaque vue différente de la montagne, chaque petite plante, chaque coup d’aile du choucas, chaque regard humain, le silence sacré de ce lever de soleil sur le col du Mönch, vous devez les ressentir comme quelque chose d’unique, comme quelque chose qui n’a jamais existé auparavant, comme un miracle inouï, et vous laisser imprégner de leurs particularités. Alors votre vie ne sera plus qu’une chaîne de révélations et vous vous serez métamorphosés en enfants naïfs, en dieux grecs.
De nouveau un autre monde, attendu avec curiosité. Nous n’avons pas la surprise de découvrir des horizons lointains ; nous sommes au contraire à l’entrée du petit jardin enchanté de Laurin. […]
Voilà ce que j’ai trouvé pour la première fois dans la montagne et ce que je cherche désormais en connaissance de cause : l’unité infinie et l’harmonie des forces et des éléments de la nature, tout comme l’harmonie des forces, des pulsions, des sentiments de mon moi profond et l’harmonie de ces deux ensembles l’un envers l’autre. Pendant que notre civilisation acculturée disperse et désunit tout, c’est en montagne, dans cette vaste nature qui aspire au divin, que chaque individualité peut se fondre dans le cosmos. Ce n’est pas une petite harmonie superficielle, à trois sous. Les pics les plus bizarres, les précipices les plus affreux, les hurlements de la tempête, les avalanches destructrices se mêlent en une parfaite unité avec le plus doux des rayons de soleil, le plus léger voile de brume, l’insecte minuscule, la fleur qui brille en silence sur le rocher. […]
L’alpinisme nous permet de fonder un homme complet, il nous sort de l’arbitraire barbare pour nous élever vers une harmonie sœur de l’harmonie grecque. Pendant près de deux millénaires, le corps a été officiellement méprisé et assujetti comme un principe mauvais, la pensée monacale avait dissocié le corps et l’esprit. Nous qui voulons être à la pointe de la modernité, nous sommes revenus bien en deçà, nous sommes joyeux d’appartenir à la terre. Nous pouvons de nouveau, comme les Grecs ingénus, nous réjouir ouvertement de la beauté physique et de l’action impétueuse. »
Eugen Guido Lammer
Jungborn (Fontaine de Jouvence), 1922, trad. Anne-Laure Blanc (non éditée), selon l’édition Rother Verlag de 1935
« Toute action est objet de doute. Et cependant, tu es là pour agir. Tu as été mis au monde pour ce combat. Combats donc, puisqu’il le faut ! Mais garde les mains blanches. Gagne, mais sois indifférent à la victoire. Agis, mais sans t’arracher aux fruits de l’action. Plongé dans ce bruit et cette fureur, mais avec une part de toi hors de ce monde, dans la sérénité. Agis, détaché de l’action, en chef de guerre et roi de paix. »
Louis Pauwels
Comment devient-on ce que l’on est ?, éditions Stock, 1978