« Ce qui veut tomber, il ne faut pas le retenir ; il faut encore le pousser. »
Friedrich Nietzsche
cité par Robert Dun in Le Grand suicide, éditions du Crève-Tabous, 1984
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« Ce qui veut tomber, il ne faut pas le retenir ; il faut encore le pousser. »
Friedrich Nietzsche
cité par Robert Dun in Le Grand suicide, éditions du Crève-Tabous, 1984
« Tout territoire occupé dans le but d’y habiter ou de l’utiliser comme “espace vital” est préalablement transformé de “chaos” en “cosmos” ; c’est-à-dire que, par l’effet du rituel, il lui est conféré une “forme”, qui le fait ainsi devenir réel […] le réel par excellence est le sacré ; car seul le sacré est d’une manière absolue, agit efficacement, crée, et fait durer les choses. »
Mircea Eliade
Le mythe de l’Éternel retour, éditions Gallimard, 1969
« Les catastrophes éprouvent à quelle profondeur hommes et peuples demeurent enracinés dans leurs origines. Qu’une racine, du moins, puisent directement au sol nourricier – la santé et les chances de survie en dépendent, alors même que la civilisation et ses assurances ont disparu. »
Ernst Jünger
Traité du rebelle ou le recours aux forêts (Der Waldgang), 1951, trad. Henri Plard, Christian Bourgois éditeur, 1995
« Il est inutile de se faire des illusions avec les chimères d’un quelconque optimisme : nous nous trouvons aujourd’hui à la fin d’un cycle. Depuis des siècles déjà, tout d’abord de façon insensible, puis avec le mouvement d’une avalanche, de multiples processus ont détruit, en Occident, tout ordre normal et légitime des hommes, ont faussé les conceptions les plus hautes de la vie, de l’action, de la connaissance et du combat. Et le mouvement de cette chute, sa vitesse, son côté vertigineux, a été appelé “progrès”. Et des hymnes au “progrès” furent entonnés, et l’on eut l’illusion que cette civilisation – civilisation de matière et de machine – était la civilisation par excellence, celle à laquelle toute l’histoire du monde était pré-ordonnée : jusqu’à ce que les conséquences ultimes de tout ce processus fussent telles qu’elles provoquèrent, chez certains, un réveil. »
Julius Evola
Orientations (Orientamenti), 1950, trad. Philippe Baillet, éditions Pardès, 2011
« Tout cela avait perdu sa valeur, tout cela appartenait au temps des victoires, lorsque les drapeaux pendaient à toutes les fenêtres. Maintenant il n’y avait plus de victoires, maintenant les drapeaux avaient perdu leur radieuse signification, maintenant, à cette heure trouble où tout s’écroulait, la voie à laquelle j’avais été destiné était devenue impraticable, maintenant je me trouvais, sans pouvoir m’en saisir, en face de choses nouvelles, en face de choses qui accouraient de toutes parts, de choses sans forme, où ne vibrait aucun appel clair, aucune certitude qui pénétrait irrésistiblement le cerveau, sauf une pourtant, celle que ce monde où j’étais enraciné, que je n’avais eu ni à accepter ni à adopter, et dont j’étais une parcelle, allait s’effondrer définitivement, irrévocablement, et qu’il ne ressusciterait pas, qu’il ne renaîtrait jamais. […]
La désagrégation de l’ancien ordre jointe au déchaînement des convoitises et des désirs les plus profonds, les plus secrets, et au relâchement de tous les liens, faisait que tous s’éloignaient les uns des autres et il ne semblait plus nécessaire à personne de dissimuler le véritable fond de son être. […] Et tous avaient raison, cette damnée raison était de leur côté, et ils usaient de raisonnements sages et mesurés pour étrangler toute protestation, tout brûlant enthousiasme. […]
Plus de choses s’étaient anéanties pour nous que les seules valeurs que nous avions tenues dans la main. Pour nous s’était aussi brisée la gangue qui nous retenait prisonniers. La chaîne s’était rompue, nous étions libres. Notre sang, soudain en effervescence, nous jetait dans l’ivresse et l’aventure, nous jetait à travers l’espace et le péril, mais il poussait aussi l’un vers l’autre ceux qui s’étaient reconnus parents jusqu’au plus profond de leurs fibres. Nous étions une ligue de guerriers, imprégnés de toute la passion du monde, farouches dans le désir, joyeux dans nos haines comme dans nos amours. […] Si jamais du nouveau vient au monde, c’est bien du chaos qu’il surgit, à ces moments où la misère rend la vie plus profonde, où, dans une atmosphère surchauffée, se consume ce qui ne peut pas subsister et se purifie ce qui doit vaincre. Dans cette masse en ébullition, en fermentation, nous pouvions jeter nos désirs et nous pouvions voir s’élever la vapeur de nos espoirs. »
Ernst von Salomon
Les Réprouvés (Die Geächteten), 1930, trad. Andhrée Vaillant et Jean Kuckenberg, éditions Plon, coll. Feux croisés, 1931
« Les mêmes esprits qui s’étaient estimés assez forts pour trancher les liens de l’antique religion des ancêtres étaient à ce point asservis par le sortilège d’idoles barbares. L’image qu’ils offraient d’eux-mêmes dans leur aveuglement était plus répugnante que l’ivresse que l’on voit dans le plein jour. Alors qu’ils pensaient prendre leur vol et s’en faisaient gloire, ils se vautraient dans la poussière. »
Ernst Jünger
Sur les falaises de marbre (Auf den Marmorklippen) 1939, trad. Henri Thomas, éditions Gallimard 1942, coll. L’Imaginaire, 2017
« L’Être n’est plus considéré comme quelque chose de bon, mais tout au plus comme un fait neutre, voire, dans certains cas extrêmes, comme mauvais. Le nihilisme en tire les conséquences et vise à la destruction de ce qu’il considère comme indigne d’être.
Mais il épargne le présent, tout simplement parce que celui-ci abrite le sujet de la destruction. Il cherche à détruire tout, sauf le présent. C’est-à-dire ce qui reste une fois qu’on a fait abstraction du présent, à savoir le passé et l’avenir. La logique du nihilisme est donc celle de ce que l’on pourrait appeler un « présentisme » absolu. Il vise à la destruction du passé et de l’avenir. »
Rémi Brague
Modérément moderne, éditions Flammarion, 2014
« La différence, qu’est-ce que c’est ?
“Caractère ou ensemble de caractères qui distingue une chose d’une autre”, pose le dictionnaire. Comme telle, la différence est le support de la connaissance. Ce n’est que par leurs différences que l’intelligence peut saisir les choses. La discrimination est sa fonction première, et le monde ne lui est accessible que dans la mesure où il est composé d’éléments distincts. Il ne saurait y avoir de connaissance du chaos. »
Vladimir Volkoff
Le complexe de Procuste, éditions Julliard – L’Âge d’Homme, 1981
« Contre les lectures canoniques, sottement engendrées par l’optimisme progressiste, de ce que fut en réalité le “sombre XXe siècle”, il [Dominique Venner] évaluait l’ampleur de la catastrophe survenue en 1914, point de départ de la suicidaire “guerre de trente ans” européenne. Générateur du chaos que l’on sait et de l’effacement de ce qui avait constitué cinq siècles durant, pour reprendre le mot de Valéry, “la partie précieuse de l’Humanité”, cet effondrement de la “vieille Europe” n’avait cependant, selon Dominique Venner, rien de fatal.
La part d’imprévu que recèle le cours de l’Histoire, tout comme la volonté et le courage de générations capables de renouer avec leur identité faisaient, selon lui, que l’actuelle “dormition” de l’Europe n’était pas, dans le nouvel ordre du monde en train de s’établir, le prélude à sa disparition. »
Philippe Conrad
Dominique Venner : un regard inspiré sur l’Histoire, allocution au Colloque Dominique Venner, Paris, Maison de la Chimie, 17 mai 2014
« Le temps du dernier homme est arrivé. C’est l’esprit qui nie tout. C’est la dérision qui se répand partout. C’est l’instant qui prime. Ce sont les paradis artificiels qu’on promeut. C’est la culture de mort qu’on met en avant. C’est la virilité qu’on dénigre. C’est la féminité qu’on dégrade. C’est la déambulation touristique privé de sens.
Qu’est-ce que le dernier homme ? Un présentateur de télévision qui ricane entre deux shoots ! C’est le petit que pourraient faire ensemble Yann Barthès et Cyril Hanouna. »
Jean-Yves Le Gallou
Après le dernier homme, l’Européen de demain !, allocution au quatrième colloque de l’Institut Iliade, Paris, Maison de la Chimie, 18 mars 2017
« Mais que faire, si les faibles méconnaissent la loi, et dans leur aveuglement tirent les verrous qui n’étaient poussés que pour les protéger ? […] L’ordre humain ressemble au Cosmos en ceci, que de temps en temps, pour renaître à neuf, il lui faut plonger dans la flamme. »
Ernst Jünger
Sur les falaises de marbre (Auf den Marmorklippen) 1939, trad. Henri Thomas, éditions Gallimard 1942, coll. L’Imaginaire, 2017
« Lassés de peupler des villes surpeuplées dont la gouvernance implique la promulgation toujours plus abondante de règlements, haïssant l’hydre administrative, excédés par l’impatronisation des nouvelles technologies dans tous les champs de la vie quotidienne, pressentant les chaos sociaux et ethniques à venir, ils décideraient de quitter les zones urbaines pour regagner les bois. Ils recréeraient des villages dans des clairières, ouvertes au milieu des nefs. Ils s’inventeraient une nouvelle vie. Ce mouvement s’apparenterait aux expériences hippies mais se nourrirait de motifs différents. Les hippies fuyaient un ordre qui les oppressait. Les néo-forestiers fuiront un désordre qui les démoralise. Les bois, eux, sont prêts à accueillir les hommes ; ils ont l’habitude des éternels retours. »
Sylvain Tesson
Dans les forêts de Sibérie, éditions Gallimard, 2011