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Citations sur la frontière

Et si nos malheurs venaient…

« Et si nos mal­heurs venaient de ce que nous vivons à trop grande échelle ? La terre se glo­ba­lise, les fron­tières se dis­solvent, les mar­chan­dises cir­culent. J’ai la subite envie de m’in­ven­ter une vie au 125000. C’é­tait le rêve des anar­chistes, des com­mu­nards et des Grecs qui lisaient Xéno­phon : réduire l’es­pace de notre agi­ta­tion, se replier dans un domaine, ne vou­loir atteindre que ce qui est acces­sible. Accueillir des pen­sées uni­ver­selles en culti­vant un lopin. Ne côtoyer que les gens que l’on peut aller visi­ter à pied. Ne man­ger que les pro­duits de sa propre région, en bref, vivre sur les che­mins noirs, ces sentes secrètes qui strient les feuilles de l’I­GN, échap­pant au contrôle de l’É­tat. Il est urgent de chan­ger d’échelle. »

Syl­vain Tesson
Une très légère oscil­la­tion, jour­nal 2014 – 2017, Édi­tions des Équa­teurs, 2017

Saint-Exupéry disait qu’il faut des barrières aux routes…

« Saint-Exu­pé­ry disait qu’il faut des bar­rières aux routes ; il faut aus­si des bords aux pis­cines et des bandes aux billards. Cer­taines limi­ta­tions sont les condi­tions sine qua non de l’exis­tence de ce qu’elles limitent. Si je refu­sais d’être tout ce que d’autres peuvent être avec moi, je ne serais plus rien. L’in­di­vi­dua­lisme pur, à la roman­tique, est un leurre dont le propre est de séduire ceux dont l’âge men­tal est celui des adolescents. »

Vla­di­mir Volkoff
Le com­plexe de Pro­custe, édi­tions Jul­liard – L’Âge d’Homme, 1981

L’expression de la frontière est une question travaillée par nombre de peintres…

« L’expression de la fron­tière est une ques­tion tra­vaillée par nombre de peintres euro­péens depuis le XVe siècle. Pour­quoi ? Tout sim­ple­ment parce que la repré­sen­ta­tion de l’espace, et de l’expérience de l’espace, condi­tionne dans nos cultures toutes les figures dyna­miques du soi et du non-soi, du l’identité et de l’altérité. Il n’y a pas d’identité sans alté­ri­té, et cette dua­li­té est la condi­tion même d’une repré­sen­ta­tion. Une fron­tière, en son essence, n’est pas la marque d’une exclu­sion mais celle d’une rela­tion, d’un lien entre un ici et un ailleurs. »

Jean-Fran­çois Gautier
Les fron­tières : un besoin vital face à la méta­phy­sique de l’illimité, allo­cu­tion au sixième col­loque de l’Institut Iliade, Paris, Mai­son de la Chi­mie, 6 avril 2019

L’idéologie droit de l’hommiste qui s’est imposée à la faveur de la chute du communisme…

« L’idéologie droit de l’hommiste qui s’est impo­sée à la faveur de la chute du com­mu­nisme, de la mise en œuvre du sys­tème libé­ral mon­dia­li­sé et de l’effacement pro­gram­mé des nations a impo­sé de fait le prin­cipe de libre cir­cu­la­tion pour tout le monde et n’importe qui, et a pro­cla­mé l’obsolescence pro­chaine, sou­hai­table et défi­ni­tive des fron­tières. Les incan­ta­tions anti­ra­cistes for­mu­lées pour inter­dire tout débat sur la ques­tion et l’exaltation de l’homme nomade cher à Jacques Atta­li ne sont cepen­dant pas par­ve­nues à étouf­fer la résis­tance des peuples (…).
D’ores et déjà, les pro­mo­teurs du vil­lage glo­bal” sou­mis à la démo­cra­tie” et au mar­ché semblent avoir per­du la par­tie et il y a quelque chose de pathé­tique à voir la tech­no­cra­tie bruxel­loise, aus­si illé­gi­time qu’irresponsable et nui­sible, s’accrocher à ses lubies immi­gra­tion­nistes et à se pré­va­loir de ses valeurs” pour jus­ti­fier l’arrivée en Europe de cin­quante mil­lions d’immigrés dans les deux décen­nies qui viennent, un afflux néces­saire pour assu­rer demain le paie­ment de nos retraites… »

Phi­lippe Conrad
Rele­ver le défi migra­toire, rendre à l’Europe son iden­ti­té, allo­cu­tion au troi­sième col­loque de l’Institut Iliade, Paris, Mai­son de la Chi­mie, 9 avril 2016

Un simple lieutenant, entre le bolchevisme de Bela Kun…

« Un simple lieu­te­nant, entre le bol­che­visme de Bela Kun et l’impérialisme rou­main, des­si­nait et fai­sait res­pec­ter une zone de sécu­ri­té. Un colo­nel s’interposait entre Tchèques et Hon­grois et la ligne d’armistice qu’il déter­mi­nait allait deve­nir fron­tière. »

Ber­trand de Jouvenel
La décom­po­si­tion de l’Europe libé­rale, 1924 – 1932, édi­tions Plon, 1941

Nous vivons dans un déni du collectif et du symbolique…

« Nous vivons dans un déni du col­lec­tif et du sym­bo­lique qui confine à la néga­tion de la réa­li­té de la condi­tion humaine et des condi­tions de l’expérience humaine, la pesan­teur, la durée, l’origine, l’appartenance, cette réa­li­té jamais aus­si pré­sente sans doute qu’au moment où elle est refu­sée davan­tage. Nous, Euro­péens, qui avons refu­sé de men­tion­ner l’origine chré­tienne de l’Europe et pré­ten­dons inter­dire à l’Italie d’accrocher des cru­ci­fix dans ses écoles, fai­sons comme si l’argent fai­sait socié­té, comme si la bulle de l’assistance et de l’argent public pou­vait rem­pla­cer la fron­tière, oublier l’origine et se sub­sti­tuer à l’unité poli­tique. Et nous, Fran­çais, fai­sons comme si ce n’était pas les arrière-petits-enfants des esclaves de la traite, les des­cen­dants loin­tains des royaumes et des empires assu­jet­tis et rui­nés, qui nous demandent des comptes en rai­son des liens, des ori­gines et du sang ! Ils ont été ceux que nous serons, expul­sés de notre ori­gine, inter­dits de notre iden­ti­té, sus­pec­tés de résis­tance à notre dis­pa­ri­tion, rebelles à deve­nir colo­nie de nos colo­nies. L’étrange consen­te­ment de l’Europe à sa fin n’est pas étran­ger aux attaques dont elle fait l’objet : le par­tage des dépouilles attire les appétits… »

Her­vé Juvin
Le ren­ver­se­ment du monde. Poli­tique de la crise, édi­tions Gal­li­mard, 2010

Toujours, les hommes se sont posé la question…

Tou­jours, les hommes se sont posé la ques­tion entre toutes fon­da­men­tale de ce qu’ils sont. Ils y répondent en invo­quant le lignage, la langue, la reli­gion, la cou­tume, c’est-à-dire leur iden­ti­té, leur tra­di­tion […] Il n’y a que des hommes concrets, fils d’une héré­di­té, d’une terre, d’une époque, d’une culture, d’une his­toire, d’une tra­di­tion qui forment la trame de leur des­tin.
Un groupe humain n’est un peuple que s’il par­tage les mêmes ori­gines, s’il habite un lieu, s’il ordonne un espace, s’il lui donne des direc­tions, une fron­tière entre l’intérieur et l’extérieur. Ce lieu, cet espace ne sont pas seule­ment géo­gra­phiques, ils sont spi­ri­tuels. Pour­tant le site est d’ici et non d’ailleurs. C’est pour­quoi l’identité d’un peuple s’affirme notam­ment dans sa manière de tra­vailler le sol, le bois, la pierre, de leur don­ner une forme. Sa sin­gu­la­ri­té se mani­feste dans ce qu’il bâtit, dans ce qu’il crée, dans ce qu’il fait. Chaque peuple a une façon per­son­nelle de se relier à l’espace et au temps. L’instant de l’Africain n’est pas celui de l’Européen ni de l’Asiatique.”

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Le fait qu’une société ait son espace existentiel…

« Le fait qu’une socié­té ait son espace exis­ten­tiel bor­né par des lignes clai­re­ment conscientes la carac­té­rise comme socié­té qui a aus­si une cohé­sion interne, et vice ver­sa : l’unité des actions réci­proques, le rap­port fonc­tion­nel de chaque élé­ment à tous les autres trouve son expres­sion spa­tiale dans la fron­tière qui impose un cadre. »

Georg Sim­mel
Socio­lo­gie (Sozio­lo­gie), 1908, édi­tions des Presses Uni­ver­si­taires de France, Coll. Qua­drige, 2013

À l’ENA, on ne leur a pas appris la différence…

« À l’ENA, on ne leur a pas appris la dif­fé­rence entre la poli­tique et le poli­tique. On leur a seule­ment par­lé de régimes poli­tiques, de pra­tique gou­ver­ne­men­tale et de météo­ro­lo­gie élec­to­rale. La plu­part d’entre eux s’imaginent que la poli­tique se réduit à une ges­tion admi­nis­tra­tive ins­pi­rée du mana­ge­ment des grandes entre­prises. C’est, là, confondre le gou­ver­ne­ment des hommes avec l’administration des choses, et croire qu’il faut s’en remettre à l’avis des tech­ni­ciens et des experts. Dans une telle optique, il n’y aurait pour chaque pro­blème poli­tique qu’une seule solu­tion opti­male : « Il n’y a pas d’alternative » est un mot d’ordre typi­que­ment impo­li­tique. En poli­tique, il y a tou­jours des alter­na­tives parce qu’un même fait peut tou­jours être jugé dif­fé­rem­ment selon le contexte et les cri­tères d’appréciation rete­nus. Une autre forme clas­sique d’impolitique consiste à croire que les fins du poli­tique peuvent être déter­mi­nées par des caté­go­ries qui lui sont étran­gères – éco­no­miques, esthé­tiques ou morales par exemple. En réa­li­té, chaque acti­vi­té humaine a sa propre fina­li­té, sa propre morale et ses propres moyens. Dire qu’il y a une essence du poli­tique, c’est dire que la poli­tique est une acti­vi­té consub­stan­tielle à l’existence humaine au seul motif que l’homme est, par nature, un ani­mal poli­tique et social, et que la socié­té ne dérive pas, contrai­re­ment à ce qu’affirment les théo­ri­ciens du contrat, d’un « état de nature » pré­po­li­tique ou pré­so­cial. [Pour] Julien Freund, comme toute acti­vi­té humaine, la poli­tique pos­sède des pré­sup­po­sés, c’est-à-dire des condi­tions consti­tu­tives qui font qu’elle est ce qu’elle est, et non pas autre chose. Freund en retient trois : la rela­tion du com­man­de­ment et de l’obéissance, la rela­tion du public et du pri­vé, enfin la rela­tion de l’ami et de l’ennemi. Cette der­nière rela­tion est déter­mi­nante, car il n’y a de poli­tique que là où il y a pos­si­bi­li­té d’un enne­mi. Si, comme le dit Clau­se­witz, la guerre est la pour­suite de la poli­tique par d’autres moyens, c’est que le poli­tique est intrin­sè­que­ment conflic­tuel. Il en résulte qu’un monde sans fron­tières serait un monde d’où le poli­tique aurait dis­pa­ru. C’est en ce sens qu’un État mon­dial est une absurdité. »

Alain de Benoist
Entre­tien avec Nico­las Gau­thier, Bou­le­vard Vol­taire, 12 sep­tembre 2014

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