« L’épaisseur du rempart compte moins que la volonté de le prendre. »
Thucydide
Histoire de la guerre du Péloponnèse, 431 – 411 av. notre ère, trad. Jacqueline de Romilly, Robert Laffont éditeur, coll. Bouquins, 1990
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« L’épaisseur du rempart compte moins que la volonté de le prendre. »
Thucydide
Histoire de la guerre du Péloponnèse, 431 – 411 av. notre ère, trad. Jacqueline de Romilly, Robert Laffont éditeur, coll. Bouquins, 1990
« Et si nos malheurs venaient de ce que nous vivons à trop grande échelle ? La terre se globalise, les frontières se dissolvent, les marchandises circulent. J’ai la subite envie de m’inventer une vie au 1⁄25000. C’était le rêve des anarchistes, des communards et des Grecs qui lisaient Xénophon : réduire l’espace de notre agitation, se replier dans un domaine, ne vouloir atteindre que ce qui est accessible. Accueillir des pensées universelles en cultivant un lopin. Ne côtoyer que les gens que l’on peut aller visiter à pied. Ne manger que les produits de sa propre région, en bref, vivre sur les chemins noirs, ces sentes secrètes qui strient les feuilles de l’IGN, échappant au contrôle de l’État. Il est urgent de changer d’échelle. »
Sylvain Tesson
Une très légère oscillation, journal 2014 – 2017, Éditions des Équateurs, 2017
« Saint-Exupéry disait qu’il faut des barrières aux routes ; il faut aussi des bords aux piscines et des bandes aux billards. Certaines limitations sont les conditions sine qua non de l’existence de ce qu’elles limitent. Si je refusais d’être tout ce que d’autres peuvent être avec moi, je ne serais plus rien. L’individualisme pur, à la romantique, est un leurre dont le propre est de séduire ceux dont l’âge mental est celui des adolescents. »
Vladimir Volkoff
Le complexe de Procuste, éditions Julliard – L’Âge d’Homme, 1981
« L’expression de la frontière est une question travaillée par nombre de peintres européens depuis le XVe siècle. Pourquoi ? Tout simplement parce que la représentation de l’espace, et de l’expérience de l’espace, conditionne dans nos cultures toutes les figures dynamiques du soi et du non-soi, du l’identité et de l’altérité. Il n’y a pas d’identité sans altérité, et cette dualité est la condition même d’une représentation. Une frontière, en son essence, n’est pas la marque d’une exclusion mais celle d’une relation, d’un lien entre un ici et un ailleurs. »
Jean-François Gautier
Les frontières : un besoin vital face à la métaphysique de l’illimité, allocution au sixième colloque de l’Institut Iliade, Paris, Maison de la Chimie, 6 avril 2019
« L’idéologie droit de l’hommiste qui s’est imposée à la faveur de la chute du communisme, de la mise en œuvre du système libéral mondialisé et de l’effacement programmé des nations a imposé de fait le principe de libre circulation pour tout le monde et n’importe qui, et a proclamé l’obsolescence prochaine, souhaitable et définitive des frontières. Les incantations antiracistes formulées pour interdire tout débat sur la question et l’exaltation de l’homme nomade cher à Jacques Attali ne sont cependant pas parvenues à étouffer la résistance des peuples (…).
D’ores et déjà, les promoteurs du “village global” soumis à la “démocratie” et au marché semblent avoir perdu la partie et il y a quelque chose de pathétique à voir la technocratie bruxelloise, aussi illégitime qu’irresponsable et nuisible, s’accrocher à ses lubies immigrationnistes et à se prévaloir de ses “valeurs” pour justifier l’arrivée en Europe de cinquante millions d’immigrés dans les deux décennies qui viennent, un afflux nécessaire pour assurer demain le paiement de nos retraites… »
Philippe Conrad
Relever le défi migratoire, rendre à l’Europe son identité, allocution au troisième colloque de l’Institut Iliade, Paris, Maison de la Chimie, 9 avril 2016
« Un simple lieutenant, entre le bolchevisme de Bela Kun et l’impérialisme roumain, dessinait et faisait respecter une zone de sécurité. Un colonel s’interposait entre Tchèques et Hongrois et la ligne d’armistice qu’il déterminait allait devenir frontière. »
Bertrand de Jouvenel
La décomposition de l’Europe libérale, 1924 – 1932, éditions Plon, 1941
« Nous vivons dans un déni du collectif et du symbolique qui confine à la négation de la réalité de la condition humaine et des conditions de l’expérience humaine, la pesanteur, la durée, l’origine, l’appartenance, cette réalité jamais aussi présente sans doute qu’au moment où elle est refusée davantage. Nous, Européens, qui avons refusé de mentionner l’origine chrétienne de l’Europe et prétendons interdire à l’Italie d’accrocher des crucifix dans ses écoles, faisons comme si l’argent faisait société, comme si la bulle de l’assistance et de l’argent public pouvait remplacer la frontière, oublier l’origine et se substituer à l’unité politique. Et nous, Français, faisons comme si ce n’était pas les arrière-petits-enfants des esclaves de la traite, les descendants lointains des royaumes et des empires assujettis et ruinés, qui nous demandent des comptes en raison des liens, des origines et du sang ! Ils ont été ceux que nous serons, expulsés de notre origine, interdits de notre identité, suspectés de résistance à notre disparition, rebelles à devenir colonie de nos colonies. L’étrange consentement de l’Europe à sa fin n’est pas étranger aux attaques dont elle fait l’objet : le partage des dépouilles attire les appétits… »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010
“Toujours, les hommes se sont posé la question entre toutes fondamentale de ce qu’ils sont. Ils y répondent en invoquant le lignage, la langue, la religion, la coutume, c’est-à-dire leur identité, leur tradition […] Il n’y a que des hommes concrets, fils d’une hérédité, d’une terre, d’une époque, d’une culture, d’une histoire, d’une tradition qui forment la trame de leur destin.
Un groupe humain n’est un peuple que s’il partage les mêmes origines, s’il habite un lieu, s’il ordonne un espace, s’il lui donne des directions, une frontière entre l’intérieur et l’extérieur. Ce lieu, cet espace ne sont pas seulement géographiques, ils sont spirituels. Pourtant le site est d’ici et non d’ailleurs. C’est pourquoi l’identité d’un peuple s’affirme notamment dans sa manière de travailler le sol, le bois, la pierre, de leur donner une forme. Sa singularité se manifeste dans ce qu’il bâtit, dans ce qu’il crée, dans ce qu’il fait. Chaque peuple a une façon personnelle de se relier à l’espace et au temps. L’instant de l’Africain n’est pas celui de l’Européen ni de l’Asiatique.”
Dominique Venner
Histoire et tradition des Européens, Éditions du Rocher, coll. Histoire, 2002
« Le fait qu’une société ait son espace existentiel borné par des lignes clairement conscientes la caractérise comme société qui a aussi une cohésion interne, et vice versa : l’unité des actions réciproques, le rapport fonctionnel de chaque élément à tous les autres trouve son expression spatiale dans la frontière qui impose un cadre. »
Georg Simmel
Sociologie (Soziologie), 1908, éditions des Presses Universitaires de France, Coll. Quadrige, 2013
« À l’ENA, on ne leur a pas appris la différence entre la politique et le politique. On leur a seulement parlé de régimes politiques, de pratique gouvernementale et de météorologie électorale. La plupart d’entre eux s’imaginent que la politique se réduit à une gestion administrative inspirée du management des grandes entreprises. C’est, là, confondre le gouvernement des hommes avec l’administration des choses, et croire qu’il faut s’en remettre à l’avis des techniciens et des experts. Dans une telle optique, il n’y aurait pour chaque problème politique qu’une seule solution optimale : « Il n’y a pas d’alternative » est un mot d’ordre typiquement impolitique. En politique, il y a toujours des alternatives parce qu’un même fait peut toujours être jugé différemment selon le contexte et les critères d’appréciation retenus. Une autre forme classique d’impolitique consiste à croire que les fins du politique peuvent être déterminées par des catégories qui lui sont étrangères – économiques, esthétiques ou morales par exemple. En réalité, chaque activité humaine a sa propre finalité, sa propre morale et ses propres moyens. Dire qu’il y a une essence du politique, c’est dire que la politique est une activité consubstantielle à l’existence humaine au seul motif que l’homme est, par nature, un animal politique et social, et que la société ne dérive pas, contrairement à ce qu’affirment les théoriciens du contrat, d’un « état de nature » prépolitique ou présocial. [Pour] Julien Freund, comme toute activité humaine, la politique possède des présupposés, c’est-à-dire des conditions constitutives qui font qu’elle est ce qu’elle est, et non pas autre chose. Freund en retient trois : la relation du commandement et de l’obéissance, la relation du public et du privé, enfin la relation de l’ami et de l’ennemi. Cette dernière relation est déterminante, car il n’y a de politique que là où il y a possibilité d’un ennemi. Si, comme le dit Clausewitz, la guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens, c’est que le politique est intrinsèquement conflictuel. Il en résulte qu’un monde sans frontières serait un monde d’où le politique aurait disparu. C’est en ce sens qu’un État mondial est une absurdité. »
Alain de Benoist
Entretien avec Nicolas Gauthier, Boulevard Voltaire, 12 septembre 2014