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Citations sur la décadence

Les sociétés occidentales sont absolument décomposées…

« Les socié­tés occi­den­tales sont abso­lu­ment décom­po­sées. Il n’y a pas de vue d’ensemble qui per­mette de déter­mi­ner et d’appliquer une poli­tique […] Les socié­tés occi­den­tales ne sont pra­ti­que­ment plus des États […] Ce sont sim­ple­ment des agglo­mé­ra­tions de lob­bies, qui tirent à hue et à dia et à courte vue, dont aucun ne peut impo­ser une poli­tique cohé­rente, mais dont cha­cun est capable de blo­quer toute action contraire à ses intérêts. »

Cor­né­lius Castoriadis
Libé­ra­tion, 16 et 21 décembre 1981

Ceux qui avaient interprété la démocratie individualiste issue des Lumières…

« Ceux qui avaient inter­pré­té la démo­cra­tie indi­vi­dua­liste issue des Lumières comme une déca­dence, semblent sou­vent jus­ti­fiés aujourd’­hui. Elle est bel et bien entrée elle-même en déca­dence par rap­port à ses propres valeurs et à ses ambi­tions. Son sys­tème de socia­bi­li­té qui n’a jamais bien fonc­tion­né en Europe est en plein déra­page, sur­tout en France, lieu de sa fon­da­tion. La répu­blique contrac­tuelle une et indi­vi­sible implose sous nos yeux. Dans sa luci­di­té, Ray­mond Aron, pour­tant libé­ral convain­cu, l’avait pres­sen­ti au terme de ses Mémoires (Jul­liard, 1983) : « Sans adop­ter l’interprétation spen­glé­rienne selon laquelle la civi­li­sa­tion urbaine, uti­li­taire, démo­cra­tique marque en tant que telle une phase de déca­dence des cultures, il est légi­time de se deman­der, […] si l’épanouissement des liber­tés, le plu­ra­lisme des convic­tions, l’hédonisme indi­vi­dua­liste ne mettent pas en péril la cohé­rence des socié­tés et leur capa­ci­té d’action. »
De cette noci­vi­té, la plus grande par­tie du monde euro­péen était convain­cue avant 1914. Mais ce qui don­nait de la force au rejet de l’idéologie des Lumières et de 1789, c’est que ce monde euro­péen des monar­chies et de l’ancien ordre féo­dal réno­vé était aus­si le plus effi­cace, le plus moderne et le plus com­pé­ti­tif sur le ter­rain éco­no­mique, social et cultu­rel. Ce fait oublié, il convient de le rap­pe­ler. D’a­bord parce que c’est une réa­li­té his­to­rique et à ce titre méri­tant d’être connue. Ensuite, parce que cette réa­li­té per­met de prendre du champ par rap­port à l’illusion d’optique que les vic­toires répé­tées des États-Unis ont impo­sé depuis la fin du XXe siècle. Illu­sion qui fait prendre le phé­no­mène par­ti­cu­lier et contin­gent de la socié­té amé­ri­caine pour une néces­si­té uni­ver­selle. Cette sédui­sante chi­mère s’est ins­tal­lée d’autant plus aisé­ment que dans nos socié­tés les esprits ont été for­més depuis long­temps par l’imprégnation incons­ciente de la vul­gate mar­xiste à une inter­pré­ta­tion déter­mi­niste et fina­liste de l’histoire où le suc­cès momen­ta­né vaut preuve. »

Domi­nique Venner
Le Siècle de 1914 : Uto­pies, guerres et révo­lu­tions en Europe au XXe siècle, édi­tions Pyg­ma­lion, coll. His­toire, 2006

Ne sommes-nous pas arrivés à cette époque…

« Ne sommes-nous pas arri­vés à cette époque redou­table annon­cée par les Livres sacrés de l’Inde, où les castes seront mêlées, où la famille elle-même n’existera plus ? »

René Gué­non
La crise du monde moderne, 1927, édi­tions Gal­li­mard, 1946

Une véritable historiographie de droite devrait embrasser…

« Une véri­table his­to­rio­gra­phie de droite devrait embras­ser les mêmes hori­zons que l’historiographie mar­xiste, avec la volon­té de sai­sir l’essentiel du pro­ces­sus his­to­rique des der­niers siècles, pris en dehors des mythes, des super­sti­tions ou de la simple chro­nique des faits. Tout en inver­sant, natu­rel­le­ment, les signes et les pers­pec­tives, et en voyant dans les pro­ces­sus conver­gents de l’histoire récente non pas les phases d’un pro­grès poli­tique et social, mais celles d’une sub­ver­sion géné­rale. Selon toute logique, le pré­sup­po­sé éco­no­mi­co-maté­ria­liste serait éli­mi­né, une fois démas­quée la fic­tion de l’homo oeco­no­mi­cus et le déter­mi­nisme pré­ten­du­ment fatal des sys­tèmes de pro­duc­tion. Des forces beau­coup plus vastes, pro­fondes et com­plexes que celles que connaît le misé­rable maté­ria­lisme his­to­rique mar­xiste, sont en action dans l’histoire. »

Julius Evo­la
Il Conci­lia­tore, novembre 1959

Nouvelle internationale, comme tant d’autres libérés…

« Nou­velle inter­na­tio­nale, comme tant d’autres libé­rés par la guerre, ces nou­veaux riches se ris­quèrent, puis pul­lu­lèrent, se répan­dirent par­tout avec cette indis­cré­tion, ces petites fureurs, ce pro­sé­ly­tisme frou­frou­tant qu’on leur connaît. Ayant gran­di dans les cata­combes, ils s’épanouirent vers 1920, comme une socié­té secrète s’emparant du pou­voir et heu­reuse de faire des sta­tuts éso­té­riques de l’ordre la consti­tu­tion même de la répu­blique. […] C’est alors que les modes, les salons, les cafés, l’art, furent enva­his d’une gent amère, insi­dieuse, ayant du goût à en périr et rien que cela, impul­sive, névro­sée, sub­tile, pué­rile et empoisonnée. »

Paul Morand
Jour­nal inutile, 1974, cité par Chris­to­pher Gérard, in Quo­li­bets, L’Age d’Homme, 2013

Pourquoi la civilisation européenne se renie-t-elle…

« Pour­quoi la civi­li­sa­tion euro­péenne, qui est le lieu par excel­lence de la haute culture, de l’évolution et de la beau­té, se renie-t-elle à ce point, craint de faire état de volon­té de puis­sance et fait mani­fes­te­ment tout pour se sui­ci­der ? C’est un nihi­lisme pro­fond qui est à l’œuvre ; un nihi­lisme enten­du comme une mala­die de l’esprit que les civi­li­sa­tions fati­guées, et trop cou­pées du natu­rel, attrapent. […] En termes de réponse et pour résu­mer briè­ve­ment, je crois qu’il faut se débar­ras­ser de la mora­line qui est son symp­tôme puru­lent, reve­nir au droit natu­rel, assai­nir nos modes de vie, et trou­ver de nou­veaux défis civi­li­sa­tion­nels exigeants. »

Julien Roche­dy
Entre­tien à Valeurs Actuelles, 19 décembre 2019

Au beau milieu d’une civilisation soi-disant raffinée…

« Au beau milieu d’une civi­li­sa­tion soi-disant raf­fi­née, au point de pas­ser pour déca­dente, une géné­ra­tion retrouve tout à coup le culte pri­mi­tif du sac­cage, les convul­sions des danses pro­fanes, l’amour du bruit et du sang, une espèce d’héroïsme bar­bare. »

Jean-René Hugue­nin
Une autre jeu­nesse, maga­zine Réa­li­tés, 1961, réédi­tion dans Jean-René Hugue­nin en col­lec­tion Bou­quins, 2022

Des temps sans art ni philosophie dignes…

« Des temps sans art ni phi­lo­so­phie dignes de ce nom peuvent encore être des ères de force ; ce sont les Romains qui nous l’ont appris. »

Oswald Spen­gler
Écrits his­to­riques et phi­lo­so­phiques. Pen­sées, édi­tions Coper­nic, 1980

Quelle malédiction a frappé l’Occident…

« Quelle malé­dic­tion a frap­pé l’Occident pour qu’au terme de son essor il ne pro­duise que ces hommes d’affaires, ces épi­ciers, ces com­bi­nards aux regards nuls et aux sou­rires atro­phiés, que l’on ren­contre par­tout, en Ita­lie comme en France, en Angle­terre de même qu’en Alle­magne ? Est-ce à ces dégé­né­rés que devait abou­tir une civi­li­sa­tion aus­si déli­cate, aus­si com­plexe ? Peut-être fal­lait-il en pas­ser par là, par l’abjection, pour pou­voir ima­gi­ner un autre genre d’hommes. »

Emil Cio­ran
His­toire et uto­pie, édi­tions Gal­li­mard, 1960

Bien sûr, certains facteurs contribuent au malaise…

« Bien sûr, cer­tains fac­teurs contri­buent au malaise gran­dis­sant qui tra­verse notre socié­té ; mais ni les ten­sions éco­no­miques, ni le dis­cré­dit poli­tique, ni les dif­fi­cul­tés d’intégration n’expliquent à eux seuls cet « ensau­va­ge­ment » lar­ge­ment consta­té et décrit. Nous ne voyons pas qu’il pro­vient essen­tiel­le­ment d’une rup­ture de la trans­mis­sion, d’un aban­don de notre propre civi­li­sa­tion — dont tous les symp­tômes de la crise ne sont que des consé­quences, proches ou loin­taines. Nous ne vou­lons pas voir que l’enjeu est d’abord cultu­rel. Comme si une géné­ra­tion qui s’est inter­dit de trans­mettre ne par­ve­nait pas à com­prendre que, en refu­sant de faire des héri­tiers, en pri­vant ses enfants de la culture qu’elle avait reçue, elle pre­nait le risque de les déshé­ri­ter d’eux-mêmes — de les déshé­ri­ter de leur propre huma­ni­té. Nous nous sommes pas­sion­nés pour le doute car­té­sien et l’universelle cor­ro­sion de l’esprit cri­tique, deve­nus des fins en eux-mêmes ; nous avons pré­fé­ré, avec Rous­seau, renon­cer à notre posi­tion d’adultes pour ne pas entra­ver la liber­té des enfants ; nous avons repro­ché à la culture d’être dis­cri­mi­na­toire, comme Bour­dieu, et nous avons contes­té la dis­ci­pline qu’elle repré­sen­tait. Et nous avons fait naître, comme il aurait fal­lu le pré­voir, « des sau­vages faits pour habi­ter dans les villes ». »

Fran­çois-Xavier Bellamy
Les Déshé­ri­tés ou l’urgence de trans­mettre, édi­tions Plon, 2014

La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera…

« La terre sera alors deve­nue plus petite, et sur elle sau­tille­ra le der­nier homme, qui rape­tisse tout. Sa race est indes­truc­tible comme celle du puce­ron ; le der­nier homme vit le plus long­temps. « Nous avons inven­té le bon­heur » disent les der­niers hommes, et ils clignent de l’œil. Ils ont aban­don­né les contrées où il était dur de vivre : car on a besoin de cha­leur. […] Qui vou­drait encore gou­ver­ner ? Qui vou­drait obéir ? C’est trop pénible. Point de ber­ger et un seul trou­peau ! Cha­cun veut la même chose, tous sont égaux : qui a d’autres sen­ti­ments va de son plein gré dans la mai­son des fous. Autre­fois tout le monde était fou, disent les plus fins et ils clignent de l’œil. »

Frie­drich Nietzsche
Ain­si par­lait Zara­thous­traUn livre pour tous et pour per­sonne (Also sprach Zara­thus­tra – Ein Buch für Alle und Kei­nen), 1883 – 1885, trad. Gene­viève Bian­quis, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2006

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