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Citations sur la Grèce

Le vieil adage du fronton du temple de Delphes…

« C’est face à une telle diver­si­té que prend son sens le vieil adage du fron­ton du temple de Delphes : gnô­thi seau­ton, « connais-toi toi-même ». Il ne s’a­git pas d’un conseil d’in­tros­pec­tion, mais d’un mar­quage de situa­tion, du type : tu n’es ni un dieu ni un concur­rent d’une course de chars, alors qui es-tu dans cette diver­si­té, par ton métier, par ta famille, par ta par­ti­ci­pa­tion à la vie col­lec­tive ? »

Jean-Fran­çois Gautier
À pro­pos des Dieux. L’esprit des poly­théismes, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

À l’ère des plus grandes machines à bourlinguer, l’Acropole d’Athènes…

« À l’ère des plus grandes machines à bour­lin­guer, l’Acropole d’Athènes reçoit chaque année plus de visi­teurs qu’elle n’en accueillit durant le total des vingt-cinq siècles qui pré­cé­dèrent, au cours de ces époques bénies où elle était encore debout, vivante et fière. Ce pour­rait être une conso­la­tion. Mais il faut se méfier des nombres. Ils sont trom­peurs, jusque sur l’Acropole. Com­bien de voya­geurs y viennent encore prier ? Et quels dieux ? Le scin­tille­ment du soleil pro­pose une réponse : il rosit chaque soir de ses teintes mor­do­rées les bleus épars du ciel couchant. »

Jean-Fran­çois Gautier
À pro­pos des Dieux. L’esprit des poly­théismes, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

L’Europe préexiste à la forme historique que le destin lui a donnée…

« L’Europe pré­existe à la forme his­to­rique que le des­tin lui a don­née ; exis­tant en puis­sance dans cha­cun de ses peuples autoch­tones, elle s’est cris­tal­li­sée dans la Grèce, puis s’est ins­ti­tuée en Rome et enfin s’est éten­due à l’échelle du conti­nent avec le catho­li­cisme. »

Thi­baud Cassel
Le Chant des alouettes, édi­tion Ins­ti­tut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2017

Il existe au total un fond de pensées helléniques très diversifié…

« Il existe au total un fond de pen­sées hel­lé­niques très diver­si­fié, qui fut dans toute l’Europe, et vingt-sept siècles durant, l’inspirateur de longs débats entre écoles. Plus que les que­relles de doc­trines qui agitent les com­men­ta­teurs, on peut en rete­nir deux leçons déci­sives. Elles sont, aujourd’hui encore, très éclai­rantes dans l’examen des erreurs qui par­sèment les his­toires res­pec­tives des nations euro­péennes.
La pre­mière leçon hérite de l’Iliade, pré­ci­sé­ment de ce pas­sage dans lequel le maître de l’Olympe, en pleine bataille confuse, sai­sit un détail déci­sif : un archer vise le com­bat­tant Hec­tor. Homère note : Cela n’échappa pas (ou lèthé) à la saga­ci­té pru­dente de Zeus”, lequel dévia la flèche. Il y a là une forme ver­bale (ou lèthé) de ce qui, chez les phi­lo­sophes, dési­gne­ra sous une forme nomi­nale la véri­té (alè­théïa). La véri­té, ici, n’est pas un conte­nu doc­tri­nal des­cen­du de cieux incon­nais­sables, mais l’expression d’une sub­ti­li­té d’observation dont le sage sait tirer les bonnes conclu­sions. Toutes les écoles phi­lo­so­phiques antiques s’accordèrent sur ce point : la véri­té est d’abord ce qui, à l’expérience ou à la réflexion, n’échappe pas à un exa­men sub­til et sagace, évi­dem­ment condi­tion­né par les cir­cons­tances du moment. Pen­ser, c’est s’adapter.
Un second point d’accord unit les dif­fé­rentes écoles : l’hubris, la déme­sure, l’excès, est pour elles une faute car­di­nale met­tant en dan­ger non seule­ment ceux qui frayent avec elle, mais aus­si ceux qui les écoutent ou les imitent et, à terme, la Cité elle-même. Toute action, en d’autres termes, doit s’accorder à ses fins par­ti­cu­lières, qui sont pré­cieuses mais limi­tées ; et les actions des uns et des autres n’ont qu’une seule fin géné­rale : la pro­tec­tion et l’accroissement de l’oïkos, de ce bien com­mun suprême qu’est la Cité, mal­heu­reu­se­ment absente des sou­cis euro­péens modernes. »

Jean-Fran­çois Gautier
Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité euro­péenne, Phi­lippe Conrad dir., édi­tion Ins­ti­tut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018

Les Grecs étaient poètes, philosophes, tragédiens et savants…

« À l’époque d’Alcée, quand leur terre était encore riche d’arbres, de rivières et d’oiseaux, les Grecs étaient poètes, phi­lo­sophes, tra­gé­diens et savants. Ils avaient déjà tour­né toute leur atten­tion vers l’homme, parce que la nature était encore vivante et habitée.
Quand s’émeut-on du sort d’une chose ? Quand celle-ci est mena­cée ou déjà morte. L’absence de sen­ti­ment par­ti­cu­lier – déta­ché – de la nature ne signi­fiait nul­le­ment leur indif­fé­rence mais au contraire une empa­thie, une connais­sance et sur­tout une connexion que nous avons peine aujourd’hui à imaginer. »

Éric Gro­lier
Ce que nous sommes. Aux sources de l’i­den­ti­té euro­péenne, Phi­lippe Conrad dir., édi­tion Ins­ti­tut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018

Thucydide est la grande somme, la dernière révélation de cet esprit…

« Thu­cy­dide est la grande somme, la der­nière révé­la­tion de cet esprit des réa­li­tés fort, sévère et dur que les anciens Hel­lènes avaient dans l’instinct. Le cou­rage devant la réa­li­té dis­tingue en der­nière ins­tance des natures comme Thu­cy­dide et Pla­ton : Pla­ton est lâche devant la réa­li­té, – par consé­quent il se réfu­gie dans l’idéal ; Thu­cy­dide est maître de soi, donc il est aus­si maître des choses… »

Frie­drich Nietzsche
Cré­pus­cule des idoles ou Com­ment on phi­lo­sophe avec un mar­teau (Göt­zen-Däm­me­rung oder wie man mit dem Ham­mer phi­lo­so­phiert), 1888, trad. Patrick Wot­ling, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2005

Les Hellènes parlent mal quand ils disent : naître et mourir…

« Les Hel­lènes parlent mal quand ils disent : naître et mou­rir. Car rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà exis­tantes se com­binent, puis se séparent de nou­veau. Pour par­ler juste, il fau­drait donc appe­ler le com­men­ce­ment des choses une com­po­si­tion et leur fin une décomposition. »

Anaxa­gore
Frag­ment I, 500 – 428 av. notre ère

Ces chefs sont essentiellement des guerriers…

« Les poèmes homé­riques nous montrent les chefs achéens régnant cha­cun sur un petit royaume ; la Grèce de l’âge héroïque, divi­sée en autant de royaumes indé­pen­dants qu’il y a de can­tons, était déjà mor­ce­lée à l’extrême, comme le sera plus tard celle de l’époque classique. […]
Cha­cun de ces rois est indé­pen­dant : Aga­mem­non n’est choi­si comme chef de guerre contre Troie que parce qu’il com­mande à la troupe la plus nom­breuse ; mais avant de prendre une déci­sion il consulte les autres chefs, ses pairs, réunis en conseil. […] Ces chefs sont essen­tiel­le­ment des guer­riers. La guerre est leur prin­ci­pale occu­pa­tion, la source prin­ci­pale de leur richesse. Ils ne rêvent que batailles et pillages, expé­di­tions sur terre ou sur mer. Entre voi­sins, les guerres sont inces­santes : la paix leur pèse, le repos les ennuie, l’aventure les attire ; et, lors même que, vain­cus par l’âge, ils chauffent leurs vieux membres à la flamme du foyer dans la haute salle de leur manoir, ils n’ont pas de plus grande joie que d’écouter après un fes­tin le récit des exploits de leur jeunesse. […]
Le pou­voir de ces rois, tel qu’il nous est pré­sen­té dans l’Iliade et dans l’Odys­sée, est de carac­tère féo­dal. Plus qu’il ne gou­verne un can­ton, cha­cun d’eux com­mande à un groupe de guer­riers qui le recon­naissent comme leur chef. Autant que ses sol­dats, ses com­pa­gnons d’armes sont ses amis, en même temps que ses ser­vi­teurs, et, en expé­di­tion loin­taine comme au pays, ils sont convo­qués en assem­blée lorsque se pré­sente une affaire grave. Bien que la royau­té soit héré­di­taire, chaque chef doit méri­ter son rang par sa pru­dence au conseil et son cou­rage au com­bat. À la guerre, qui est encore conçue comme une série d’engagements indi­vi­duels, il paye de sa per­sonne, et, de retour chez lui, en son manoir ou dans son domaine, il ne croit pas déchoir en pre­nant part à l’apprêt d’un fes­tin ou aux tra­vaux des champs. »

Robert Fla­ce­lière
Intro­duc­tion aux poèmes homé­riques, 1955

Un merveilleux sommet, une crête étroite faite de fragments…

« Un mer­veilleux som­met, une crête étroite faite de frag­ments de grands volumes en série. Autour de nous, des falaises effrayantes per­dues dans le dense brouillard qui nous enve­loppe… Mais nous sommes enfin arri­vés… Arri­vés, pre­miers depuis que les dieux sont partis. »

Fré­dé­ric Boissonnas
Pho­to­graphe et pre­mier alpi­niste sur le som­met de l’Olympe, en com­pa­gnie de l’écrivain suisse Daniel Baud-Bovy et du ber­ger grec Chris­tos Kaka­los. Pre­mière ascen­sion réa­li­sée en 1913.

L’essentiel d’un destin que résuma aux Thermopyles…

« L’essentiel d’un des­tin que résu­ma aux Ther­mo­pyles l’épitaphe de Simo­nide : obéir à une loi. Il est admis en Grèce que Lacé­dé­mone repré­sente par excel­lence cette chose toute grecque, igno­rée du reste du monde orien­tal et qui fonde non seule­ment la cité, mais la science et la phi­lo­so­phie : le règne de la loi, et, plus encore, l’héroï­sa­tion de la loi. La loi oppose un être abs­trait, ration­nel et fixe à la domi­na­tion per­son­nelle et arbi­traire d’un homme. C’est ce que dans Héro­dote Déma­rate apprend à Xerxès : « La loi est pour eux un maître abso­lu ; ils la redoutent beau­coup plus que tes sujets ne te craignent. Ils obéissent à ses ordres, et ses ordres, tou­jours les mêmes, leur défendent la fuite. » Cette figure vivante de la loi qu’on aper­çoit au pied du Tay­gète donne à Sparte, dans l’hellénisme reli­gieux et calme du temps des guerres médiques, une pres­tige, une auto­ri­té, un pri­mat ana­logues à ceux que reçoivent Delphes de la Pythie, et Olym­pie de l’Altis. Être sou­mis à la loi c’est durer par elle, selon elle, et Sparte c’est la chose qui dure.
Thu­cy­dide attri­bue le secret de sa puis­sance à ce fait que depuis quatre cent ans elle est régie par la même consti­tu­tion. Repré­sen­tants de la loi les Spar­tiates sont pour­tant les enne­mis de la tyran­nie, et c’est en inter­ve­nant dans les villes contre les tyrans qu’ils s’habituent à inter­ve­nir dans les affaires des cités. Seuls d’ailleurs par­mi les Grecs ils ont conser­vé l’ancienne royau­té homé­rique, en la divi­sant pour lui enle­ver sa force d’agression inté­rieure et de tyran­nie. Toutes les magis­tra­tures, héré­di­taires ou col­lec­tives res­tant col­lé­giales, l’un réside vrai­ment dans la loi, et dans la loi seule. »

Albert Thi­bau­det
La cam­pagne avec Thu­cy­dide, 1922

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