« Ce qui constitue une république, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé. »
Louis Antoine de Saint-Just
Discours à l’Assemblée législative, 1793
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« Ce qui constitue une république, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé. »
Louis Antoine de Saint-Just
Discours à l’Assemblée législative, 1793
« Il est dans la nature de l’homme d’opprimer ceux qui cèdent et de respecter ceux qui résistent. »
Thucydide
Histoire de la guerre du Péloponnèse, 431 – 411 avant notre ère, trad. Jacqueline de Romilly, Robert Laffont éditeur, coll. Bouquins, 1990
« De nos jours, nous voyons souvent mentionner le courage ou l’audace avec lesquels certain rebelle s’en prendra à une tyrannie séculaire ou une superstition désuète. Ce n’est pas faire preuve de courage que de s’en prendre à des choses séculaires ou désuètes, pas plus que de provoquer sa grand-mère. L’homme réellement courageux est celui qui brave des tyrannies jeunes comme le matin ou des superstitions fraîches comme les premières fleurs. »
Gilbert Keith Chesterton
Le monde comme il ne va pas, 1910, trad. Marie-Odile Fortier-Masek, Éditions L’Âge d’Homme, 1994
« L’introduction des concepts de grossophobie, de validisme (qui serait un rejet des personnes handicapées ou non valides) ou encore de spécisme (qui dénonce la supériorité de l’homme sur l’animal) pourrait de prime abord faire sourire, mais ce serait oublier les ligues de vertu qui commencent déjà à vouloir faire reconnaître et sanctionner ces “racismes” sur le plan juridique. La “grossophobie” – mot entré au dictionnaire en mai 2018 – a d’ailleurs déjà fait l’objet d’une campagne officielle de sensibilisation par la Mairie de Paris. Au final, on remarque que le fétichisme de la non-discrimination est fortement empreint d’une sorte de marxisme culturel qui tend à analyser systématiquement les rapports humains ou sociaux en termes de dominants-dominés ou de bourreaux-victimes et qui soutient que l’Occident serait essentiellement défini par une structure patriarcale, homophobe, raciste et sexiste qu’il faudrait faire tomber urgemment. Toute différence considérée, à tort ou à raison, comme supérieure est dès lors “oppressante” et doit être gommée. Tout homme est désormais un “porc” en puissance, un Blanc est nécessairement un “colonisateur esclavagiste”, émettre un jugement de préférence esthétique sur la minceur d’une femme devient “grossophobe”, etc. La hiérarchie, l’élitisme ou encore la recherche du Beau et du Bien sont balayés par cette tyrannie de la faiblesse où la victime est glorifiée (on lui donne même la Légion d’honneur) et où le beau et le fort deviennent d’insupportables oppresseurs. »
Thibault Mercier
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?, Pierre-Guillaume de Roux éditeur, 2019
« À ce propos aussi Androlicas a laissé par écrit un mot que voulait dire Lysandre, par où il appert qu’il faisait bien peu de compte de se parjurer ; car il disait “qu’il fallait tromper les enfants avec des osselets, et les hommes avec les serments”, suivant en cela Polycrate, le tyran de Samos, mais non pas avec raison ; car lui était capitaine légitime et l’autre violent usurpateur de domination tyrannique ; et ce n’était point fait en vrai Laconien de se comporter envers les dieux ni plus ni moins qu’envers les ennemis, ou encore pirement et plus injurieusement ; car celui qui trompe son ennemi, moyennant la foi qu’il lui jure, donne à connaître qu’il le craint, mais qu’il ne se soucie point des dieux. »
Plutarque
Vies parallèles (in Vie de Lysandre), entre 100 et 120, trad. Anne-Marie Ozanam, éditions Gallimard, coll. Quarto, 2002
« Au fil des siècles, chez les peuples européens et dans chacune de leurs cultures particulières, les formes du pouvoir nobiliaire n’ont pas cessé de changer, et souvent de façon rapide, mais la fonction politique et morale de la noblesse, en Grèce, à Rome, en Germanie, dans l’Europe médiévale ou moderne, est restée identique pour l’essentiel. La noblesse n’est pas l’aristocratie ; il y a des aristocraties de la fortune et de l’argent. Elle n’est que partiellement dépendante de l’hérédité. Elle repose sur le mérite, et celui-ci doit toujours être confirmé. La noblesse se gagne et se perd. Elle vit sur l’idée que le devoir et l’honneur sont plus importants que le bonheur individuel. Ce qu’elle a en propre c’est son caractère public. Elle est faite pour diriger la chose publique, la res publica. Sa vocation n’est pas d’occuper le sommet de la société mais le sommet de l’État. Ce qui la distingue, ce ne sont pas les privilèges, mais le fait d’être sélectionnée pour commander. Elle gouverne, juge et mène au combat. La noblesse est associée à la vigueur des libertés publiques. Ses terres d’élection sont les libertés féodales et les monarchies aristocratiques ou constitutionnelles. Elle est impensable dans les grandes tyrannies orientales, Assur ou l’Égypte. En Europe même, elle s’étiole ou disparaît chaque fois que s’établit un pouvoir despotique, ce qu’est le centralisme étatique. Elle implique une personnalisation du pouvoir qui humanise celui-ci à l’inverse de la dictature anonyme des bureaux. »
Dominique Venner
Histoire et tradition des Européens, Éditions du Rocher, coll. Histoire, 2002
« Nous sommes entrés dans un monde où tout ce qui était solide et durable est devenu transitoire et insignifiant. Un monde de flux et de reflux, relevant d’une sorte de logique “maritime” et liquide. Les types humains qui prédominent sont ceux du narcissique immature, de l’arriviste forcené, de l’imposteur satisfait. Mélange d’intolérance sectaire et d’hédonisme de bas niveau sur fond d’idées fausses et d’hygiénisme puritain. La constante progression de l’inculture me désole également. L’inculture n’est certes pas nouvelle. Sans doute était-elle-même plus répandue dans le passé qu’elle ne l’est aujourd’hui, mais au moins ce n’étaient pas les incultes qui donnaient le ton. »
Alain de Benoist
Mémoire vive, entretiens avec François Bousquet, éditions de Fallois, 2012
« Quand des hommes combattent sur un plan supérieur, spirituel, ils intègrent la mort dans leur stratégie. Ils acquièrent quelque chose d’invulnérable ; la pensée que l’adversaire veut leur destruction physique n’est, par conséquent, plus effrayante pour eux. […] Il y a des moments dans l’histoire où des hommes saisissent la mort comme un bâton de commandement. Dans le procès des Templiers, par exemple, où le Grand Maître de l’Ordre montre soudainement le vrai rapport entre lui et les juges — ainsi un navire laisse tomber son camouflage et s’offre, avec ses pavillons et ses canons, au regard stupéfait. Le soir même, il fut brûlé vif, mais on posta des gardes, dès cette nuit, à l’endroit du bûcher pour empêcher le peuple d’y venir chercher des reliques. La poussière elle-même fait peur aux tyrans ; elle aussi doit disparaître. »
Ernst Jünger
Premier journal parisien (in Strahlungen), 1949, éditions Le Livre de poche, 1998
« Je n’ai pas cru que tes lois pussent l’emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux. »
Sophocle
Antigone, 441 av. notre ère
« L’essentiel d’un destin que résuma aux Thermopyles l’épitaphe de Simonide : obéir à une loi. Il est admis en Grèce que Lacédémone représente par excellence cette chose toute grecque, ignorée du reste du monde oriental et qui fonde non seulement la cité, mais la science et la philosophie : le règne de la loi, et, plus encore, l’héroïsation de la loi. La loi oppose un être abstrait, rationnel et fixe à la domination personnelle et arbitraire d’un homme. C’est ce que dans Hérodote Démarate apprend à Xerxès : « La loi est pour eux un maître absolu ; ils la redoutent beaucoup plus que tes sujets ne te craignent. Ils obéissent à ses ordres, et ses ordres, toujours les mêmes, leur défendent la fuite. » Cette figure vivante de la loi qu’on aperçoit au pied du Taygète donne à Sparte, dans l’hellénisme religieux et calme du temps des guerres médiques, une prestige, une autorité, un primat analogues à ceux que reçoivent Delphes de la Pythie, et Olympie de l’Altis. Être soumis à la loi c’est durer par elle, selon elle, et Sparte c’est la chose qui dure.
Thucydide attribue le secret de sa puissance à ce fait que depuis quatre cent ans elle est régie par la même constitution. Représentants de la loi les Spartiates sont pourtant les ennemis de la tyrannie, et c’est en intervenant dans les villes contre les tyrans qu’ils s’habituent à intervenir dans les affaires des cités. Seuls d’ailleurs parmi les Grecs ils ont conservé l’ancienne royauté homérique, en la divisant pour lui enlever sa force d’agression intérieure et de tyrannie. Toutes les magistratures, héréditaires ou collectives restant collégiales, l’un réside vraiment dans la loi, et dans la loi seule. »
Albert Thibaudet
La campagne avec Thucydide, 1922
« Car, qu’est-ce que la liberté ? C’est avoir la volonté de répondre de soi. C’est maintenir les distances qui nous séparent. C’est être indifférent aux chagrins, aux duretés, aux privations, à la vie même. C’est être prêt à sacrifier les hommes à sa cause, sans faire exception de soi-même. Liberté signifie que les instincts virils, les instincts joyeux de guerre et de victoire, prédominent sur tous les autres instincts, par exemple sur ceux du « bonheur ». L’homme devenu libre, combien plus encore l’esprit devenu libre, foule aux pieds cette sorte de bien-être méprisable dont rêvent les épiciers, les chrétiens, les vaches, les femmes, les Anglais et d’autres démocrates. L’homme libre est guerrier. — À quoi se mesure la liberté chez les individus comme chez les peuples ? À la résistance qu’il faut surmonter, à la peine qu’il en coûte pour arriver en haut. Le type le plus élevé de l’homme libre doit être cherché là, où constamment la plus forte résistance doit être vaincue : à cinq pas de la tyrannie, au seuil même du danger de la servitude. »
Friedrich Nietzsche
Crépuscule des idoles ou Comment on philosophe avec un marteau (Götzen-Dämmerung oder wie man mit dem Hammer philosophiert), 1888, trad. Patrick Wotling, éditions Garnier-Flammarion, 2005