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Citations sur l'esprit
Si un jour l’humanité revenait à des conditions plus normales…
« Si un jour l’humanité revenait à des conditions plus normales, peu de cultures lui sembleront aussi singulières que l’actuelle, dans laquelle on a couru après toute forme de pouvoir et de domination de la matière, négligeant cependant la domination de l’esprit, des émotions et de la vie psychique en général. C’est ainsi que beaucoup de nos contemporains – les soi-disant hommes d’action en première ligne – ressemblent à ces crustacés qui sont si durs et pleins d’excroissances scabreuses sur la carapace et si mous et invertébrés à l’intérieur. »
Julius Evola
La Doctrine de l’Éveil (La dotrina del Risveglio – Saggio sull’ascesi buddista), 2e édition, 1965
Les seuls édifices qui tiennent sont intérieurs…
« Les seuls édifices qui tiennent sont intérieurs. Les citadelles de l’esprit restent debout plus longtemps que les murailles de pierre. »
Hélie Denoix de Saint Marc
Les sentinelles du soir, éditions les arènes, 1999
L’aventure n’est morte que dans l’esprit de ceux…
« L’aventure n’est morte que dans l’esprit de ceux qui n’ont aventuré nulle part ni leur esprit ni leur corps. »
Sylvain Tesson
Carnets d’aventures, La Guilde européenne du raid, Presses de la Renaissance, 2007
L’esprit sait ressentir aussi ce que l’écrin des…
« […] L’esprit sait ressentir aussi ce que l’écrin des apparences enferme d’éternel. »
Ernst Jünger
Sur les falaises de marbre (Auf den Marmorklippen) 1939, trad. Henri Thomas, éditions Gallimard 1942, coll. L’Imaginaire, 2017
L’alpinisme nous permet de fonder un homme complet…
« Je poursuis un autre chemin, en altitude, ma mystique s’émerveille des vrais chefs d’œuvre et s’étonne de pouvoir regarder, entendre, sentir la nature. Vous avez laissé votre intelligence, ce tyran stupide, tirer un épais rideau devant vos yeux, vous ne pouvez donc pas voir que vous êtes entourés de vraies merveilles. Vous avez laissé cette compagne importune dire quelques mots futiles au sujet des mystères du monde, vous croyez donc en être arrivés à dominer tout mystère, vous croyez les avoir résolus scientifiquement, selon des lois et vous êtes fiers, espèces de fous, de ne plus vous étonner de rien. Vous ne pressentez même pas que vous possédez les clefs qui vous permettront de déchiffrer ces millions de runes, les plus fines impressions, les milliers de sentiments différents de votre cœur. Si vous vous entraînez à retrouver sans cesse ce pouvoir d’émerveillement, à obéir en vous aux impressions les plus légères et les plus nuancées, à amplifier les sons, comme si vous aviez un microphone, et à vous élever de l’obscurité à la lumière, — alors vous parviendrez à l’âme des choses et vous pourrez écouter la parole de Dieu. Mais tous les concepts généraux, tout le pauvre vocabulaire avec lequel l’intelligence humaine bornée croit appréhender l’inépuisable univers, vous devez les fouler au pied avec mépris. Chaque vision, chaque vue différente de la montagne, chaque petite plante, chaque coup d’aile du choucas, chaque regard humain, le silence sacré de ce lever de soleil sur le col du Mönch, vous devez les ressentir comme quelque chose d’unique, comme quelque chose qui n’a jamais existé auparavant, comme un miracle inouï, et vous laisser imprégner de leurs particularités. Alors votre vie ne sera plus qu’une chaîne de révélations et vous vous serez métamorphosés en enfants naïfs, en dieux grecs.
De nouveau un autre monde, attendu avec curiosité. Nous n’avons pas la surprise de découvrir des horizons lointains ; nous sommes au contraire à l’entrée du petit jardin enchanté de Laurin. […]
Voilà ce que j’ai trouvé pour la première fois dans la montagne et ce que je cherche désormais en connaissance de cause : l’unité infinie et l’harmonie des forces et des éléments de la nature, tout comme l’harmonie des forces, des pulsions, des sentiments de mon moi profond et l’harmonie de ces deux ensembles l’un envers l’autre. Pendant que notre civilisation acculturée disperse et désunit tout, c’est en montagne, dans cette vaste nature qui aspire au divin, que chaque individualité peut se fondre dans le cosmos. Ce n’est pas une petite harmonie superficielle, à trois sous. Les pics les plus bizarres, les précipices les plus affreux, les hurlements de la tempête, les avalanches destructrices se mêlent en une parfaite unité avec le plus doux des rayons de soleil, le plus léger voile de brume, l’insecte minuscule, la fleur qui brille en silence sur le rocher. […]
L’alpinisme nous permet de fonder un homme complet, il nous sort de l’arbitraire barbare pour nous élever vers une harmonie sœur de l’harmonie grecque. Pendant près de deux millénaires, le corps a été officiellement méprisé et assujetti comme un principe mauvais, la pensée monacale avait dissocié le corps et l’esprit. Nous qui voulons être à la pointe de la modernité, nous sommes revenus bien en deçà, nous sommes joyeux d’appartenir à la terre. Nous pouvons de nouveau, comme les Grecs ingénus, nous réjouir ouvertement de la beauté physique et de l’action impétueuse. »
Eugen Guido Lammer
Jungborn (Fontaine de Jouvence), 1922, trad. Anne-Laure Blanc (non éditée), selon l’édition Rother Verlag de 1935