« Si tu as besoin de chasser, ne blesse pas : tue. Si tu n’es pas sûr de tuer, garde ta flèche. »
René Barjavel
L’Enchanteur, éditions Denoël, 1984
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« Si tu as besoin de chasser, ne blesse pas : tue. Si tu n’es pas sûr de tuer, garde ta flèche. »
René Barjavel
L’Enchanteur, éditions Denoël, 1984
« C’est lourd, une épée, ça pèse 3 kg. Et, grâce au ciel et à la beauté, des hommes s’en servent encore pour tuer des taureaux. »
Jean Cau
Toros, éditions Denoël, 1973
« Pour notre part, nous regrettons l’épée ; avec l’usage de porter l’épée s’est en allée la vieille urbanité française ; on est toujours poli avec un interlocuteur qui peut vous entrer quelques pouces de fer dans le ventre si vos manières n’ont pas l’aménité convenable. L’abolition du duel achèvera de nous rendre le peuple le plus grossier de l’univers : tous les lâches, sûrs de l’impunité, vont devenir insolents. Et puis c’était réellement pour un jeune homme de cœur une amie sûre et fidèle qu’une épée de bon acier bien trempé et bien franc. L’homme gagnait à ce commerce intime avec le métal ; il en prenait les qualités rigides, la loyauté inviolable, le vif éclat, la netteté incisive, et cette union tacite était si bien comprise, que le plus grand éloge que l’on pût donner à quelqu’un, c’était de dire qu’il était brave comme son épée. Mais nous sommes dans une époque peu chevaleresque, et la prosaïque savate doit remplacer la jolie épée française, ce bijou aigu, cet éclair d’acier qui du moins brillait dans la nuit avant d’arriver à la poitrine d’un homme. »
Théophile Gautier
Le Maître de chausson, in La Peau de tigre, Michel Lévy frères, 1866
« [Richelieu] a interdit les duels. Il a fait une loi pour empêcher deux mâles adultes de se défier à coups d’épée, tu te rends compte ? L’homme occidental ne s’en est jamais remis. De là au congé paternité, ça s’est fait dans la foulée. »
Giuliano da Empoli
Le mage du Kremlin, éditions Gallimard, 2022
« Pour les alpinistes de très haut niveau, il s’agit de toujours aller là où les autres ne sont pas allés, ou de passer au même endroit, mais autrement ; toujours plus dur, toujours plus beau. »
Anne-Laure Blanc
Monts affreux, monts sublimes ? L’alpinisme, une école de vie, 6e colloque annuel de l’Institut Iliade, 19 septembre 2020
« Le simple jeu de l’imagination, cette faculté que nous avons de créer, par des mots, un monde irréel, et de l’imposer, ne serait-ce que fugitivement, à l’esprit d’autrui, c’est une sorte de sport, aussi satisfaisant, à sa manière, que celui qui consiste à feindre une petite guerre entre deux équipes dont chacune s’efforce de rejeter, dans le camp adverse, un ballon ovale ou un ballon rond. »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
« S’il était vrai que mon moi fût ma demeure, mon corps figurait en ce cas un verger à l’entour. Il m’était loisible soit de cultiver à plein ce verger, soit de le laisser envahir par la mauvaise herbe. Libre à moi de choisir, mais cette liberté n’allait pas de soi autant qu’on pourrait le croire. Bien des gens, à la vérité, vont jusqu’à baptiser “destinée” les vergers de leur demeure.
Un beau jour, il me vint à l’esprit de cultiver mon verger de toutes mes forces. À cette fin, j’utilisai le soleil et l’acier. »
Yukio Mishima
Le soleil et l’acier, 1968, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1973, éditions Gallimard, coll. Folio, 1993
« Le besoin où j’étais d’éduquer mon corps aurait pu être prévu dès l’instant où je ressentis l’attirance des données profondes de la surface. Je savais que la seule chose qui pouvait fortifier une telle idée c’était le muscle. Qui accorde la moindre attention à un théoricien d’éducation physique décrépit ? »
Yukio Mishima
Le soleil et l’acier, 1968, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1973, éditions Gallimard, coll. Folio, 1993
« Il faut reconnaître que la littérature romanesque et sentimentale, oscillant entre tragique et vaudeville, humour et sociologie, ainsi que la littérature idéologique, nationaliste, guerrière parfois, ont parfois obscurci les réalités de l’alpinisme, en en donnant une image biaisée. Non, l’Alpe n’est pas homicide. Non, on ne “déflore” pas un sommet “vierge”. Non, le rappel ne sert pas à monter mais à descendre. Non, grimper “à mains nues” ne veut pas dire “sans gants” mais “sans aide” – et n’est pas la traduction de by fair means. Oui, le Tartarin d’Alphonse Daudet posera toujours des questions absurdes à M. Dumollet, l’anti-héros de Samivel. »
Anne-Laure Blanc
Monts affreux, monts sublimes ? L’alpinisme, une école de vie, 6e colloque annuel de l’Institut Iliade, 19 septembre 2020
« Ils avançaient sans parler, tendus par l’effort, avares de leur souffle. Le silence presque solide qui les entourait les écrasait comme l’eau écrase le plongeur dans l’océan. Le sentiment de l’infini, la conscience d’affronter une force supérieure pesaient sur eux de tout leur poids. Telle une grappe piétinée qui exprime son suc, leur esprit se détachait peu à peu des fausses valeurs, des idoles de plâtre, des suffisances mesquines, et ils se percevaient tels qu’ils étaient réellement, avec leurs étroites limites, leur insignifiance, leur sagesse d’insectes, luttant de toutes leurs faibles forces pour ne pas être emportés comme des fétus de paille par la puissance aveugle des éléments. »
Jack London
Croc-Blanc (White Fang), 1906, trad. Philippe Sabathé, éditions Gallimard Jeunesse, coll. Folio Junior, 1997
« La mort demeure, quoi qu’il arrive, l’héroïne de la tragédie dont le matador est le héros et à qui elle délègue un ambassadeur extraordinaire, cet animal sacrifié, cet animal sacrifié d’avance, chargé de négocier leurs noces, noces les plus étranges et les plus obscures qui soient. »
Jean Cocteau
La corrida du 1er mai, Éditions Grasset, 1967