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Citations sur la violence
Il est fort probable que la violence durera aussi longtemps que l’homme…
« Il faut considérer comme sans fondement toutes les doctrines qui voient dans l’âge industriel ou économique le successeur pacifique de l’âge militaire, non seulement parce que l’ennemi politique ne se réduit pas au seul ennemi militaire, mais encore parce que la politique pénètre d’inimitié l’économie, la science, la morale et la technique aussi bien que les armées.
Il est fort probable que la violence durera aussi longtemps que l’homme ; elle est de tous les temps, encore qu’elle se montre plus virulente à certaines époques qu’à d’autres, quand l’idéologie lui prépare le terrain. De ce point de vue il est indiscutable que le socialisme révolutionnaire (Blanqui, Marx, Sorel, Lénine) a été, avant le fascisme, le propagateur de la violence dans le monde contemporain. Il est naïf de croire que le progrès de la civilisation pourrait substituer l’ère de la sérénité à celle de la violence. Au contraire, les nouveaux moyens que le progrès met à la disposition de l’homme, celui-ci les utilise non seulement au service de la guerre (nous le constatons tous les jours), mais de toutes les formes de la violence, révolutionnaire, psychologique, etc. Loin de décroître en intensité elle s’adapte sans cesse aux nouvelles conditions. Pour les mêmes raisons on ne saurait parler de peuples doux. Il se trouve seulement qu’à certaines époques de l’histoire la civilisation d’une collectivité parvient à limiter l’usage de la violence. »
Julien Freund
L’essence du politique, éditions Sirey, 1965
Deux qualités sont indispensables au Rebelle…
« Deux qualités sont indispensables au Rebelle. Il refuse de se laisser prescrire sa loi par les pouvoirs, qu’ils usent de la propagande ou de la violence. Et il est décidé à se défendre. »
Ernst Jünger
Traité du rebelle ou le recours aux forêts (Der Waldgang), 1951, trad. Henri Plard, Christian Bourgois éditeur, 1995
Ils avaient été des hommes qui connaissaient la peine…
« Mais en vérité, ils avaient été des hommes qui connaissaient la peine, les privations, la violence, la débauche — mais ne connaissaient point la peur et n’éprouvaient aucun élan de méchanceté en leur cœur. Des hommes difficiles à diriger, mais faciles à inspirer, des hommes sans voix — mais suffisamment virils pour mépriser dans leur cœur les voix sentimentales qui se lamentaient sur la dureté de leur destin. C’était un destin et c’était le leur ; cette capacité de le supporter leur semblait le privilège des élus ! Leur génération vivait muette et indispensable, sans connaître les douceurs de l’affection ou le refuge du foyer — et mourait libre de la sombre menace d’une tombe froide. Ils étaient les éternels enfants de la mer mystérieuse. Leurs successeurs sont les fils adultes d’une terre insatisfaite. Ils sont moins dépravés mais moins innocents ; moins irrévérencieux mais peut-être aussi moins croyants ; et s’ils ont appris à parler, ils ont aussi appris à gémir. »
Joseph Conrad
Le nègre du Narcisse, 1913, trad. Robert d’Humières, éditions Gallimard, coll. L’imaginaire, 2007
Georges Bataille estimait que la violence de la corrida…
« Georges Bataille estimait que la violence de la corrida, incarnée dans le jeu qu’entretient l’homme vivant avec sa propre mort et la bête qui est en lui, symbolisait la recherche de transcendance de l’homme. Il voyait dans la tauromachie la survivance d’un culte rendu par les légionnaires romains au dieu Mithra. D’autres théories existent. On sait par exemple que les Celtes avaient des jeux ritualisés assez proches, de même que la fresque du palais de Cnossos en Crète montre un jeune homme sautant par dessus un énorme taureau furieux. »
Gabriel Robin
« Les Traditions vivantes », intervention à la 7ème journée de réinformation de Polémia, Paris, 18 octobre 2014
Les législateurs doivent être de leur pays et de leur temps…
« On a souvent cité les plaisanteries que faisait, en 1796, Joseph de Maistre à propos des travaux de nos assemblées constituantes ; elles avaient voulu faire des lois “pour l’homme. Or, disait-il, il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu des Français, des Italiens, des Russes, etc. ; mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe, c’est bien à mon insu… Une constitution qui est faite pour toutes les nations, n’est faite pour aucune : c’est une pure abstraction, une œuvre scolastique faite pour exercer l’esprit d’après une hypothèse idéale et qu’il faut adresser à l’homme, dans les espaces imaginaires où il habite. Qu’est-ce qu’une constitution ? N’est-ce pas la, solution du problème suivant ? Étant données la population, la religion, la situation géographique, les relations politiques, les richesses, les bonnes et les mauvaises qualités de chaque nation, trouver les lois qui lui conviennent ?”.
Les formules du trop spirituel écrivain reviennent à dire que les législateurs doivent être de leur pays et de leur temps ; il ne semble pas d’ailleurs que les hommes de la Révolution aient oublié cette vérité autant que le dit Joseph de Maistre ; on a souvent remarqué que dans les cas mêmes où ils affichaient la prétention de raisonner sur l’homme anhistorique, ils avaient, d’ordinaire, travaillé à satisfaire les besoins, les aspirations ou les rancunes des classes moyennes contemporaines ; tant de règles relatives au droit civil ou à l’administration n’auraient pas survécu à la Révolution si leurs auteurs eussent toujours navigué dans des espaces imaginaires, à la recherche de l’homme absolu. »
Georges Sorel
Réflexions sur la violence, 1908, éditions du Trident, 1987
L’homme se distingue des autres animaux…
« L’homme se distingue des autres animaux surtout en ceci : il est le seul qui maltraite sa femelle, méfait dont ni les loups ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication. »
Jack London
Les Vagabonds du rail (The road), 1907, trad. Louis Postif, éditions Phébus, coll. Libretto, 2001
On ne fait pas la révolution avec des mouchoirs…
« On ne fait pas la révolution avec des mouchoirs ou des ballons. Ni avec des gens sages d’ailleurs. L’odeur de la révolution, c’est celle de la poudre. »
Erik L’Homme
Déchirer les ombres, éditions Calmann-Lévy, 2018
Au beau milieu d’une civilisation soi-disant raffinée…
« Au beau milieu d’une civilisation soi-disant raffinée, au point de passer pour décadente, une génération retrouve tout à coup le culte primitif du saccage, les convulsions des danses profanes, l’amour du bruit et du sang, une espèce d’héroïsme barbare. »
Jean-René Huguenin
« Une autre jeunesse », magazine Réalités, 1961, réédition dans Jean-René Huguenin en collection Bouquins, 2022
Un demi-siècle après la fin de la Seconde Guerre mondiale…
« Un demi-siècle après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Européens de l’Ouest, les Américains du Nord et quelques autres privilégiés, ici et là dans le monde, vivent provisoirement comme abrités dans une bulle de bien-être, tandis qu’alentour le reste de l’univers est soumis à la violence, à la précarité, à la faim… Durant leur longue existence nationale, les Français ont souvent bénéficié de cette sorte de “bulle” protectrice. Leur position géographique, à l’extrémité occidentale de la péninsule eurasiatique, a joué en leur faveur comme la mer pour les Anglais ou l’Océan pour les Euro-Américains depuis le XVIIe siècle. Après les conquêtes vikings, la France n’a plus connu la menace d’une invasion, ce qui est bien autre chose qu’une guerre dynastique, un conflit de bornage frontalier ou une petite guerre autour d’une ville qu’on se dispute entre voisins. Pendant plus de mille ans, les vraies frontières de la France furent défendues par d’autres sur l’Ebre, l’Oder ou le Danube. La France n’avait pas à se soucier de monter la garde face au « désert des Tartares ». Ses rois avaient la latitude d’adresser des sourires au Sultan dans le dos des chevaliers polonais ou autrichiens qui tenaient la menace ottomane éloignée de Paris. Loin des Sarrasins, des Mongols ou des Turcs, dans leur jardin abrité et soigneusement dessiné, les Français purent cultiver à loisir cet art de vivre unique en son genre, délicat, aimable et froid, ces jeux de l’esprit ordonnés autour du scepticisme, de l’ironie et de la raison, dont ils se sont tant fait gloire. »
Dominique Venner
Le Cœur rebelle, Les Belles Lettres, 1994, réédition Pierre-Guillaume de Roux, 2014
Le sublime est mort dans la bourgeoisie…
« Le sublime est mort dans la bourgeoisie et celle-ci est donc condamnée à ne plus avoir de morale. »
Georges Sorel
Réflexions sur la violence, 1908, éditions du Trident, 1987
Aucune action violente n’est possible si…
« Aucune action violente n’est possible si elle n’est précédée d’une intense campagne d’explication. Les esprits doivent être déjà gagnés à la cause, sans même s’en rendre compte, quand surgit, au grand jour, l’opportunité. »
Jean Mabire
Patrick Pearse, une vie pour l’Irlande, éditions Terre et Peuple, 1998
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