« Il est plus de merveilles en ce monde que n’en peuvent contenir tous nos rêves. »
William Shakespeare
Hamlet (The Tragical History of Hamlet, Prince of Denmark), 1601
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« Il est plus de merveilles en ce monde que n’en peuvent contenir tous nos rêves. »
William Shakespeare
Hamlet (The Tragical History of Hamlet, Prince of Denmark), 1601
« La ruée des peuples vers le laid fut le principal phénomène de la mondialisation. Pour s’en convaincre il suffit de circuler dans une ville chinoise, d’observer les nouveaux codes de La Poste française ou la tenue des touristes. Le mauvais goût est le dénominateur commun de l’humanité. »
Sylvain Tesson
Dans les forêts de Sibérie, éditions Gallimard, 2011
« Le mystère de l’Histoire est un mystère aristocratique. Il s’accomplit par la minorité. Celle-ci porte l’esprit de l’universel, lequel est un esprit aristocratique. L’esprit de la majorité, celui de la démocratie est provincial et particulariste. Dans l’Histoire, ce sont les minorités et l’aristocratie qui dirigent. Se rebeller contre leur direction, c’est porter atteinte aux mystères de l’Histoire. Vous ne réussirez pas à détruire la dissemblance ontologique des âmes, à effacer la différence entre les intelligents et les sots, les doués et les incapables, les nobles et les vils, les beaux et les informes, ceux qui ont la grâce et ceux qui ne la portent pas. »
Nicolas Berdiaev
De l’inégalité, Éditions L’Âge d’homme, 2008
« Les yeux, les oreilles et les lèvres doivent se fermer devant toutes les petites mesquineries, laideurs et misères, et l’âme tout entière doit se consacrer aux moments, aux choses et aux personnes qui nous révèlent le beau : voilà tout l’art de la vie. »
Walter Flex
Le pèlerin entre deux mondes (Der Wanderer zwischen beiden Welten), 1916, trad. Philippe Marcq, éditions ACE, 2020
« Renée de Vincay avait toujours bénéficié d’une réputation d’intelligence. Cette réputation venait de ce qu’elle se mêlait aux conversations des hommes et non sans insolence. N’importe quoi, débité avec assurance prenait un petit air de vérité dans la bouche d’une très jeune femme, très décolletée. Moins jeune et non moins décolletée, l’esprit n’était plus le même. Heureusement pour Renée, l’habitude crée l’assurance, et bien qu’elle n’eût plus une coquetterie directe à l’égard des mâles, elle conservait l’aplomb de sa vingtième année pour présenter ses meilleures inepties. »
Roger Nimier
Les enfants tristes, 1951, éditions Gallimard, coll. Folio, 1983
« Je ne pense pas que je puisse apprendre quelque chose aux gens de mon île. Mais ce matin, quand le soleil de l’an nouveau se lève, je sais qu’il va éclairer, avant mon île, tout un continent, là-bas vers l’est, qui émerge du sommeil et de la si longue nuit.
Immense et rouge, le soleil illumine une année nouvelle. Les rochers sont comme des aiguilles sombres. Des paillettes jaune pâle scintillent sur la mer. Mon île, mon pays, mon peuple, mes amis saluent le soleil.
Et lentement, tu surgis du sommeil. J’ai veillé sur toi pendant toute cette nuit, ô mon Europe aux longs cheveux d’or dénoués sur mon épaule. Ouvre les yeux, vois, nous allons partir ensemble, pour une île immense, hérissée de cathédrales et de stades. Nous naviguerons du Cap Nord au détroit de Gibraltar, de la mer d’Irlande au golfe de Corinthe. Nous découvrirons les Shetlands et les Cyclades, les Baléares et les Lofoten, îles innombrables de ta couronne, merveilleux royaume de ta beauté et de ta puissance, sous le grand tournant du soleil.
Viens, c’est une année nouvelle. »
Jean Mabire
L’Esprit public, 1963
« C’était l’hiver. Il y était allé en voiture. Qui ne connaît pas la campagne l’hiver ne connaît pas la campagne, et ne connaît pas la vie. Traversant les vastes étendues dépouillées, les villages tapis, l’homme des villes est brusquement mis en face de l’austère réalité contre laquelle les villes sont construites et fermées. Le dur revers des saisons lui est révélé, le moment sombre et pénible des métamorphoses, la condition funèbre des renaissances. Alors, il voit que la vie se nourrit de la mort, que la jeunesse sort de la méditation la plus froide et la plus désespérée et que la beauté est le produit de la claustration et de la patience. »
Pierre Drieu la Rochelle
Gilles, éditions Gallimard, 1939
« Or, quel que soit le nom que nous lui donnions, ce n’est pas la seule dénonciation de la laideur qui fera éclore la beauté. Que faut-il donc pour que le beau, le sublime, le sacré remplisse l’air ambiant du monde ? Que faut-il pour que, l’air que nous respirons soit embaumé d’éclat et de mystère, de dévoilement et d’émerveillement ? Que faut-il, en un mot, pour que le beau occupe la place, au centre du monde, qui est la sienne ?
Que faut-il ?… Il faut, tout d’abord, que des créateurs surgissent, évidemment. En très grand nombre et de façon nullement marginale. Il nous faut des créateurs capables non seulement de créer de grandes œuvres, mais d’incarner à travers elles tout un nouveau, tout un grand élan. Des créateurs dont les œuvres reçoivent dans le monde et dans le cœur des hommes l’accueil que la beauté devra arracher aux objets et à l’argent des marchands. »
Javier Portella
La dissidence par la beauté, allocution au deuxième colloque de l’Institut Iliade, Paris, Maison de la Chimie, 25 avril 2015
« Le beau… qu’est-il donc ? Le beau n’est rien d’autre, disait Goethe, que « le saisissement devant le sacré ». Le saisissement donc devant quelque chose qui a trait avec le divin, mais qui ne se confond pas avec lui. Le saisissement devant quelque chose d’insaisissable… et qui par là même nous saisit, nous ébranle, nous ravit (dans tous les sens du mot). »
Javier Portella
La dissidence par la beauté, allocution au deuxième colloque de l’Institut Iliade, Paris, Maison de la Chimie, 25 avril 2015
« L’harmonie invisible vaut mieux que celle qui est visible. »
Héraclite
Fragments, 54, 576 – 480 av. notre ère, trad. Jean-François Pradeau, éditions Garnier-Flammarion, 2018
« Pourquoi la civilisation européenne, qui est le lieu par excellence de la haute culture, de l’évolution et de la beauté, se renie-t-elle à ce point, craint de faire état de volonté de puissance et fait manifestement tout pour se suicider ? C’est un nihilisme profond qui est à l’œuvre ; un nihilisme entendu comme une maladie de l’esprit que les civilisations fatiguées, et trop coupées du naturel, attrapent. […] En termes de réponse et pour résumer brièvement, je crois qu’il faut se débarrasser de la moraline qui est son symptôme purulent, revenir au droit naturel, assainir nos modes de vie, et trouver de nouveaux défis civilisationnels exigeants. »
Julien Rochedy
Entretien à Valeurs Actuelles, 19 décembre 2019