« Renée de Vincay avait toujours bénéficié d’une réputation d’intelligence. Cette réputation venait de ce qu’elle se mêlait aux conversations des hommes et non sans insolence. N’importe quoi, débité avec assurance prenait un petit air de vérité dans la bouche d’une très jeune femme, très décolletée. Moins jeune et non moins décolletée, l’esprit n’était plus le même. Heureusement pour Renée, l’habitude crée l’assurance, et bien qu’elle n’eût plus une coquetterie directe à l’égard des mâles, elle conservait l’aplomb de sa vingtième année pour présenter ses meilleures inepties. »
Roger Nimier
Les enfants tristes, 1951, éditions Gallimard, coll. Folio, 1983