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Citations sur le déracinement

Vieux bureaucrate, mon camarade ici présent…

« Vieux bureau­crate, mon cama­rade ici pré­sent, nul jamais ne t’a fait éva­der et tu n’en es point res­pon­sable. Tu as construit ta paix à force d’a­veu­gler de ciment, comme le font les ter­mites, toutes les échap­pées vers la lumière. Tu t’es rou­lé en boule dans ta sécu­ri­té bour­geoise, tes rou­tines, les rites étouf­fants de ta vie pro­vin­ciale, tu as éle­vé cet humble rem­part contre les vents et les marées et les étoiles. Tu ne veux point t’in­quié­ter des grands pro­blèmes, tu as eu bien assez de mal à oublier ta condi­tion d’homme. Tu n’es point l’ha­bi­tant d’une pla­nète errante, tu ne te poses point de ques­tions sans réponse : tu es un petit bour­geois de Tou­louse. Nul ne t’a sai­si par les épaules quand il était temps encore. Main­te­nant, la glaise dont tu es for­mé a séché, et s’est dur­cie, et nul en toi ne sau­rait désor­mais réveiller le musi­cien endor­mi ou le poète, ou l’as­tro­nome qui peut-être t’ha­bi­tait d’abord. »

Antoine de Saint-Exupéry
Terre des hommes, édi­tions Gal­li­mard, 1939

Un nouveau dogme s’institue : tout doit fluctuer…

« Un nou­veau dogme s’institue : tout doit fluc­tuer, se mêler sans répit, sans entraves, donc sans fron­tières. Dieu est mou­ve­ment. Cir­cu­ler est bon. Demeu­rer est mal. Plus rien ne doit se pré­tendre de quelque part puisque tout peut être de par­tout. Qui s’opposera intel­lec­tuel­le­ment à la reli­gion du flux est un chien. »

Syl­vain Tesson
Que ferons-nous de cette épreuve ?, entre­tien au Figa­ro, par Vincent Tre­mo­let de Vil­lers, 20 mars 2020

Plus on est grisé, plus on est conquis par la séduction de ce voyage…

« Plus on est gri­sé, plus on est conquis par la séduc­tion de ce voyage dans une forêt d’œuvres d’art, plus on se sent aus­si enva­hi par un bizarre sen­ti­ment de malaise qui se mêle bien­tôt à la joie de voir. Il pro­vient de l’étonnant contraste de la foule moderne si banale, si igno­rante de ce qu’elle regarde avec les lieux qu’elle habite. On sent que l’âme déli­cate, hau­taine et raf­fi­née du vieux peuple dis­pa­ru qui cou­vrit ce sol de chefs‑d’œuvre, n’agite plus les têtes à cha­peaux ronds cou­leur cho­co­lat, n’anime point les yeux indif­fé­rents, n’exalte plus les dési­rs vul­gaires de cette popu­la­tion sans rêves. »

Guy de Maupassant
La Côte ita­lienne, 1890, in Au soleil sui­vi de La Vie errante et autres voyages, édi­tions Gal­li­mard, coll. Folio, 2015

Le naufrage de notre système éducatif…

« Le nau­frage de notre sys­tème édu­ca­tif, dont tout le monde recon­nais­sait naguère l’excellence, pré­pare l’avènement de géné­ra­tions de zom­bies amné­siques, rele­vant des deux espèces de l’homo oeco­no­mi­cus et de l’homo fes­ti­vus, inca­pables d’interpréter le monde et la socié­té dans laquelle ils vivront. »

Phi­lippe Conrad
Intro­duc­tion à Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité euro­péenne, Phi­lippe Conrad dir., édi­tion Ins­ti­tut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018

Il n’y a pas de volonté d’assimiler des peuples à notre culture…

« Vincent Peillon, ancien ministre de l’Éducation natio­nale, esti­mait qu’il était du rôle de l’école d’ arra­cher les enfants à tous les déter­mi­nismes sociaux et cultu­rels”. Par cette décla­ra­tion il sou­hai­tait pro­mou­voir l’idée d’une socié­té post-tra­di­tion­nelle, en par­tie parce que lui, et ceux qui l’ont pré­cé­dé, n’ont pas su régler le pro­blème d’une socié­té fran­çaise qui voit coha­bi­ter une mul­ti­pli­ci­té de tra­di­tions cultu­relles et reli­gieuses (aux racines par­fois fort éloi­gnées) depuis désor­mais qua­rante ans. Le grand effa­ce­ment de notre culture tra­di­tion­nelle doit faci­li­ter l’intégration de plu­sieurs peuples à qui l’on deman­de­ra plus tard le même effort. Le vivre-ensemble” à la manière post-moderne est d’abord un vivre avec”, puis un revivre” sous une autre forme fon­ciè­re­ment dif­fé­rente de celle qui fut aupa­ra­vant ; il n’y a pas de volon­té d’assimiler des peuples à notre culture mais bien plu­tôt le pro­jet de tous nous assi­mi­ler, à marche for­cée, à une vision du monde par­tiel­le­ment incon­nue fon­dée sur une uto­pie concep­tuelle dont on ne peut mesu­rer les consé­quences. Il faut se poser une ques­tion se situant au-delà de la pas­sion que pour­rait géné­rer un tel débat : ce pro­jet est-il réa­li­sable et, le cas échéant, est-il sou­hai­table ? Non. »

Gabriel Robin
« Les Tra­di­tions vivantes », inter­ven­tion à la 7ème jour­née de réin­for­ma­tion de Polé­mia, Paris, 18 octobre 2014

Les catastrophes éprouvent à quelle profondeur hommes et peuples demeurent enracinés…

« Les catas­trophes éprouvent à quelle pro­fon­deur hommes et peuples demeurent enra­ci­nés dans leurs ori­gines. Qu’une racine, du moins, puisent direc­te­ment au sol nour­ri­cier – la san­té et les chances de sur­vie en dépendent, alors même que la civi­li­sa­tion et ses assu­rances ont disparu. »

Ernst Jün­ger
Trai­té du rebelle ou le recours aux forêts (Der Wald­gang), 1951, trad. Hen­ri Plard, Chris­tian Bour­gois édi­teur, 1995

Qui était sorti vainqueur de cette fausse guerre ? Les États-Unis, bien entendu…

« Qui était sor­ti vain­queur de cette fausse guerre [la guerre froide, NDLR] ? Les États-Unis, bien enten­du, et l’économie de mar­ché. Mais aus­si la reli­gion de l’Humanité, une, uni­forme et uni­ver­selle. Une reli­gion com­mune aux deux adver­saires de la veille. Et ce n’était pas leur seule affi­ni­té. Que vou­laient les com­mu­nistes d’autrefois ? Ils vou­laient la mise en com­mun des richesses de l’humanité et une ges­tion ration­nelle assu­rant à tous abon­dance et paix. Ils vou­laient aus­si la créa­tion d’un homme nou­veau, capable de dési­rer ces bien­faits, un homme ration­nel et uni­ver­sel, déli­vré de toutes ces entraves que sont des racines, une nature et une culture. Ils vou­laient enfin assou­vir leur haine des hommes concrets, por­teurs de dif­fé­rences, leur haine éga­le­ment de la vieille Europe, mul­tiple et tra­gique. Et l’Occident amé­ri­cain, que veut-il ? Eh bien, la même chose. La dif­fé­rence porte sur les méthodes. Récu­sant la pla­ni­fi­ca­tion par la contrainte, le sys­tème amé­ri­cain voit dans le mar­ché le fac­teur prin­ci­pal de la ratio­na­li­té et des changements. […]
Le com­mu­nisme de mar­ché, autre nom du mon­dia­lisme, ne par­tage pas seule­ment avec son ex-frère enne­mi sovié­tique la vision radieuse du but final. Pour chan­ger le monde, lui aus­si doit chan­ger l’homme, fabri­quer l’homo œco­no­mi­cus de l’avenir, le zom­bi, l’homme du nihi­lisme, vidé de son conte­nu, pos­sé­dé par l’esprit du mar­ché et de l’Humanité uni­ver­selle. Le zom­bi se mul­ti­plie sous nos yeux. Il est heu­reux puisque l’esprit du mar­ché lui souffle que le bon­heur consiste à satis­faire tous ses dési­rs”. Et ses dési­rs étant ceux du mar­ché ne sont sus­ci­tés que pour être satisfaits. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

L’État a toujours été l’acteur acharné du déracinement des Français…

« [C]’est l’État fran­çais qui, par sa poli­tique, ses lois, ses tri­bu­naux, a orga­ni­sé le « grand rem­pla­ce­ment » des popu­la­tions, nous impo­sant la pré­fé­rence immi­grée et isla­mique avec 8 mil­lions d’Arabo-musulmans (en atten­dant les autres) por­teurs d’une autre his­toire, d’une autre civi­li­sa­tion et d’un autre ave­nir (la cha­ria) […] L’État a tou­jours été l’acteur achar­né du déra­ci­ne­ment des Fran­çais et de leur trans­for­ma­tion en Hexa­go­naux inter­chan­geables. Il a tou­jours été l’acteur des rup­tures dans la tra­di­tion natio­nale. Voyez la fête du 14 juillet : elle célèbre une répu­gnante émeute et non un sou­ve­nir gran­diose d’unité. Voyez le ridi­cule emblème de la Répu­blique fran­çaise : une Marianne de plâtre coif­fée d’un bon­net révo­lu­tion­naire. Voyez les affreux logos qui ont été impo­sés pour rem­pla­cer les armoi­ries des régions tra­di­tion­nelles. Sou­ve­nez-vous qu’en 1962, l’État a uti­li­sé toute sa force contre les Fran­çais d’Algérie aban­don­nés à leur malheur. »

Domi­nique Venner
« Lettre sur l’identité à mes amis sou­ve­rai­nistes », www.dominiquevenner.fr, 26 juin 2012

Éviter que nos enfants aient un jour les dents gâtées par les raisins verts de l’oubli…

« C’est la der­nière res­pon­sa­bi­li­té qui nous incombe : évi­ter que nos enfants aient un jour les dents gâtées par les rai­sins verts de l’oubli. Écrire et racon­ter, inlas­sa­ble­ment, non pour juger mais pour expli­quer. Ouvrir la porte à ceux qui cherchent une trace du pas­sé et qui refusent le silence, repi­quer chaque matin le riz de nos sou­ve­nirs. »

Hélie Denoix de Saint Marc
Les sen­ti­nelles du soir, édi­tions les arènes, 1999

Aujourd’hui, quand on rencontre quelqu’un, juste après la poignée de main…

« Aujourd’hui, quand on ren­contre quelqu’un, juste après la poi­gnée de main et un regard fur­tif, on note les noms de sites et de blogs. La séance devant les écrans a rem­pla­cé la conver­sa­tion. Après la ren­contre, on ne conser­ve­ra pas le sou­ve­nir des visages ou des timbres de voix mais on aura des cartes avec des numé­ros. La socié­té humaine a réus­si son rêve : se frot­ter les antennes à l’image des four­mis. Un jour, on se conten­te­ra de se renifler. »

Syl­vain Tesson
Dans les forêts de Sibé­rie, édi­tions Gal­li­mard, 2011

La collectivité a ses racines dans le passé…

« […] La col­lec­ti­vi­té a ses racines dans le pas­sé. Elle consti­tue l’unique organe de conser­va­tion pour les tré­sors spi­ri­tuels amas­sés par les morts, l’unique organe de trans­mis­sion par l’intermédiaire duquel les morts puissent par­ler aux vivants. Et l’unique chose ter­restre qui ait un lien direct avec la des­ti­née éter­nelle de l’homme, c’est le rayon­ne­ment de ceux qui ont su prendre une conscience com­plète de cette des­ti­née, trans­mis de géné­ra­tion en génération. »

Simone Weil
L’enracinement, 1943, édi­tions Gal­li­mard, 1949

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