« L’artiste ne doit pas se marier : ni avec une femme, ni avec une église, ni avec un parti. »
Pierre Gripari
Reflets et réflexes, éditions L’Âge d’Homme, 1983
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« L’artiste ne doit pas se marier : ni avec une femme, ni avec une église, ni avec un parti. »
Pierre Gripari
Reflets et réflexes, éditions L’Âge d’Homme, 1983
« Toute terre, en vérité, est un ensemble où la nature et l’histoire collaborent. Le spectateur d’un paysage est aussi l’héritier d’un passé. Des hommes avant lui ont œuvré pour que tel endroit soit ce qu’il est. Il y a toujours à respecter, à maintenir, à poursuivre et, s’il le faut, à défendre. Quand Barrès écrivait sur Sion et Sainte-Odile, il songeait surtout à l’héritage politique et historique : maintenir la présence française face à l’Allemagne, respecter la romanité comme créatrice de civilisation. Il ne pouvait encore s’agir pour lui de veiller à la préservation d’un héritage naturel qui n’était pas encore menacé. L’écologie est dans cette logique : défendre une nature dont on a hérité et qui a apporté ses preuves et donné ses bénéfices, une nature dont on est redevable. Défendre en somme le capital naturel comme on défend le patrimoine historique et culturel et comme on maintient vivante la mémoire historique. À ce rapport-là à la terre, à cette écologie, Barrès n’aurait pas été étranger de nos jours. »
Yves Chiron
Barrès et la terre, éditions Sang de la terre, Paris 1987
« Or ce qui est éprouvé en Europe depuis la renaissance des lettres, c’est que les années de la première jeunesse étaient consacrées à l’étude des auteurs grecs et latins ; car pour sentir et pour imiter ensuite le beau, il faut, dans la littérature comme dans les arts, consulter l’antique, et cette étude n’apprend pas seulement à bien parler, mais à bien penser, parce qu’en lisant les anciens on n’apprend pas seulement ce qu’il y a de plus éloquemment écrit, mais ce qu’il y a de plus sagement pensé ».
Joseph de Maistre
Quatre chapitres sur la Russie, Œuvres Complètes, tome VIII, Vitte et Perrussel, 1884
« Jadis, les écrivains s’efforçaient d’arracher les gens à leur réalité, pour les mener dans un monde fictif. Aujourd’hui, ils doivent faire exactement le contraire. »
Laurent Obertone
La France Big Brother, éditions Ring, coll. Documents, 2015
« Il y a des œuvres illustres qui donnent une idée incomplète, parfois même une idée tout à fait fausse, de l’écrivain qui les a faites. C’est même plus fréquent qu’on ne croit, car le public aime “les images de marque” et ne se fatigue pas à aller au-delà. »
Maurice Bardèche
Introduction de « Madame Bovary », Librairie Générale Française, 1972, coll. Le Livre de Poche, 1978
« L’égalitarisme est arrivé au bout de son impossible pari. À cet égard, Dada et le Surréalisme furent des annonces prophétiques. Il s’agissait de détruire l’ordre du discours et de la prosodie ; les mots, jusque-là esclaves, proclamaient leur indépendance. Tous égaux ! Dans un chapeau ! Ou bien l’écriture dite “automatique”, c’est-à-dire l’absence de contrôle, de freins et de direction. Tous poètes ! »
Jean Cau
Les écuries de l’Occident. Traité de morale, éditions de La Table Ronde, 1973
« Les gens qui jugent un écrivain sur ses sentiments religieux, ou sur la couleur de son bulletin de vote, sont des gens qui ne savent pas ce que c’est que lire. »
Pierre Gripari
Reflets et réflexes, éditions L’Âge d’Homme, 1983
« Le nom de Céline appartient à la littérature, c’est à dire à l’histoire de la liberté. Parvenir à l’en expulser afin de le confondre tout entier avec l’histoire de l’antisémitisme, et ne plus le rendre inoubliable que par-là, c’est le travail particulier de notre époque, tant il est vrai que celle-ci, désormais, veut ignorer que l’Histoire était cette somme d’erreurs considérables qui s’appelle la vie, et se bercer de l’illusion que l’on peut supprimer l’erreur sans supprimer la vie. Et, en fin de compte, ce n’est pas seulement Céline qui sera liquidé, mais aussi, de proche en proche, toute la littérature, et jusqu’au souvenir même de la liberté. »
Philippe Muray
Céline, éditions Gallimard, coll. Tel, 2001
« Je lis beaucoup de Léon Bloy, plusieurs fois par jour, car cette lecture m’apporte des éléments de réconfort. J’ai aussi le sentiment que cette prédilection étonne les Français avec qui je parle, et les porte à l’étude renouvelée de cet auteur. Je rembourse peut-être ainsi, bien modestement, ce que je reçois de lui. À mon avis, Bloy n’est pas encore un classique, mais il le sera un jour, alors même que d’autres, tel Barrès, auront cessé de l’être. »
Ernst Jünger
Lettre à Carl Schmitt le 8 mars 1943 in Ernst Jünger, Carl Schmitt, Correspondance 1930 – 1983, trad. François Poncet, éditions Krisis et Pierre-Guillaume De Roux, 2020
« On ne dira jamais assez ce que la littérature, les arts, le savoir ont dû à l’hospitalité des grands seigneurs français et à l’exemple qu’ils ont donné à l’Europe. On ne dira jamais assez non plus ce qu’ils ont appris aux écrivains, leur sens du style. Eux-mêmes ont été souvent des écrivains supérieurs. La Rochefoucauld, Saint-Simon, le prince de Ligne, la marquise du Deffand. Cela compense peut-être leur naïveté politique. »
Marc Fumaroli
Notre art de vivre est né du mariage des lettres et de l’épée, entretien. Propos recueillis par Patrick Jansen, Enquête sur l’histoire n°24, décembre 1997 – janvier 1998
« Le simple jeu de l’imagination, cette faculté que nous avons de créer, par des mots, un monde irréel, et de l’imposer, ne serait-ce que fugitivement, à l’esprit d’autrui, c’est une sorte de sport, aussi satisfaisant, à sa manière, que celui qui consiste à feindre une petite guerre entre deux équipes dont chacune s’efforce de rejeter, dans le camp adverse, un ballon ovale ou un ballon rond. »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
« (…) Je conclus que si le pouvoir corrosif des mots avait quelque fonction créatrice, c’est dans la beauté formelle de ce « corps idéal » qu’il devait trouver un modèle, et que l’idéal, dans les arts du verbe, devait reposer uniquement sur l’imitation de cette beauté physique, en d’autres termes, sur la poursuite d’une beauté exempte absolument de toute corrosion. »
Yukio Mishima
Le soleil et l’acier, 1968, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1973, éditions Gallimard, coll. Folio, 1993