« La découverte de l’Amérique fut le commencement de la mort de l’art. »
Oscar Wilde
Dans la conversation, s.d., in La jeunesse est un art. Épigrammes choisies et traduites par Léo Lack, éd. Jean Jacques Pauvert, 1974
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« La découverte de l’Amérique fut le commencement de la mort de l’art. »
Oscar Wilde
Dans la conversation, s.d., in La jeunesse est un art. Épigrammes choisies et traduites par Léo Lack, éd. Jean Jacques Pauvert, 1974
« Ils sortaient de soixante-dix ans de joug soviétique. Ils avaient subi dix années d’anarchie eltsinienne. Aujourd’hui, ils se revanchaient du siècle rouge, revenaient à grands pas sur l’échiquier mondial. Ils disaient des choses que nous jugions affreuses : ils étaient fiers de leur histoire, ils se sentaient pousser des idées patriotiques, ils plébiscitaient leur président, souhaitaient résister à l’hégémonie de l’OTAN et opposaient l’idée de l’eurasisme aux effets très sensibles de l’euro-atlantisme. En outre, ils ne pensaient pas que les États-Unis avaient vocation à s’impatroniser dans les marches de l’ex-URSS. Pouah ! Ils étaient devenus infréquentables. »
Sylvain Tesson
Berezina, éditions Guérin, 2015
« Dans les Andes, on ne compte pas quatre éléments, mais cinq : l’air diaphane, l’eau insondable des lacs, le feu des volcans, la terre qui tremble, et le silence. Un silence de sépulcre, d’ordre divin, que seule trouble la voix des esprits en soulevant des trombes de poussière qui emportent l’âme des humains : le vent. L’homme écoute le vent, dans les Andes, comme la voix de son créateur. Confondu dans sa petitesse, relégué à l’état d’épisode, conscient de son impuissance, il s’est cherché des alliés dans l’au-delà. Soleil, lune, lacs, montagnes, cascades, rivières, rocs et vents, glaciers, et toutes les forces de la nature, tout est déifié. »
Jean Raspail
Pêcheur de lunes. Qui se souvient des hommes…, éditions Robert Laffont, 1990
« Notre entreprise inspirait de l’intérêt, et aussi de la curiosité à l’égard du petit pavillon tricolore qui flottait à l’arrière de nos canots. Dans nombre de ces bourgades du bord de l’eau, en cet immédiat après-guerre, on n’avait jamais vu de “Français de France”, ni lorsque nous fûmes aux États-Unis, entendu parler leur langue. Nous représentions une sorte de préhistoire, ce qui fut et qui n’est plus : l’Amérique française. Nous étions quelque chose comme des explorateurs posthumes, des découvreurs d’un monde disparu venus l’espace d’un court moment réveiller de très anciens souvenirs et aussitôt les emportant avec eux dans le sillage de leurs canots. »
Jean Raspail
En canot sur les chemins d’eau du roi. Une aventure en Amérique, éditions Albin Michel, 2005
« On les appelait voyageurs, ou engagés du grand portage. Par les fleuves, les lacs, les rivières qui formaient une trame naturelle dans l’immensité nord-américaine, au XVIIe et XVIIIe siècles, convoyant à bord de leurs canots des explorateurs et des missionnaires, des marchands ou des officiers du roi, des soldats en tricorne gris des compagnies franches de la Marine, des pelleteries, des armes, des outils, renouvelant jour après jour, les mains crochées sur l’aviron, des exploits exténuants, ils donnèrent à la France un empire qui aurait pu la contenir sept fois. À chacun de leurs voyages, ils en repoussaient encore les frontières, vers le nord-ouest, vers l’ouest, vers le sud. »
Jean Raspail
En canot sur les chemins d’eau du roi. Une aventure en Amérique, éditions Albin Michel, 2005
« L’Occident anglais et américain s’est toujours opposé à cette organisation germano-russe des bassins fluviaux centre-européens, ceux du Rhin et du Danube. Car elle aurait permis un trafic pétrolier soustrait à leur contrôle maritime en Méditerranée. La perspective de cette formidable synergie euro-russe était le cauchemar des puissances occidentales. Elle explique bon nombre de traditions militaro-diplomatiques anglaises et américaines (…) »
Robert Steuckers
« Les implications géopolitiques des Accords de Munich en 1938, Allocution de Robert Steuckers à la Commission Géopolitique de la Douma d’État, Moscou, le 30 septembre 1998 », Nouvelles de Synergies européennes n°37, octobre-décembre 1998
« La souveraineté se définit par le primat du politique. L’aliéner, c’est permettre à l’économie de s’organiser comme elle l’entend. Cette dernière va toujours là où vont ses intérêts. Nous avons donc connu un capitalisme débridé qui a choisi dans un premier temps l’aliénation américaine et désormais l’aliénation chinoise. Les gens qui ont prôné cette idéologie de la soi-disant division internationale du travail savaient ce qu’ils faisaient. Ils ont laissé derrière eux une France en pièces détachées, un pays qui n’a plus d’industrie qui vend ses plateformes aéroportuaires, et qui a favorisé une agriculture dégradée en un processus agrochimique suicidaire, un pays qui fait fabriquer les pièces de rechange des chars Leclerc en Chine, et lui confie le soin de produire pour elle ses médicaments. »
Philippe de Villiers
Le nouveau monde est en train de mourir du coronavirus, entretien avec Bastien Lejeune, Valeurs Actuelles, 18/03/2020
« Les années qui ont débouché sur la crise financière de 2008 furent l’âge d’or de la confiance grisante dans le marché et de la dérégulation qu’elle a entraînée – on pourrait les qualifier d’ère du triomphalisme du marché. Cette ère a commencé au début des années 1980, décennie où Ronald Reagan et Margaret Thatcher se sont dits certains que le marché, et non les États, était la clé de la prospérité et de la liberté ; puis ce mouvement s’est poursuivi dans les années 1990, période où s’est épanoui le libéralisme favorable au marché de Bill Clinton et de Tony Blair, lesquels ont en même temps tempéré et consolidé la conviction que le bien public repose surtout sur le marché.
À l’heure actuelle, cette confiance est battue en brèche. L’ère du triomphalisme mercantile s’est achevée. La crise financière a fait plus qu’amener à douter de l’aptitude du marché à répartir efficacement les risques : on s’accorde en outre à reconnaître depuis que celui-ci s’est tellement détaché de la morale qu’il est devenu indispensable de l’en rapprocher à nouveau d’une manière ou d’une autre. Mais, ce qui n’est pas évident, c’est ce qu’il faudrait entendre par là, ou comment il conviendrait de procéder.
Pour certains, un même défaut moral était au cœur du triomphalisme du marché : la cupidité, qui poussa à prendre des risques inconsidérés. Dans cette optique, la solution consisterait à juguler ce travers en exigeant que les banquiers et les décideurs de Wall Street fassent preuve de davantage d’intégrité et de responsabilité et en promulguant des réglementations assez intelligentes pour prévenir la répétition d’une crise similaire.
C’est un diagnostic partiel, au mieux, car, même si la cupidité a indéniablement concouru à déclencher la crise financière, quelque chose de plus important est en jeu. Le plus funeste de tous les changements propres aux trois dernières décennies n’a pas résidé dans cette avidité accrue : il tient à ce que le marché et les valeurs marchandes ont envahi des sphères de la vie où ils n’ont pas leur place. […] L’immixtion du marché, et des raisonnements qu’il induit, dans les aspects de la vie traditionnellement régis par des normes non marchandes est l’une des évolutions les plus significatives de notre temps. »
Michael Sandel
Ce que l’argent ne saurait acheter (What Money Can’t Buy : The Moral Limits of Markets), éditions du Seuil, 2014
« Le Sud était le peuple même et combattait pour sa propre existence comme nation, pour son indépendance, pour ses champs et ses foyers. »
Major Scheibert, officier prussien détaché auprès des armées sudistes, cité par Dominique Venner
Le blanc soleil des vaincus – L’épopée sudiste et la guerre de Sécession (1607 – 1865), La Table Ronde, 1975
« La victoire des Yankees est la victoire d’une certaine morale et avec elle d’une certaine conception de l’homme et de la vie. C’est le rationalisme qui triomphe et, avec lui, les grands principes qu’on proclame et qu’on n’applique pas, et, après eux, c’est le dollar dont le culte s’installe et, avec le dollar, les aciéries et au-delà des aciéries, le fonctionnalisme, et, à l’horizon de tout cela, la société de consommation, la publicité, le conformisme, la monotonie, et les longues, les immenses plaines de l’ennui et de l’absurdité. »
Maurice Bardèche
Sparte et les Sudistes, éditions Les Sept Couleurs, 1969
« Qui était sorti vainqueur de cette fausse guerre [la guerre froide, NDLR] ? Les États-Unis, bien entendu, et l’économie de marché. Mais aussi la religion de l’Humanité, une, uniforme et universelle. Une religion commune aux deux adversaires de la veille. Et ce n’était pas leur seule affinité. Que voulaient les communistes d’autrefois ? Ils voulaient la mise en commun des richesses de l’humanité et une gestion rationnelle assurant à tous abondance et paix. Ils voulaient aussi la création d’un homme nouveau, capable de désirer ces bienfaits, un homme rationnel et universel, délivré de toutes ces entraves que sont des racines, une nature et une culture. Ils voulaient enfin assouvir leur haine des hommes concrets, porteurs de différences, leur haine également de la vieille Europe, multiple et tragique. Et l’Occident américain, que veut-il ? Eh bien, la même chose. La différence porte sur les méthodes. Récusant la planification par la contrainte, le système américain voit dans le marché le facteur principal de la rationalité et des changements. […]
Le communisme de marché, autre nom du mondialisme, ne partage pas seulement avec son ex-frère ennemi soviétique la vision radieuse du but final. Pour changer le monde, lui aussi doit changer l’homme, fabriquer l’homo œconomicus de l’avenir, le zombi, l’homme du nihilisme, vidé de son contenu, possédé par l’esprit du marché et de l’Humanité universelle. Le zombi se multiplie sous nos yeux. Il est heureux “puisque l’esprit du marché lui souffle que le bonheur consiste à satisfaire tous ses désirs”. Et ses désirs étant ceux du marché ne sont suscités que pour être satisfaits. »
Dominique Venner
Histoire et tradition des Européens, Éditions du Rocher, coll. Histoire, 2002
« Puisque nous ne pouvons pas tromper toute la race humaine en permanence, il est très important de couper chaque génération des autres ; en effet, quand l’érudition établit un commerce libre entre les âges, on risque toujours que les erreurs caractéristiques d’une époque soient corrigées par les vérités caractéristiques d’une autre. Mais grâce à notre Père et au Point de Vue Historique, les grands érudits d’aujourd’hui sont aussi peu nourris par le passé que le plus ignorant des mécaniciens qui s’imagine que “l’histoire, c’est de la blague”. »
Clive Staples Lewis
Tactique du diable (Screwtape Letters), n°27, 1941
L’allusion de la fin de citation renvoie à une déclaration de l’industriel américain Henry Ford : « History is more or less bunk. It’s tradition. We don’t want tradition. We want to live in present, and the only history that is worth a thinker’s damn is the theory thant we make today » (entretien avec Charles N. Wheeler, Chicago Tribune, 25 mai 1916).