« Le principe de non-discrimination ? Un sous-marxisme culturel. »
Thibault Mercier
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?, Pierre-Guillaume de Roux éditeur, 2019
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« Le principe de non-discrimination ? Un sous-marxisme culturel. »
Thibault Mercier
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?, Pierre-Guillaume de Roux éditeur, 2019
« La distinction spécifique du politique, à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques, c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi. Elle fournit un principe d’identification qui a valeur de critère, et non une définition exhaustive ou compréhensive. »
Carl Schmitt
La notion de politique (Der Begriff des Politischen), 1927, éditions Calmann-Lévy, 1972
« On a perdu le sens des hiérarchies distinctives, et notamment de la différence entre l’économie et la politique. L’économie sert des intérêts quand la politique n’est pas autre chose que la protection des citoyens. Elle doit rester au-dessus. Elle est première. C’est le bouclier régalien. »
Philippe de Villiers
Le nouveau monde est en train de mourir du coronavirus, entretien avec Bastien Lejeune, Valeurs Actuelles, 18/03/2020
« Qu’est-ce que la discrimination, si ce n’est l’action de distinguer une chose d’une autre ? Discriminer, c’est tracer des frontières, définir des limites. Dans l’absolu, être, c’est délimiter un dedans et un dehors, c’est donc également discriminer. Un pays n’existe que par ses frontières et les différences ne se concrétisent que par des séparations. Toute action effectuée ou parole énoncée en exclut fatalement une autre et se trouve de facto discriminatoire. Toute vie différenciée implique donc nécessairement une discrimination, une préférence, une hiérarchie. »
Thibault Mercier
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?, Pierre-Guillaume de Roux éditeur, 2019
« L’illusion mondialiste soutient que les frontières sont non seulement contraignantes mais inutiles. Pourtant, après des décennies de sans-frontiérisme, le principe même de séparation n’a pas disparu et reprend au contraire de la vigueur. Comment ne pas voir que, dans une Europe qui s’est donné pour objectif la suppression de toute frontière extérieure entre les États, on assiste paradoxalement à la création exponentielle de nouvelles frontières, intérieures et plus insidieuses, qui sont aussi bien tangibles qu’intangibles ? Communautarisme, multiplication des contrôles de sécurité à l’entrée des aéroports, musées, centres commerciaux et autres lieux publics, blocs de béton à l’entrée des marchés de Noël, mur autour de la tour Eiffel sont autant de réponses débridées à la nécessité de protection des individus dans des États qui ont oublié qu’une de leurs fonctions régaliennes était d’assurer la sécurité de leurs citoyens. »
Thibault Mercier
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?, Pierre-Guillaume de Roux éditeur, 2019
« La discrimination, on rougit de le rappeler, est à l’origine, et littéralement, l’action de distinguer des objets de pensée, ou de discerner les choses les unes des autres. Il n’y a donc pas un propos, dans quelque langue que ce soit, il n’y a pas une phrase issue d’une pensée un peu construite, qui ne soit, en son essence, discriminatoire. La parole ne s’énonce que pour distinguer ou différencier. Toute opinion est un tri. Toute remarque, même la plus évasive, commence par écarter ce dont elle ne parle pas et que, par conséquent, elle “discrimine”. »
Philippe Muray
Causes toujours, éditions Descartes & Cie, 2013
« Parmi les êtres humains, on ne reconnaît pleinement l’existence que de ceux qu’on aime. »
Simone Weil
La Pesanteur et la Grâce, 1942, éditions Plon, 1947
« La différence, qu’est-ce que c’est ?
“Caractère ou ensemble de caractères qui distingue une chose d’une autre”, pose le dictionnaire. Comme telle, la différence est le support de la connaissance. Ce n’est que par leurs différences que l’intelligence peut saisir les choses. La discrimination est sa fonction première, et le monde ne lui est accessible que dans la mesure où il est composé d’éléments distincts. Il ne saurait y avoir de connaissance du chaos. »
Vladimir Volkoff
Le complexe de Procuste, éditions Julliard – L’Âge d’Homme, 1981
« Je commençais ce chapitre en disant, en substance : seule la différence est gaie. J’en arrive au point où il me semble que je puis dire : seule la différence est féconde. »
Vladimir Volkoff
Le complexe de Procuste, éditions Julliard – L’Âge d’Homme, 1981
« L’introduction des concepts de grossophobie, de validisme (qui serait un rejet des personnes handicapées ou non valides) ou encore de spécisme (qui dénonce la supériorité de l’homme sur l’animal) pourrait de prime abord faire sourire, mais ce serait oublier les ligues de vertu qui commencent déjà à vouloir faire reconnaître et sanctionner ces “racismes” sur le plan juridique. La “grossophobie” – mot entré au dictionnaire en mai 2018 – a d’ailleurs déjà fait l’objet d’une campagne officielle de sensibilisation par la Mairie de Paris. Au final, on remarque que le fétichisme de la non-discrimination est fortement empreint d’une sorte de marxisme culturel qui tend à analyser systématiquement les rapports humains ou sociaux en termes de dominants-dominés ou de bourreaux-victimes et qui soutient que l’Occident serait essentiellement défini par une structure patriarcale, homophobe, raciste et sexiste qu’il faudrait faire tomber urgemment. Toute différence considérée, à tort ou à raison, comme supérieure est dès lors “oppressante” et doit être gommée. Tout homme est désormais un “porc” en puissance, un Blanc est nécessairement un “colonisateur esclavagiste”, émettre un jugement de préférence esthétique sur la minceur d’une femme devient “grossophobe”, etc. La hiérarchie, l’élitisme ou encore la recherche du Beau et du Bien sont balayés par cette tyrannie de la faiblesse où la victime est glorifiée (on lui donne même la Légion d’honneur) et où le beau et le fort deviennent d’insupportables oppresseurs. »
Thibault Mercier
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?, Pierre-Guillaume de Roux éditeur, 2019
« Bien sûr, certains facteurs contribuent au malaise grandissant qui traverse notre société ; mais ni les tensions économiques, ni le discrédit politique, ni les difficultés d’intégration n’expliquent à eux seuls cet « ensauvagement » largement constaté et décrit. Nous ne voyons pas qu’il provient essentiellement d’une rupture de la transmission, d’un abandon de notre propre civilisation — dont tous les symptômes de la crise ne sont que des conséquences, proches ou lointaines. Nous ne voulons pas voir que l’enjeu est d’abord culturel. Comme si une génération qui s’est interdit de transmettre ne parvenait pas à comprendre que, en refusant de faire des héritiers, en privant ses enfants de la culture qu’elle avait reçue, elle prenait le risque de les déshériter d’eux-mêmes — de les déshériter de leur propre humanité. Nous nous sommes passionnés pour le doute cartésien et l’universelle corrosion de l’esprit critique, devenus des fins en eux-mêmes ; nous avons préféré, avec Rousseau, renoncer à notre position d’adultes pour ne pas entraver la liberté des enfants ; nous avons reproché à la culture d’être discriminatoire, comme Bourdieu, et nous avons contesté la discipline qu’elle représentait. Et nous avons fait naître, comme il aurait fallu le prévoir, « des sauvages faits pour habiter dans les villes ». »
François-Xavier Bellamy
Les Déshérités ou l’urgence de transmettre, éditions Plon, 2014
« Or on ne peut se dissimuler qu’en dépit de son urgente nécessité pratique et des fins morales élevées qu’elle s’assigne, la lutte contre toutes les formes de discrimination participe de ce même mouvement qui entraîne l’humanité vers une civilisation mondiale, destructrice de ces vieux particularismes auxquels revient l’honneur d’avoir créé des valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie et que nous recueillons précieusement dans les bibliothèques et dans les musées parce que nous nous sentons de moins en moins certains d’être capables d’en produire d’aussi évidentes […]. »
Claude Lévi-Strauss
Race et culture, Revue internationale des sciences sociales de l’UNESCO, 1971