« Dans la pensée antique, on est de quelque part et l’on est de quelqu’un. »
Sylvain Tesson
Un été avec Homère, éditions des Équateurs, 2018
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« Dans la pensée antique, on est de quelque part et l’on est de quelqu’un. »
Sylvain Tesson
Un été avec Homère, éditions des Équateurs, 2018
« Les véritables philosophes grecs sont les Présocratiques. »
Friedrich Nietzsche
La Volonté de puissance (Der Wille zur Macht), 1888, trad. Geneviève Bianquis, éditions Gallimard, Coll. Tel, 2 tomes, 1995
« Dans un fameux passage de l’Iliade le poète décrit la phalange achéenne : « La lance fait un rempart à la lance, le bouclier au bouclier, chacun étayant l’autre ; l’écu s’appuie sur l’écu, le casque sur le casque, le guerrier sur le guerrier. » Ce n’est pas seulement la préfiguration de l’ordre hoplitique que l’on entrevoit ici, mais surtout l’expression de ce qu’est une communauté solidaire où chaque membre peut se reposer sur les autres, où la désertion d’un seul anéantirait instantanément le tout indissociable. Pas question de « contrat » ici, mais d’obligations mutuelles inscrites dans le pacte fondateur du clan, de la tribu, de la cité et de la phalange. »
Dominique Venner
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2013
« […] Bien philosopher, c’est-à-dire, au fond, s’exercer à mourir aisément. »
Socrate selon Platon
Phédon, 81a-82c, IVe siècle av. notre ère
« Les poèmes homériques nous montrent les chefs achéens régnant chacun sur un petit royaume ; la Grèce de l’âge héroïque, divisée en autant de royaumes indépendants qu’il y a de cantons, était déjà morcelée à l’extrême, comme le sera plus tard celle de l’époque classique. […]
Chacun de ces rois est indépendant : Agamemnon n’est choisi comme chef de guerre contre Troie que parce qu’il commande à la troupe la plus nombreuse ; mais avant de prendre une décision il consulte les autres chefs, ses pairs, réunis en conseil. […] Ces chefs sont essentiellement des guerriers. La guerre est leur principale occupation, la source principale de leur richesse. Ils ne rêvent que batailles et pillages, expéditions sur terre ou sur mer. Entre voisins, les guerres sont incessantes : la paix leur pèse, le repos les ennuie, l’aventure les attire ; et, lors même que, vaincus par l’âge, ils chauffent leurs vieux membres à la flamme du foyer dans la haute salle de leur manoir, ils n’ont pas de plus grande joie que d’écouter après un festin le récit des exploits de leur jeunesse. […]
Le pouvoir de ces rois, tel qu’il nous est présenté dans l’Iliade et dans l’Odyssée, est de caractère féodal. Plus qu’il ne gouverne un canton, chacun d’eux commande à un groupe de guerriers qui le reconnaissent comme leur chef. Autant que ses soldats, ses compagnons d’armes sont ses amis, en même temps que ses serviteurs, et, en expédition lointaine comme au pays, ils sont convoqués en assemblée lorsque se présente une affaire grave. Bien que la royauté soit héréditaire, chaque chef doit mériter son rang par sa prudence au conseil et son courage au combat. À la guerre, qui est encore conçue comme une série d’engagements individuels, il paye de sa personne, et, de retour chez lui, en son manoir ou dans son domaine, il ne croit pas déchoir en prenant part à l’apprêt d’un festin ou aux travaux des champs. »
Robert Flacelière
Introduction aux poèmes homériques, 1955
Hector : « Il n’est qu’un bon présage, c’est de combattre pour sa patrie. »
Homère
Iliade, Chant XII, 243, vers 800 – 725 avant notre ère
« Georges Bataille estimait que la violence de la corrida, incarnée dans le jeu qu’entretient l’homme vivant avec sa propre mort et la bête qui est en lui, symbolisait la recherche de transcendance de l’homme. Il voyait dans la tauromachie la survivance d’un culte rendu par les légionnaires romains au dieu Mithra. D’autres théories existent. On sait par exemple que les Celtes avaient des jeux ritualisés assez proches, de même que la fresque du palais de Cnossos en Crète montre un jeune homme sautant par dessus un énorme taureau furieux. »
Gabriel Robin
« Les Traditions vivantes », intervention à la 7ème journée de réinformation de Polémia, Paris, 18 octobre 2014
« Pour les États comme pour les particuliers, ce sont les plus grands périls qui procurent le plus de gloire. »
Thucydide
Histoire de la guerre du Péloponnèse, 431 – 411 avant notre ère, trad. Jacqueline de Romilly, Robert Laffont éditeur, coll. Bouquins, 1990
« À ce propos aussi Androlicas a laissé par écrit un mot que voulait dire Lysandre, par où il appert qu’il faisait bien peu de compte de se parjurer ; car il disait “qu’il fallait tromper les enfants avec des osselets, et les hommes avec les serments”, suivant en cela Polycrate, le tyran de Samos, mais non pas avec raison ; car lui était capitaine légitime et l’autre violent usurpateur de domination tyrannique ; et ce n’était point fait en vrai Laconien de se comporter envers les dieux ni plus ni moins qu’envers les ennemis, ou encore pirement et plus injurieusement ; car celui qui trompe son ennemi, moyennant la foi qu’il lui jure, donne à connaître qu’il le craint, mais qu’il ne se soucie point des dieux. »
Plutarque
Vies parallèles (in Vie de Lysandre), entre 100 et 120, trad. Anne-Marie Ozanam, éditions Gallimard, coll. Quarto, 2002
« En parcourant le camp, Achille fait armer ses guerriers myrmidons. On croirait voir des loups carnassiers, le cœur plein d’une indicible ardeur, qui vont dans la montagne attaquer le grand cerf ramé, puis le dévorent – de tous, le sang rougit alors les bajoues ; en bande, ils vont laper l’eau noire d’une source avec leurs langues minces, tout en crachant le sang de la bête égorgée, car, si leur cœur reste intrépide en leur poitrine, leur ventre est oppressé : ainsi, les conducteurs et les chefs des Myrmidons accourent tous auprès du vaillant écuyer d’Achille aux pieds rapides. Au milieu d’eux se tient l’Eacide fougueux ; il stimule les chars et les hommes en armes. »
Homère
Iliade, Chant XVI, Préparatifs des Myrmidons, vers 800 – 725 av. notre ère
« La verticalité est intrinsèque à la masculinité et à l’ancien ordre européen. Elle se manifeste par une tension naturelle vers le risque, la différence, l’altitude en tout. Elle méprise la sécurité, la tranquillité, l’indolence, l’hédonisme, qui sont penchants horizontaux. Elle distingue, élève, attribue un rang. Elle hiérarchise les idées et les personnes. L’ordre d’Homère est vertical comme l’est aussi le langage, l’élégance, la grammaire, les donjons, ou la forme que l’on donne aux authentiques créations. »
Dominique Venner
Histoire et tradition des Européens, Éditions du Rocher, coll. Histoire, 2002
« L’essentiel d’un destin que résuma aux Thermopyles l’épitaphe de Simonide : obéir à une loi. Il est admis en Grèce que Lacédémone représente par excellence cette chose toute grecque, ignorée du reste du monde oriental et qui fonde non seulement la cité, mais la science et la philosophie : le règne de la loi, et, plus encore, l’héroïsation de la loi. La loi oppose un être abstrait, rationnel et fixe à la domination personnelle et arbitraire d’un homme. C’est ce que dans Hérodote Démarate apprend à Xerxès : « La loi est pour eux un maître absolu ; ils la redoutent beaucoup plus que tes sujets ne te craignent. Ils obéissent à ses ordres, et ses ordres, toujours les mêmes, leur défendent la fuite. » Cette figure vivante de la loi qu’on aperçoit au pied du Taygète donne à Sparte, dans l’hellénisme religieux et calme du temps des guerres médiques, une prestige, une autorité, un primat analogues à ceux que reçoivent Delphes de la Pythie, et Olympie de l’Altis. Être soumis à la loi c’est durer par elle, selon elle, et Sparte c’est la chose qui dure.
Thucydide attribue le secret de sa puissance à ce fait que depuis quatre cent ans elle est régie par la même constitution. Représentants de la loi les Spartiates sont pourtant les ennemis de la tyrannie, et c’est en intervenant dans les villes contre les tyrans qu’ils s’habituent à intervenir dans les affaires des cités. Seuls d’ailleurs parmi les Grecs ils ont conservé l’ancienne royauté homérique, en la divisant pour lui enlever sa force d’agression intérieure et de tyrannie. Toutes les magistratures, héréditaires ou collectives restant collégiales, l’un réside vraiment dans la loi, et dans la loi seule. »
Albert Thibaudet
La campagne avec Thucydide, 1922