« On n’ouvre pas la porte sur l’infini à des gens qui ne sont plus capables de le rêver. »
Jean Raspail
Septentrion, éditions Robert Laffont, 1979, réed. 2007
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« On n’ouvre pas la porte sur l’infini à des gens qui ne sont plus capables de le rêver. »
Jean Raspail
Septentrion, éditions Robert Laffont, 1979, réed. 2007
« En mon nom, en votre nom, je prends possession de Septentrion. Il n’y a de vraie conquête que lorsqu’on sort de ses frontières palpables et impalpables sans esprit de retour. Pour n’avoir pu le comprendre, semblables à tous les hommes de ce temps, ceux qui nous ont précédés ici ont misérablement reflué au sein de la masse protectrice. Dieu merci ! nous autres, nous n’en sommes plus là. Et maintenant, allons fêter cela ! »
Jean Raspail
Septentrion, éditions Robert Laffont, 1979, réed. 2007
« Aussi vais-je écouter Kandall lorsque le soir il réunit les enfants dans son wagon et leur raconte des histoires. Invente-t-il ? A‑t-il vécu tout cela ? Les peuplades qu’il ressuscite pour les regarder mourir ont-elles jamais existé ? Qu’importe. Les enfants l’écoutent avec des yeux immenses car Kandall sait transformer la mort en un commencement et ses récits vont bien au-delà de la tristesse. J’imagine qu’il nous racontera un jour, peut-être demain, comment est mort le peuple du train qui voulait mourir seul…»
Jean Raspail
Septentrion, éditions Robert Laffont, 1979, réed. 2007
« Les signes s’accumulaient, sans que nous en percevions, tout au nord du pays, loin de la capitale et de ses clochers dorés, les exactes conséquences.
Nous comprenions vaguement comment, sans savoir réellement pourquoi. Tout allait vite, avec des modifications tangibles dans notre vie de tous les jours, mais rien n’était net. Tout changeait dans le flou, comme si une sorte de guimauve envahissante, poisseuse et tenace, transfusée dans les artères vivantes du pays, gelait le cœur et les âmes, et aussi les rouages de l’Etat, les activités de la nation, pétrifiant jusqu’au corps profond de la population. Dans quel but ? »
Jean Raspail
Septentrion, éditions Robert Laffont, 1979, réed. 2007
« Voici une race d’hommes, très française, devant laquelle s’ouvrait un immense pays, des milliers et des milliers de lieues, de quoi occuper plusieurs vies, et qui, en s’y engageant, comme si l’affaire était dans le sac, portaient leur regard intérieur aux bornes extrêmes de la Terre, en une sorte de transcendance. Le monde appartenait à ces hommes-là. »
Jean Raspail
En canot sur les chemins d’eau du roi. Une aventure en Amérique, éditions Albin Michel, 2005
« Apprenez, mon jeune ami, et retenez une fois pour toutes, qu’il n’existe pas de Canadiens français. Il n’y a que des Canadiens, point à la ligne, et c’est nous ! Les autres, ce sont les anglais, établis par la force chez nous dans un pays qui fonctionnait très bien sans eux depuis plus de cent cinquante ans, un pays déjà exploré, cartographié, reconnu, administré, dans lequel ils n’ont eu que la peine de s’installer. Ça n’en fait pas pour autant des Canadiens… »
Jean Raspail
En canot sur les chemins d’eau du roi. Une aventure en Amérique, éditions Albin Michel, 2005
« Et cette guerre-là, je veux dire celle du roman, Salvator l’aimait-il ? Sans doute. C’était une guerre propice aux attitudes. Je l’avais entendu déclarer, plus tard, que l’attitude prime, qu’elle peut tenir lieu de conviction, et que c’est elle, le plus souvent, qui engage l’existence… »
Jean Raspail
Les Yeux d’Irène, éditions Albin Michel, 1984
« À dire vrai, je ne sais pas très bien qui je prie et pourquoi. Je ne prie pas avec des mots. Je ne sais pas les prières que l’on récite habituellement. Je les ai oubliées depuis longtemps et quand j’ai voulu les réapprendre, je me suis aperçu qu’elles me gênaient. Tandis que silencieusement, sans prononcer la moindre parole, simplement comme ça, en marchant dans la forêt, l’hiver, j’ai l’impression d’être moi-même une prière où se mélangent des sentiments qui d’ordinaire ne m’effleurent pas et que je ne saurais même pas exprimer. J’en suis le premier surpris. Des choses qui en toute autre circonstance me sembleraient bêtes et convenues, comme l’appartenance à une famille, à une religion, à un pays, à une race, le respect de la parole donnée, l’exaltation d’un engagement, l’amour d’une mère pour son enfant, la pitié envers les morts, l’honneur de soi, la fidélité à un maître… »
Jean Raspail
Sire, Éditions de Fallois, 1991
« Et cette prière de Ségolène : “Ne rien dire ! Ne rien laisser supposer ! Qu’ils ne sachent jamais ! Qu’ils ne s’imaginent pas que nous sommes entrés dans leur ronde ! Qu’ils ne sautent pas à l’intérieur de nos murailles en poussant d’indécents cris de triomphes ! Qu’ils nous épargnent leur solidarité dégoûtante ! Que ce que nous sommes en ce moment et ce que nous faisons n’embellisse pars leurs amours misérables…” »
Jean Raspail
Le Jeu du roi, éditions Robert Laffont, 1976
« Feignant d’avoir reniflé des loups, ou des rôdeurs, ou toute autre créature malfaisante, le comte Frantz expédiait l’enfant jusqu’à la lisière de bouleaux qui marquait le fond du parc et qui lui semblait le bout du monde. “Vous planterez ce bâton, Tristan, disait-il, vous y poserez votre main droite, vous n’omettrez pas de fermer les yeux, puis vous réciterez cette prière que je vous incite à ne jamais oublier : Kouj Karassakal albasti jouïounachi kouj karassakal…, et ainsi vous nous sauverez. Le bâton-loup du petit homme nous a toujours protégé.” À l’enfant qui revenait, tremblant de peur, le visage blanc, mais ayant accompli sa mission, il disait ensuite : “Je suis fier de vous, Tristan, vous voilà un vrai guetteur de frontière, à présent.” »
Jean Raspail
Les royaumes de Borée, éditions Albin Michel, 2003
« La frontière courait sur quelque quatre cent soixante-dix lieues face à l’est et au nord-est. Elle franchissait d’interminables forêts, noir et argent durant le long hiver, des plaines spongieuses semées de lacs dont l’eau avait la couleur du plomb, des marécages qui disparaissaient sous des océans de roseaux et des rivières roulant leurs flots boueux vers des destinations incertaines. Elle escaladait des collines au relief tourmenté qu’un ciel bas faisait apparaître comme autant de montagnes infranchissables dont les sommets se confondaient avec l’épais plafond des nuages. Face au nord, elle se perdait dans l’infini de la taïga au-delà de laquelle s’étendait une mer glauque hérissée de rochers battus par des vents furieux, mais nul voyageur, nul marin, hormis le commodore Liechtenberg en 1631, ne s’était avancé jusqu’à ces rivages. »
Jean Raspail
Les royaumes de Borée, éditions Albin Michel, 2003
« […] les vampires politiques ne vieillissent pas. À chaque victime, ils rajeunissent. On ne s’en débarrasse qu’en les abattant. »
Jean Raspail
Sire, Éditions de Fallois, 1991