Un projet de l'Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne

Citatio, un portail ouvert sur notre civilisation

Nous menons un travail long et exigeant afin d'assurer la qualité des milliers de citations que nous vous proposons. Tout cela a un coût que vous pouvez nous aider à supporter en faisant un don.

Thème

Citations sur la littérature

L’idée de la destinée tragique…

« L’idée de la des­ti­née tra­gique, c’est-à-dire la mise face à face, en pleine clar­té, de l’homme et des puis­sances dont il dépend, est offerte aux Grecs par leur his­toire légen­daire. Les récits tou­chant les familles divines, héroïques ou royales four­nissent un sché­ma, un motif musi­cal, et l’œuvre du poète tra­gique consiste à don­ner à ce sché­ma, à ce motif une durée réelle, mar­quée et mesu­rée par des rythmes, consti­tuée par la vie sous le masque dio­ny­siaque de per­son­nages de chair et d’os : de la scène, ces per­son­nages se relient par le plan incli­né du chœur à la foule qui les écoute, à l’humanité qui les encadre et les délègue. Le récit épique, l’épopée homé­rique ani­maient dans leur tableau cette même idée de la des­ti­née : mais la tra­gé­die attique naît de l’effort pour la sor­tir de cette gangue, pour la réa­li­ser sous forme de per­sonnes, pour mener à bien, paral­lè­le­ment à la sculp­ture, l’œuvre propre de la vie hel­lé­nique, la créa­tion inté­grale de l’homme. »

Albert Thi­bau­det
La cam­pagne avec Thu­cy­dide, 1922

L’homme qui songe est un dieu…

« L’homme qui songe est un dieu, celui qui pense un mendiant. »

Frie­drich Hölderlin
Hypé­rion ou l’Er­mite de Grèce (Hyper­ion oder Der Ere­mit in Grie­chen­land), 1797, trad. Jean-Pierre Lefebvre, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2005

Tout est précieux de ce qui aspire à la culture…

« Quel que soit son âge, sa condi­tion, son degré d’instruction, il est pos­sible à notre époque à tout indi­vi­du de renouer avec la tra­di­tion de la culture per­son­nelle. Aucun des efforts accom­plis dans ce sens n’est mépri­sable ou indif­fé­rent. Tout est pré­cieux de ce qui aspire à la culture. Le plus petit pas que l’on fait vers elle a sa valeur et son impor­tance. Éteindre son télé­vi­seur et se mettre à lire un livre, c’est déjà faire œuvre de civilisation. »

Jean-Louis Harouel
Culture et contre cultures, Édi­tions Presses uni­ver­si­taires de France, 1994

L’homme cultivé n’a jamais trop de temps…

« Et je ne regrette pas d’avoir pro­po­sé ailleurs, comme une des défi­ni­tions pos­sibles de la culture, « la claire conscience de la pré­cio­si­té du temps ». L’homme culti­vé n’a jamais trop de temps, il n’en a même jamais assez pour tout ce qu’il y a lire, à voir, à entendre, à connaître, à apprendre, à com­prendre et à aimer. L’intelligible, par son énor­mi­té, est incom­men­su­rable à son intel­li­gence. L’existant, par son immen­si­té, est sans rap­port de pro­por­tions avec sa soif de connais­sance et les pos­si­bi­li­tés de sa mémoire. L’aimable, par son infi­ni­tude, outre­passe de toute part son amour. À tout moment il doit faire des choix, c’est-à-dire renon­cer à des che­mins, à des livres, à des études et à des dis­trac­tions. Et ce qu’il est, autant que par ce qu’il lit, par ce qu’il entend et par ce qu’il étu­die, il l’est par ce qu’il ne lit pas, ce qu’il ne fré­quente pas, ce à quoi il refuse de perdre son temps, ce temps que la culture rend précieux. »

Renaud Camus
La grande décul­tu­ra­tion, édi­tions Fayard, 2008

Il y a des conteurs qui ont cessé de conter…

« Il y a des conteurs qui ont ces­sé de conter, à un moment don­né […], dès l’instant qu’ils ne trou­vaient plus per­sonne devant eux sus­cep­tible de les croire. […] Le conteur, ce n’est pas celui qui raconte (des racon­teurs d’histoire, il y en a par­tout), mais celui qui détient les contes d’une cer­taine popu­la­tion et essaie de trans­mettre ces contes-là, de façon à obte­nir l’accord de ceux qui l’écoutent, de faire en sorte que ceux qui l’écoutent se rendent compte qu’il dit exac­te­ment ce qu’ils sont, et ce qu’ils sont, bien sûr, dans le tré­fonds d’eux-mêmes, dans l’arrière-plan de leur incons­cient ou de leur subconscient. »

Pierre-Jakez Hélias
La sagesse de la terre (avec Jean Mar­kale), Petite Biblio­thèque Payot, 1978

L’Europe est le nom de notre tradition, un murmure…

« L’Europe est le nom de notre tra­di­tion, un mur­mure des temps anciens et du futur. Notre tra­di­tion est une façon de se conduire et de conduire notre vie qui n’appartient qu’à nous. Elle nous est révé­lée par les poèmes d’Homère et par nos grandes légendes, celles de la Table Ronde ou des Nibe­lun­gen. Elle nous est révé­lée aus­si par le tré­sor des contes. Sous des appa­rences dif­fé­rentes, nos contes tissent la trame d’un même héri­tage de part et d’autre du Rhin, des Alpes et des Pyré­nées. Retrou­vés en Alle­magne par les frères Grimm et en France par Charles Per­rault, sans avoir l’air de rien, ils sont l’un de nos biens les plus pré­cieux. Ils ne se voilent d’obscurité que si l’on ne fait pas l’effort de les décou­vrir. Jadis, leur trans­mis­sion se fai­sait à la veillée, par le récit des Anciens. Se jouant du temps qui passe, ils conti­nuent de dire le retrait sal­va­teur dans la forêt, les forces de la nature, la soli­tude et la com­mu­nau­té, les rites de pas­sage de l’enfance à l’âge adulte, la ren­contre de la jeune fille et du che­va­lier, l’ordre du monde. Les contes sont le grand livre de notre tra­di­tion. Leur fonc­tion est de léguer la sagesse ances­trale de la com­mu­nau­té. Même quand on y ren­contre des elfes ou des fées auprès des sources et au coin des bois, ils sont le contraire des « contes de fées ». Sous l’apparence du diver­tis­se­ment, ils enseignent des leçons de vie. Ils disent les secrets qui feront que les demoi­selles devien­dront femmes et les gar­çons des hommes. Les contes disent les menaces à sur­mon­ter (le Chat bot­té), les limites à ne pas fran­chir (Barbe bleue), la ruse ter­ras­sant la force bru­tale (le Petit Pou­cet), la ran­çon de l’étourderie (le Petit Cha­pe­ron Rouge), le prix du ser­ment (Gri­sé­li­dis), l’effort sou­te­nu triom­phant d’une nature ingrate (Riquet à la houppe), les périls cou­rus par la jeune fille et la viri­li­té dévoyée (Peau d’âne). Les contes disent encore le cou­rage, l’espoir et la constance des jeunes filles triom­phant des épreuves (Cen­drillon). Ils disent aus­si la vigueur, l’audace, la vaillance et les rup­tures par quoi les gar­çons sont ce qu’ils sont (Per­ce­val). Les contes montrent qu’en s’appuyant sur les forces de la nature, la femme main­tient ou res­taure l’ordre du monde et de la com­mu­nau­té (Blanche Neige). Ces secrets sont nôtres, on pour­rait par­fois les croire per­dus alors qu’ils ne sont qu’assoupis. Comme dans le conte de la Belle au bois dor­mant, ils se réveille­ront. Ils se réveille­ront sous l’ardeur de l’amour que nous leur porterons. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, 2002

J’aimais afficher, devant ses amis épouvantés, des idées…

« Lise, naguère uni­que­ment pré­oc­cu­pée par la lit­té­ra­ture, com­men­çait à se sen­tir concer­née par les grands com­bats contre les domi­nants. Par contre­coup, la droite et l’ex­trême droite me deve­naient aimables et j’ai­mais affi­cher, devant ses amis épou­van­tés, des idées qu’ils jugeaient « nau­séa­bondes », de la même façon qu’au­tre­fois, devant les bigots, les liber­tins s’a­mu­saient à nier l’exis­tence de Dieu. »

Patrice Jean
L’homme sur­nu­mé­raire, Édi­tions du Rocher, 2019

Les maximes ne gâtent pas les dents…

« Com­pa­ré à l’essai, le recueil de maximes repré­sente quelque chose comme une boîte de bon­bons com­pa­rée à un repas ordi­naire. C’est moins équi­li­bré, moins nutri­tif, peut-être, mais cela dure plus long­temps, on y revient plu­sieurs fois… avec, cepen­dant, une dif­fé­rence : les maximes ne gâtent pas les dents, et les petits écrits ne font pas grossir. »

Pierre Gri­pa­ri
Reflets et réflexes, édi­tions L’Âge d’Homme, 1983

C’est parce que je vois venir le monde où…

« C’est parce que je vois venir le monde où les scien­ti­fiques auront seuls droit au cha­pitre tan­dis que les bouf­fons du diver­tis­se­ment occu­pe­ront le temps libre des indi­vi­dus hébé­tés, c’est parce que je vois venir ce temps de bar­ba­rie (il faut relire l’es­sai de Michel Hen­ry) où la pen­sée lit­té­raire n’é­du­que­ra plus les sen­si­bi­li­tés que je parle de lutte à mort. Per­met­tez-moi de citer l’exergue du roman, extrait du Jour­nal de Gom­bro­wicz, en 1961 : Je pré­vois que, dans les pro­chaines années, l’art devra se débar­ras­ser de la science et se retour­ner contre elle — c’est un affron­te­ment qui doit avoir lieu tôt ou tard. Une bataille ouverte où chaque par­tie aura par­fai­te­ment conscience de ses moti­va­tions” : nous y sommes. »

Patrice Jean
Qu’un écri­vain puisse être en paix avec son temps me paraît vrai­ment curieux, entre­tien au Figa­ro, par Eugé­nie Bas­tié, 29 sep­tembre 2017

Auteurs

Auteurs récemment ajoutés

Livres

À l'affiche

Comprendre la stratégie hongroise
Dominique Venner. La flamme se maintient
Sur les chemins noirs
Bienvenue dans le meilleur des mondes. Quand la réalité dépasse la science-fiction
Frédéric Mistral. Patrie charnelle et Provence absolue
Les Indo-Européens
Le soleil et l'acier
L’exil intérieur. Carnets intimes
La société de propagande
Tolkien, l’Europe et la tradition. La civilisation à l’aune de l’imaginaire
Voyage au bout de la nuit
Game over. La révolution antipolitique
Pour un réveil européen. Nature - Excellence - Beauté
Ceux de 14
La hache des steppes
Le japon moderne et l'éthique samouraï
Walter, ce boche mon ami
Les grandes légendes de France
Courage ! manuel de guérilla culturelle
À propos des Dieux. L’esprit des polythéismes
Les Déshérités ou l’urgence de transmettre
L’enracinement
Impasse Adam Smith. Brèves remarques sur l'impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche
Citadelle
Œuvres en prose complètes, tome III
L'Empire du politiquement correct
L’opprobre. Essai de démonologie
La grande séparation
Orthodoxie
Économie et société médiévale
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis
Précis de décomposition
L’homme surnuméraire
L'Argent
Les Horreurs de la démocratie
Petit traité sur l’immensité du monde
La Cause du peuple
Histoire et tradition des Européens
Mémoire vive. Entretiens avec François Bousquet
Le déclin du courage
Sire
La France contre les robots
Le regard des princes à minuit
L’œuvre de chair
Service inutile
Traité du rebelle ou le recours aux forêts
Les sentinelles du soir
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?