« La bêtise insiste toujours. »
Albert Camus
La peste, éditions Gallimard, 1947, coll. Folio, 1972
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« La bêtise insiste toujours. »
Albert Camus
La peste, éditions Gallimard, 1947, coll. Folio, 1972
« Le nom de Céline appartient à la littérature, c’est à dire à l’histoire de la liberté. Parvenir à l’en expulser afin de le confondre tout entier avec l’histoire de l’antisémitisme, et ne plus le rendre inoubliable que par-là, c’est le travail particulier de notre époque, tant il est vrai que celle-ci, désormais, veut ignorer que l’Histoire était cette somme d’erreurs considérables qui s’appelle la vie, et se bercer de l’illusion que l’on peut supprimer l’erreur sans supprimer la vie. Et, en fin de compte, ce n’est pas seulement Céline qui sera liquidé, mais aussi, de proche en proche, toute la littérature, et jusqu’au souvenir même de la liberté. »
Philippe Muray
Céline, éditions Gallimard, coll. Tel, 2001
« Autrefois, les jeunes gens étaient obligés d’étudier ; ils n’avaient pas envie de passer pour des ignares, ils se donnaient du mal, bon gré mal gré. Aujourd’hui, il leur suffit de dire : fariboles, tout n’est que fariboles ! et le tour est joué […] les voilà tout d’un coup promus nihilistes. »
Ivan Tourgueniev
Pères et fils, 1862, in Romans et nouvelles complets, tome II, trad. Françoise Flamant, éditions Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1982
« Je lis beaucoup de Léon Bloy, plusieurs fois par jour, car cette lecture m’apporte des éléments de réconfort. J’ai aussi le sentiment que cette prédilection étonne les Français avec qui je parle, et les porte à l’étude renouvelée de cet auteur. Je rembourse peut-être ainsi, bien modestement, ce que je reçois de lui. À mon avis, Bloy n’est pas encore un classique, mais il le sera un jour, alors même que d’autres, tel Barrès, auront cessé de l’être. »
Ernst Jünger
Lettre à Carl Schmitt le 8 mars 1943 in Ernst Jünger, Carl Schmitt, Correspondance 1930 – 1983, trad. François Poncet, éditions Krisis et Pierre-Guillaume De Roux, 2020
« On ne dira jamais assez ce que la littérature, les arts, le savoir ont dû à l’hospitalité des grands seigneurs français et à l’exemple qu’ils ont donné à l’Europe. On ne dira jamais assez non plus ce qu’ils ont appris aux écrivains, leur sens du style. Eux-mêmes ont été souvent des écrivains supérieurs. La Rochefoucauld, Saint-Simon, le prince de Ligne, la marquise du Deffand. Cela compense peut-être leur naïveté politique. »
Marc Fumaroli
Notre art de vivre est né du mariage des lettres et de l’épée, entretien. Propos recueillis par Patrick Jansen, Enquête sur l’histoire n°24, décembre 1997 – janvier 1998
« Le simple jeu de l’imagination, cette faculté que nous avons de créer, par des mots, un monde irréel, et de l’imposer, ne serait-ce que fugitivement, à l’esprit d’autrui, c’est une sorte de sport, aussi satisfaisant, à sa manière, que celui qui consiste à feindre une petite guerre entre deux équipes dont chacune s’efforce de rejeter, dans le camp adverse, un ballon ovale ou un ballon rond. »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
« À côté des âneries du “réalisme socialiste” s’est développé, dans des circonstances dramatiques, un “underground” est-européen d’une vitalité saisissante, et d’une extraordinaire qualité. Quatre au moins, parmi les plus grands écrivains du siècle, nous viennent des pays communistes : les Russes Boulgakov, Siniavski et Soljénitsyne ; le Tchèque Kundera. Si ennemis que nous soyons de l’idéologie marxiste, nous maintenons que l’Europe, la vraie, ne se fera pas sans les peuples slaves — encore moins contre eux ! »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
« Certes l’Amérique exporte beaucoup de camelote, mais le roman de série noire et la science-fiction sont des genres bien vivants, qui ont sorti le roman contemporain du bourbier naturaliste et lui ont redonné un certain sens du mythe, de la grandeur. »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
« Tel est le romantisme : une passionnante plongée dans le subconscient européen, un inventaire, non encore exhaustif, mais déjà d’une richesse incroyable, de notre domaine culturel. Après cela, l’Europe se consolide sous la forme que nous lui connaissons : bourgeoise, mercantile, colonialiste, démocratisante, niveleuse, nationaliste… »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
« (…) Je conclus que si le pouvoir corrosif des mots avait quelque fonction créatrice, c’est dans la beauté formelle de ce « corps idéal » qu’il devait trouver un modèle, et que l’idéal, dans les arts du verbe, devait reposer uniquement sur l’imitation de cette beauté physique, en d’autres termes, sur la poursuite d’une beauté exempte absolument de toute corrosion. »
Yukio Mishima
Le soleil et l’acier, 1968, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1973, éditions Gallimard, coll. Folio, 1993
« Il faut reconnaître que la littérature romanesque et sentimentale, oscillant entre tragique et vaudeville, humour et sociologie, ainsi que la littérature idéologique, nationaliste, guerrière parfois, ont parfois obscurci les réalités de l’alpinisme, en en donnant une image biaisée. Non, l’Alpe n’est pas homicide. Non, on ne “déflore” pas un sommet “vierge”. Non, le rappel ne sert pas à monter mais à descendre. Non, grimper “à mains nues” ne veut pas dire “sans gants” mais “sans aide” – et n’est pas la traduction de by fair means. Oui, le Tartarin d’Alphonse Daudet posera toujours des questions absurdes à M. Dumollet, l’anti-héros de Samivel. »
Anne-Laure Blanc
Monts affreux, monts sublimes ? L’alpinisme, une école de vie, 6e colloque annuel de l’Institut Iliade, 19 septembre 2020
« Non seulement le conservatisme est totalement compatible avec la défense de l’environnement, mais la protection de l’environnement est évidemment la vocation du conservatisme, qui n’est rien d’autre que la défense du foyer. Une oikophilie. L’idée selon laquelle le monde ne nous appartient pas, il appartient à nos parents, à nos besoins. Il s’agit de revenir au fondement de notre civilisation : le texte fondateur de notre civilisation n’est pas la Bible, c’est l’Odyssée. C’est l’histoire d’un homme, Ulysse, qui essaie de revenir à la compagne de sa vie, Pénélope, qui voyage pour retrouver son foyer. »
Roger Scruton
« Le conservatisme est la philosophie de l’attachement », Limite n°5, janvier 2017