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Citations sur l'homme

Et pourtant, je crois que la religion ne mourra pas…

« Et pour­tant, je crois que la reli­gion ne mour­ra pas, ne peut pas mou­rir. Je pense que l’homme est, de tout éter­ni­té, un ani­mal reli­gieux, qui chaque fois retrouve son enra­ci­ne­ment dans le sacré, rebâ­tit ses temples, recons­ti­tue ses rites, selon les arché­types uni­ver­sels qui prennent des formes diverses à tra­vers les peuples, les époques, les cultures. Après deux mille ans, en Occi­dent, il fal­lait peut-être que l’Église s’évanouisse dans cette pes­ti­lence pour que, dans un affron­te­ment ultime des men­ta­li­tés, notre plus vieux pas­sé, notre pas­sé réel­le­ment fon­da­men­tal et ini­tia­teur, l’hellénique, nous réapparaisse. »

Louis Pau­wels
Com­ment devient-on ce que l’on est ?, édi­tions Stock, 1978

Pour préserver leur existence et leur identité, les hommes doivent aimer…

« Pour pré­ser­ver leur exis­tence et leur iden­ti­té, les hommes doivent aimer leurs familles et leurs peuples, et leur être loyaux. Et c’est seule­ment s’ils pensent que ce qu’ils ont est bon qu’ils peuvent s’en satis­faire. Un père doit pré­fé­rer son enfant aux autres enfants, un citoyen son pays aux autres. C’est pour cela qu’existent les mythes : pour jus­ti­fier ces atta­che­ments. Et un homme a besoin d’un lieu et d’o­pi­nions pour s’o­rien­ter. Tous ceux qui nous parlent de l’im­por­tance des racines l’ad­mettent. Une grande étroi­tesse n’est pas incom­pa­tible avec la san­té d’un indi­vi­du ou d’un peuple, alors qu’a­vec une grande ouver­ture d’es­prit, il est dif­fi­cile d’é­vi­ter la décomposition. »

Allan Bloom
L’Âme désar­mée, édi­tions Jul­liard, 1987

Et je pose que la France est d’abord une identité…

« Et je pose que la France est d’a­bord une iden­ti­té. L’ô­ter, la per­ver­tir, c’est, à la lettre, l’a­lié­ner car les peuples qui ne savent plus qui ils sont deviennent fous et sont, dès lors, prêts à se ruer der­rière l’homme ou dans le sys­tème qui leur redon­ne­ra, même dans le sang et le feu, cette iden­ti­té. Celle-ci est for­cé­ment com­po­site, s’a­gis­sant d’un pays comme la France qui s’est consti­tué au fil des siècles par une sorte de tra­vail amou­reux d’é­bé­nis­te­rie. Avec agré­gats, ajouts, fusions, accords, emboî­tages, soudures.… »

Jean Cau
Pour­quoi la France, édi­tions de La Table Ronde, 1975

La vérité du conservatisme est celle de l’historisme…

« La véri­té du conser­va­tisme est celle de l’his­to­risme, celle du sen­ti­ment de la réa­li­té his­to­rique, entiè­re­ment atro­phiée chez le révo­lu­tion­naire et chez le radi­cal. Nier la suc­ces­sion his­to­rique, c’est reje­ter et détruire la réa­li­té his­to­rique, c’est vou­loir igno­rer l’or­ga­nisme his­to­rique vivant, c’est atten­ter à l’être réel ; cela revient à nier et à détruire l’hé­ré­di­té per­son­nelle du moi. La réa­li­té his­to­rique repré­sente un indi­vi­du d’un type par­ti­cu­lier. Elle a une durée orga­nique, ain­si que des degrés hié­rar­chiques. Détruire la struc­ture hié­rar­chique du cos­mos his­to­rique, c’est détruire l’his­toire, et non pas la faire. Il se forme dans le cos­mos his­to­rique des qua­li­tés qui sont irré­duc­tibles et indes­truc­tibles dans leur fon­de­ment onto­lo­gique. Cette hié­rar­chie des qua­li­tés fixées dans l’his­toire ne doit pas faire obs­tacle à la for­ma­tion de qua­li­tés nou­velles, elle ne doit pas bri­der l’é­lan créa­teur. Mais aucun mou­ve­ment, aucune for­ma­tion de qua­li­tés nou­velles ne peuvent anéan­tir ni effa­cer les valeurs et les qua­li­tés his­to­riques déjà cristallisées. »

Nico­las Berdiaev
De l’inégalité, édi­tions L’Âge d’homme, 2008

Mais quelle Europe ? C’est pourtant en réfléchissant sur l’Europe…

« Mais quelle Europe ? C’est pour­tant en réflé­chis­sant sur l’Europe que nous pour­rions accé­der au plus haut point de vue d’où nous serait dévoi­lé dans tout ce qui se passe” un unique enjeu. Je ne parle pas de l’Europe des mar­chés ou de l’Europe des masses. Je parle des tra­di­tions fon­da­men­tales de l’esprit euro­péen. Je parle du réveil de la vieille men­ta­li­té euro­péenne, tou­jours pré­sente en nous por­tant. Car l’homme est ceci et cela, mais d’abord du temps lié. Je parle de la vieille recréa­tion, sous des formes nou­velles, du vieil esprit de l’Europe, pro­mé­théen et aris­to­cra­tique. Pro­mé­théen : la volon­té de puis­sance de l’homme sur la nature. Aris­to­cra­tique : recon­naître et culti­ver dans les hommes leur capa­ci­té à se dis­tin­guer les uns des autres. Vieil esprit pour lequel chif­frer n’est pas tout, et pour lequel le nombre n’est pas le chef. Vieil esprit pour lequel il y a quelque chose au-des­sus du social, de l’économique, du quan­ti­ta­tif : la facul­té déli­cate, les hautes éner­gies intimes qu’il faut pour sen­tir et pour célé­brer la qua­li­té. Vieil esprit immor­tel qui voit dans les plus pro­fonds enra­ci­ne­ments la condi­tion de la plus haute élé­va­tion, dans la dis­pa­ri­té des natures humaines la condi­tion de l’humanité orga­nique, dans la diver­si­té des cultures la condi­tion de la culture. Je dis que notre fonds est à repen­ser. Res­sai­sir le pas­sé de l’Europe, notre héri­tage, et l’adapter au nou­veau mil­lé­naire qui approche. Rien ne me paraît plus impor­tant que la réflexion sur ce qu’il y a de spé­ci­fique dans l’esprit euro­péen. Il y a bien, pour moi, un unique enjeu. Recréer le monde men­tal euro­péen qui s’oppose à la fois au com­mu­nisme et à l’américanisme. Et en refaire le pre­mier parce qu’il fut le primordial. »

Louis Pau­wels
Com­ment devient-on ce que l’on est ?, édi­tions Stock, 1978

Ce que l’homme sain hait le plus, c’est la dégénérescence…

« Ce que l’homme sain hait le plus et com­prend le moins, c’est la dégé­né­res­cence de son propre type. Il per­çoit là une menace pré­cise, immé­diate, per­son­nelle, un dan­ger pro­fond qui ne laisse aucune place à la réflexion et à l’indulgence. Ain­si le pay­san déteste ins­tinc­ti­ve­ment et sans rémis­sion le men­diant rural : il sent trop bien que ce serait là son sort s’il se relâ­chait dans son dur tra­vail. Réci­pro­que­ment, l’être abâ­tar­di hait les formes supé­rieures de son type comme on peut haïr l’incarnation de sa propre condam­na­tion, de son propre remords. »

Gus­tave Thibon
Des­tin de l’homme, édi­tions Des­clée de Brou­wer, 1941

Ce n’est pas de systèmes que nous manquons…

« Ce n’est pas de sys­tèmes que nous man­quons, mais d’éner­gie : l’énergie de confor­mer nos mœurs à nos façons de sentir. »

Mau­rice Barrès
L’Ennemi des lois. Mau­rice Bar­rès, romans et voyages, 1893, Tome I, édi­tions Robert Laf­font, 1994

Lorsque l’on considère l’intervention de la douleur…

« Lorsque l’on consi­dère l’intervention de la dou­leur dans le domaine de la pro­créa­tion, il ne faut pas non plus oublier l’attentat contre les êtres encore à naître, qui pré­sente tous les traits du carac­tère à la fois faible et bes­tial du Der­nier Homme. Un esprit que son manque de dis­cer­ne­ment entraîne à confondre la guerre et le meurtre, ou encore le crime et la mala­die, choi­si­ra for­cé­ment dans la lutte pour l’espace vital la manière de tuer la moins dan­ge­reuse et la plus pitoyable. Dans un uni­vers d’avocats, on n’entend que les doléances des accu­sa­teurs, non celles des êtres muets et sans défense. »

Ernst Jün­ger
Sur la Dou­leur (Über den Schmertz), 1934, trad. Julien Her­vier, édi­tions Le Pas­seur-Ceco­fop, 1994

Le rôle de la Grèce dans l’évolution humaine…

« Le rôle de la Grèce dans l’évolution humaine se résume en l’idée maî­tresse qu’elle a fait reluire sur le monde. Cette idée peut se for­mu­ler ain­si : L’œuvre hel­lé­nique fut la plus par­faite réa­li­sa­tion du Divin dans l’Humain sous la forme du Beau. »

Édouard Schu­ré
Le Miracle hel­lé­nique, in Revue des Deux Mondes, tome 7, 1912

Concevoir toutes les manifestations de la nature organique…

« (…) ordon­ner son cer­veau, conce­voir toutes les mani­fes­ta­tions de la nature orga­nique et inor­ga­nique et notre âme elle-même comme des par­ties de l’âme uni­ver­selle qui englobe tout, comme des par­celles indi­vi­duelles du grand corps de l’u­ni­vers ! Telle est la seule tâche pour ceux qui veulent vivre noblement. »
Mau­rice Barrès
Les déra­ci­nés, Biblio­thèque-Char­pen­tier, Eugène Fas­quelle Édi­teur, 1897
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