« Ce n’est pas le titre qui honore l’homme, mais l’homme qui honore le titre. »
Nicolas Machiavel
Le Prince (Il Principe), 1532, trad. Yves Lévy, éditions Garnier-Flammarion, 1980
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« Ce n’est pas le titre qui honore l’homme, mais l’homme qui honore le titre. »
Nicolas Machiavel
Le Prince (Il Principe), 1532, trad. Yves Lévy, éditions Garnier-Flammarion, 1980
« Ne comprenez-vous pas que le don de soi, le risque, la fidélité jusqu’à la mort, voilà des exercices qui ont largement contribué à fonder la noblesse de l’homme ? Quand vous cherchez un modèle à proposer, vous le découvrez chez le pilote qui se sacrifie pour son courrier, chez le médecin qui succombe sur le front des épidémies, ou chez le méhariste qui, à la tête de son peloton maure, s’enfonce vers le dénuement et la solitude. Quelques-uns meurent chaque année. Si même leur sacrifice est en apparence inutile, croyez-vous qu’ils n’ont point servi ? Ils ont frappé la belle pâte vierge que nous sommes d’abord une belle image, ils ont ensemencé jusqu’à la conscience du petit enfant, bercé par des contes nés de leurs gestes. Rien ne se perd et le monastère clos de murs, lui-même, rayonne. »
Antoine de Saint-Exupéry
Un sens à la vie, éditions Gallimard, coll. Blanche, 1956
« Lorsqu’on recherche et qu’on découvre les véritables causes du combat, on honore l’héroïsme, on l’honore partout, et tout d’abord chez l’ennemi. C’est pourquoi, après une guerre, la réconciliation devrait d’abord se faire entre adversaires combattants. J’écris en tant que guerrier, ce qui n’est peut-être pas d’actualité. Mais pourquoi donc, nous, combattants, ne chercherions-nous pas à nous rencontrer et à nous accorder sur notre propre terrain, celui du courage viril ? Nous ne risquerons pas une déception plus grande que celle qu’éprouvent chaque jour, dans leur propre domaine, les hommes d’État, les artistes, les savants et même les mystiques. N’avons-nous pas serré la main qui venait de nous lancer une grenade, alors que ceux de l’arrière s’enfonçaient toujours plus profondément dans les broussailles de leur haine ? N’avons-nous pas planté des croix sur les tombes de nos ennemis ? »
Ernst Jünger
La Guerre notre Mère (Der Kampf als inneres Erlebnis), 1922, trad. Jean Dahel, éditions Albin Michel, 1934
« Je définirais une société civilisée en ces termes : celle où il y a interaction d’une aristocratie et d’un artisanat. (Je n’ai pas dit : une noblesse ; une bourgeoisie suffit, mais il la faut aristocrate.) Sans artisanat on n’a qu’une peuplade peut-être structurée mais à laquelle le terme “civilisée” ne s’applique pas. Sans aristocratie, on a ce que nous avons maintenant : des couches superposées de semi-professionnels cherchant à gagner un maximum de sous en un minimum d’heures. Cela non plus n’est pas une civilisation. »
Vladimir Volkoff
Le complexe de Procuste, éditions Julliard – L’Âge d’Homme, 1981
« Le petit homme contemporain sait comment il se nomme et de qui il est directement issu. Là se borne sa certitude. Et encore… De la notion du temps, il ne reçoit qu’une perception horizontale, quelque chose de dérisoirement limité. Dans l’éruption continue à la surface de la terre, il se retrouve aggloméré à des milliards d’autres hommes… De la perception verticale, celle qui se hausse par l’échelle du passé, et qui lui rendrait sa noblesse, quelle que soit la modestie de son lignage, il n’a pas conscience. Souvent il la refuse. Débarrassé de ce bagage, il s’imagine courir plus vite ! Il galope en rond, le petit homme, comme une carne au bout d’une longe, avec son anonymat pour piquet. Il n’en sortira jamais. Alors ? […]
Il ne sait rien. En quoi cela le concerne-t-il ? Il se tient seul, au centre de sa vie passagère, entre son père et son fils, bornes extrêmes de son existence […] Alors vous mesurez combien immense et proche est le désert… Je trouve cela inadmissible, révoltant, incroyable, navrant. Je demeure persuadé que la chaîne resta longtemps solide et qu’elle commença à se perdre à l’aube du monde moderne, quand les hommes s’éloignèrent du vrai pour s’occuper de balivernes. »
Jean Raspail
La hache des steppes, éditions Robert Laffont, 1974
« En effet, la noblesse héréditaire, c’est une noblesse “lunaire”, et pour ainsi dire faite de morts. Seule demeure en elle, principe vivant, authentique, dynamique, l’incitation qu’éprouve le descendant de maintenir par ses efforts, le niveau où atteignit son aïeul. Toujours, même en ce sens dénaturé, noblesse oblige ! Le noble d’origine s’oblige à lui-même ; l’héritage oblige le noble héréditaire. »
José Ortega y Gasset
La révolte des masses (La rebelión de las masas, 1929), trad. Louis Parrot, éditions Stock, 1937
« On a fait un grand pas en avant lorsqu’on a fini par inculquer aux grandes masses (aux esprits plats qui ont la digestion rapide) ce sentiment qu’il est défendu de toucher à tout, qu’il y a des évènements sacrés où elles n’ont accès qu’en ôtant leurs souliers et auxquels il ne leur est pas permis de toucher avec des mains impures, — c’est peut-être le point le plus élevé d’humanité qu’ils peuvent atteindre. Au contraire, rien n’est aussi répugnant, chez les êtres soi-disant cultivés, chez les sectateurs des “idées modernes”, que leur manque de pudeur, leur insolence familière de l’œil et de la main qui les porte à toucher à tout, à goûter de tout et à tâter de tout ; et il se peut qu’aujourd’hui, dans le peuple, surtout chez les paysans, il y ait plus de noblesse relative du goût, plus de sentiment de respect, que dans ce demi-monde des esprits qui lisent les journaux, chez les gens cultivés. »
Friedrich Nietzsche
Par-delà le bien et le mal – Prélude d’une philosophie de l’avenir (Jenseits von Gut und Böse – Vorspiel einer Philosophie der Zukunft), 1886, trad. Patrick Wotling, éditions Garnier-Flammarion, 2000
« Appartenir à l’aristocratie, cela ne consiste pas à bénéficier de plus de privilèges ou de droits supplémentaires, mais à s’imposer plus de charges, à se faire une idée plus haute de ses devoirs, à se sentir plus responsable que les autres. Se comporter de manière noble, de quelque milieu social que l’on provienne, c’est n’être jamais satisfait de soi, ne jamais raisonner en termes d’utilité. Beauté de la gratuité, beauté de la dépense “inutile”, beauté du geste. »
Alain de Benoist
Mémoire vive, entretiens avec François Bousquet, éditions de Fallois, 2012
« Pour moi, noblesse est synonyme d’une vie vouée à l’effort ; elle doit toujours être préoccupée à se dépasser elle-même, à hausser ce qu’elle est déjà vers ce qu’elle propose comme devoir et comme exigence. De cette manière, la vie noble reste opposée à la vie médiocre ou inerte, qui, statistiquement, se referme sur elle-même, se condamne à une perpétuelle immanence tant qu’une force extérieure ne l’oblige à sortir d’elle-même. C’est pourquoi nous appelons masse, ce type d’homme, non pas tant parce qu’il est multitudinaire que parce qu’il est inerte. »
José Ortega y Gasset
La révolte des masses (La rebelión de las masas, 1929), trad. Louis Parrot, éditions Stock, 1937
« Au fil des siècles, chez les peuples européens et dans chacune de leurs cultures particulières, les formes du pouvoir nobiliaire n’ont pas cessé de changer, et souvent de façon rapide, mais la fonction politique et morale de la noblesse, en Grèce, à Rome, en Germanie, dans l’Europe médiévale ou moderne, est restée identique pour l’essentiel. La noblesse n’est pas l’aristocratie ; il y a des aristocraties de la fortune et de l’argent. Elle n’est que partiellement dépendante de l’hérédité. Elle repose sur le mérite, et celui-ci doit toujours être confirmé. La noblesse se gagne et se perd. Elle vit sur l’idée que le devoir et l’honneur sont plus importants que le bonheur individuel. Ce qu’elle a en propre c’est son caractère public. Elle est faite pour diriger la chose publique, la res publica. Sa vocation n’est pas d’occuper le sommet de la société mais le sommet de l’État. Ce qui la distingue, ce ne sont pas les privilèges, mais le fait d’être sélectionnée pour commander. Elle gouverne, juge et mène au combat. La noblesse est associée à la vigueur des libertés publiques. Ses terres d’élection sont les libertés féodales et les monarchies aristocratiques ou constitutionnelles. Elle est impensable dans les grandes tyrannies orientales, Assur ou l’Égypte. En Europe même, elle s’étiole ou disparaît chaque fois que s’établit un pouvoir despotique, ce qu’est le centralisme étatique. Elle implique une personnalisation du pouvoir qui humanise celui-ci à l’inverse de la dictature anonyme des bureaux. »
Dominique Venner
Histoire et tradition des Européens, Éditions du Rocher, coll. Histoire, 2002
« Signes de noblesse : ne jamais songer à rabaisser nos devoirs à être des devoirs pour tout le monde ; ne pas vouloir renoncer à sa propre responsabilité, ne pas vouloir la partager ; compter ses privilèges et leur exercice au nombre de nos devoirs. »
Friedrich Nietzsche
Par-delà le bien et le mal – Prélude d’une philosophie de l’avenir (Jenseits von Gut und Böse – Vorspiel einer Philosophie der Zukunft), 1886, trad. Patrick Wotling, éditions Garnier-Flammarion, 2000