« La politique a un seul but : répondre aux terreurs de l’homme. »
Giuliano da Empoli
Le mage du Kremlin, éditions Gallimard, 2022
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« La politique a un seul but : répondre aux terreurs de l’homme. »
Giuliano da Empoli
Le mage du Kremlin, éditions Gallimard, 2022
« La première chose dont on a besoin, c’est un parti. […] La nostalgie qu’ils [les Russes] éprouvent n’est pas pour le communisme en soi, elle est pour l’ordre, le sens de la communauté, l’orgueil d’appartenir à quelque chose de vraiment grand. Les Russes ne sont pas et ne seront jamais comme les Américains. Cela ne leur suffit pas de mettre de l’argent de côté pour s’acheter un lave-vaisselle. Ils veulent faire partie de quelque chose d’unique. Ils sont prêts à se sacrifier pour ça. Nous avons le devoir de leur restituer une perspective qui aille au-delà du prochain versement mensuel pour la voiture. Ce qu’il faut, c’est l’unité. Un mouvement qui redonne de la dignité aux gens. »
Giuliano da Empoli
Le mage du Kremlin, éditions Gallimard, 2022
« Recevoir la vocation, ce n’est pas seulement recevoir un cadeau ou un ordre, c’est aussi assumer une sorte de culpabilité, de même qu’un soldat qu’on fait sortir du rang pour le nommer officier est d’autant plus digne de cette promotion qu’il la paye en se sentant en dette, en ayant même mauvaise conscience vis-à-vis de ses camarades. »
Hermann Hesse
Le Jeu des perles de verre (Das Glasperlenspiel), 1943, trad. Jacques Martin, Calmann-Lévy éditeur, 1955
« Il y a chez l’homme moderne un besoin de simplification qui tend à se satisfaire par tous les moyens. Et cette monotonie artificielle qu’il s’efforce de créer, et cette monotonie qui envahit de plus en plus le monde, cette monotonie est le signe de notre grandeur. Elle marque l’empreinte d’une volonté, d’une volonté utilitaire ; elle est l’expression d’une unité, d’une loi qui régit toute notre activité moderne : la loi de l’utilité. »
Blaise Cendrars
Moravagine, 1926, éditions Grasset, coll. Le Livre de Poche, 1956
« Aucune civilisation n’a jamais échappé à l’apologétique de la femme, à part quelques rares sociétés de jeunes mâles guerriers et ardents, dont l’apothéose et le déclin ont été aussi rapides que brefs, telles que les civilisations pédérastiques des Ninivites et des Babyloniens, plutôt consommatrices que créatrices, qui ne connaissaient nul frein à leur activité fiévreuse, nulle limite à leur appétit énorme, nulle borne à leurs besoins, et qui se sont pour ainsi dire dévorées elles-mêmes en disparaissant sans laisser de traces, ainsi que meurent toutes les civilisations parasitaires en entraînant tout un monde derrière elles. »
Blaise Cendrars
Moravagine, 1926, éditions Grasset, coll. Le Livre de Poche, 1956
« L’ambitieux ne reste pas longtemps seul au milieu du monde. »
Pierre Drieu la Rochelle
L’homme à cheval, 1943, éditions Gallimard, coll. Folio, 1973
« Le fer se rouille, faute de s’en servir, l’eau stagnante perd de sa pureté et se glace par le froid. De même, l’inaction sape la vigueur de l’esprit. »
Léonard de Vinci
Carnets, dir. Pascal Brioist, éditions Gallimard, coll. Quarto, 2019
« La technologie, avec l’enregistrement et la radio, révolutionne le rapport des individus et des sociétés à la musique et au son. D’une pratique naturelle et vivante dans une écoute collective, l’enregistrement a permis une écoute artificielle individuelle, corrosive pour les liens sociétaux entretenus traditionnellement par la musique. »
Thierry DeCruzy
Démondialiser la musique. Une réponse au naufrage musical européen, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Iliade, 2022
« Le bourgeois n’est pas une chose, c’est un être ; certaines ressemblances éloignées ont d’abord fait croire qu’il appartenait au genre homme ; en effet, il est bipède et bimane ; c’est ce qui a induit les naturalistes en erreur. Des quadrupèdes peuvent apprendre à marcher sur les pieds de derrière, cela se voit tous les jours, les chiens savants en font preuve ; et cependant, qui a jamais songé à dire que les chiens étaient des hommes ? »
Théophile Gautier
Monographie du bourgeois parisien, in La Peau de tigre, Michel Lévy frères, 1866
« Nous, Lorrains, nous ne sommes pas Français, parce que la France est la fille “aînée de l’Église” ni parce qu’elle a fourni au monde la “Déclaration des Droits de l’Homme”, nous n’avons pas adhéré à la Patrie comme à un esprit, comme à un ensemble de principes. En fait, nous sommes venus à la France parce que nous avions besoin d’ordre et de paix et que nous ne pouvions pas en trouver ailleurs. Notre patriotisme n’a rien d’idéaliste, de philosophique ; nos pères étaient fort réalistes. Et pourtant il est bien exact que nous tendions vers la France plutôt que vers l’Allemagne, parce que celle-là est une nation catholique, et c’est encore vrai que les conquêtes civiles de la Révolution et les gloires militaires de l’Empire ont gagné le cœur de notre population. Ainsi, notre patriotisme est fait de tous les éléments que les dialecticiens s’efforcent de maintenir séparés et en opposition. »
Maurice Barrès
La Terre et les Morts, troisième conférence, La Patrie française, 1899
« “Apaisement” veut dire “renoncement”. »
Laurent Obertone
La France Big Brother, éditions Ring, coll. Documents, 2015
« Il est certain que chez la plupart de nos contemporains la distinction du possédant et du non-possédant finit par tenir lieu de toutes les autres. Le possédant se voit lui-même comme un mouton guetté par le loup. Mais aux yeux du pauvre diable, le mouton devient un requin affamé qui s’apprête à gober une ablette. La gueule sanglante qui s’ouvre à l’horizon les mettra d’accord en les dévorant tous ensemble. »
Georges Bernanos
Les grands cimetières sous la lune, Librairie Plon, 1938, coll. Le Livre de Poche, 1977