Un projet de l'Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne

Citatio, un portail ouvert sur notre civilisation

Nous menons un travail long et exigeant afin d'assurer la qualité des milliers de citations que nous vous proposons. Tout cela a un coût que vous pouvez nous aider à supporter en faisant un don.

Avant tout, Sparte est une certaine idée du monde…

« Avant tout, Sparte est une cer­taine idée du monde et une cer­taine idée de l’homme. C’est pour cela qu’elle fait peur. Sparte croît que fina­le­ment, c’est l’épée qui décide. Qu’on ne peut échap­per à son ver­dict. Que le nombre des vais­seaux et les marbres des por­tiques, que les palais et les soie­ries et les somp­tueuses litières, que le pres­tige et l’éclat ne sont que des giran­doles, des marottes de cris­tal, des lam­pions qu’une tem­pête peut éteindre et bri­ser tout à coup : qu’il faut être prêt pour cette tem­pête. Qu’on n’a point de liber­té sans cela et que les cités qui oublient que la liber­té se défend à chaque ins­tant, qu’elle se gagne à chaque ins­tant, sont déjà sans le savoir des cités esclaves. Le culte de l’énergie, du cou­rage et de la force, ne sont que des consé­quences de cette concep­tion de la cité. »

Mau­rice Bardèche
Sparte et les Sudistes, édi­tions Les Sept Cou­leurs, 1969

Ils avaient été des hommes qui connaissaient la peine…

« Mais en véri­té, ils avaient été des hommes qui connais­saient la peine, les pri­va­tions, la vio­lence, la débauche — mais ne connais­saient point la peur et n’é­prou­vaient aucun élan de méchan­ce­té en leur cœur. Des hommes dif­fi­ciles à diri­ger, mais faciles à ins­pi­rer, des hommes sans voix — mais suf­fi­sam­ment virils pour mépri­ser dans leur cœur les voix sen­ti­men­tales qui se lamen­taient sur la dure­té de leur des­tin. C’é­tait un des­tin et c’é­tait le leur ; cette capa­ci­té de le sup­por­ter leur sem­blait le pri­vi­lège des élus ! Leur géné­ra­tion vivait muette et indis­pen­sable, sans connaître les dou­ceurs de l’af­fec­tion ou le refuge du foyer — et mou­rait libre de la sombre menace d’une tombe froide. Ils étaient les éter­nels enfants de la mer mys­té­rieuse. Leurs suc­ces­seurs sont les fils adultes d’une terre insa­tis­faite. Ils sont moins dépra­vés mais moins inno­cents ; moins irré­vé­ren­cieux mais peut-être aus­si moins croyants ; et s’ils ont appris à par­ler, ils ont aus­si appris à gémir. »

Joseph Conrad
Le nègre du Nar­cisse, 1913, trad. Robert d’Hu­mières, édi­tions Gal­li­mard, coll. L’i­ma­gi­naire, 2007

J’ai vu la grande France s’écrouler…

« J’ai vu la grande France s’é­crou­ler en quelques semaines. Je ne l’ai jamais oublié. Pre­nez les puis­sants d’au­jourd’­hui, tou­jours entre deux avions pri­vés et trois conseils d’ad­mi­nis­tra­tion, avec des rému­né­ra­tions fara­mi­neuses. Leur monde peut implo­ser en qua­rante-huit heures. Et com­bien d’entre eux se réfu­gie­ront sous la table, trem­blants de peur, à essayer de sau­ver leur peau ? »

Hélie Denoix de Saint Marc
Toute une vie, édi­tions les arènes, 2004

La crainte humaine, en tous les temps, sous tous les cieux…

« La crainte humaine, en tous les temps, sous tous les cieux, en chaque cœur, n’est jamais qu’une seule et même crainte : la peur du néant, les épou­vantes de la mort. Nous l’entendons déjà de la bouche de Gil­ga­mesh ; nous l’entendons dans le psaume XC, et nous en sommes demeu­rés là jusqu’à l’heure actuelle. La vic­toire sur la crainte de la mort est donc en même temps, le triomphe sur toute autre ter­reur ; elles toutes n’ont de sens que par rap­port à cette ques­tion pre­mière. Aus­si le recours aux forêts est-il, avant tout, marche vers la mort. Elle mène tout près d’elle – et s’il le faut, à tra­vers elle. La forêt, asile de la vie, dévoile ses richesses sur­réelles quand l’homme a réus­si à pas­ser la ligne. Elle tient en elle tout le sur­croît du monde. »

Ernst Jün­ger
Trai­té du rebelle ou le recours aux forêts (Der Wald­gang), 1951, trad. Hen­ri Plard, Chris­tian Bour­gois édi­teur, 1995

Celui qui trompe son ennemi, moyennant la foi qu’il lui jure…

« À ce pro­pos aus­si Andro­li­cas a lais­sé par écrit un mot que vou­lait dire Lysandre, par où il appert qu’il fai­sait bien peu de compte de se par­ju­rer ; car il disait qu’il fal­lait trom­per les enfants avec des osse­lets, et les hommes avec les ser­ments”, sui­vant en cela Poly­crate, le tyran de Samos, mais non pas avec rai­son ; car lui était capi­taine légi­time et l’autre violent usur­pa­teur de domi­na­tion tyran­nique ; et ce n’était point fait en vrai Laco­nien de se com­por­ter envers les dieux ni plus ni moins qu’envers les enne­mis, ou encore pire­ment et plus inju­rieu­se­ment ; car celui qui trompe son enne­mi, moyen­nant la foi qu’il lui jure, donne à connaître qu’il le craint, mais qu’il ne se sou­cie point des dieux. »

Plu­tarque
Vies paral­lèles (in Vie de Lysandre), entre 100 et 120, trad. Anne-Marie Oza­nam, édi­tions Gal­li­mard, coll. Quar­to, 2002

Mais, hors de l’église, autour des bornes et des marches…

« Mais, hors de l’église, autour des bornes et des marches, les serfs étaient cou­chés côté à côte, rang sur rang, dans la terre, tous pareils, tous entre eux, comme des poi­gnées de terre prise aux labours. Là, toutes ces têtes dures et toutes ces pauvres mains étaient tom­bées en pous­sière. Dix noms effa­cés par les pluies, et c’était toute la force éteinte et renou­ve­lée de Sabo­las, depuis le temps où l’évêque Isarn chas­sa les Sar­ra­sins… Ces tré­pas­sés n’avaient en leur vie guère par­lé plus que les bœufs du sillon et les mou­tons du pâtis — et pour­tant ils lais­saient à leurs des­cen­dants maintes leçons. Nul gri­moire ne conser­vait aux coffres de Mor­tut le sou­ve­nir de mille manants défunts. Qu’est-ce que l’on savait d’eux ? Rien que ces noms qu’ils avaient trans­mis avec la peur de l’enfer, et le res­pect du sei­gneur, et l’appel confus de l’humaine fatigue vers l’avenir menteur… »

Hen­ri Béraud
Le bois du tem­plier pen­du, 1926, édi­tions Le Livre de Poche, 1965

Auteurs

Auteurs récemment ajoutés

Livres

À l'affiche

Comprendre la stratégie hongroise
Dominique Venner. La flamme se maintient
Sur les chemins noirs
Bienvenue dans le meilleur des mondes. Quand la réalité dépasse la science-fiction
Frédéric Mistral. Patrie charnelle et Provence absolue
Les Indo-Européens
Le soleil et l'acier
L’exil intérieur. Carnets intimes
La société de propagande
Tolkien, l’Europe et la tradition. La civilisation à l’aune de l’imaginaire
Voyage au bout de la nuit
Game over. La révolution antipolitique
Pour un réveil européen. Nature - Excellence - Beauté
Ceux de 14
La hache des steppes
Le japon moderne et l'éthique samouraï
Walter, ce boche mon ami
Les grandes légendes de France
Courage ! manuel de guérilla culturelle
À propos des Dieux. L’esprit des polythéismes
Les Déshérités ou l’urgence de transmettre
L’enracinement
Impasse Adam Smith. Brèves remarques sur l'impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche
Citadelle
Œuvres en prose complètes, tome III
L'Empire du politiquement correct
L’opprobre. Essai de démonologie
La grande séparation
Orthodoxie
Économie et société médiévale
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis
Précis de décomposition
L’homme surnuméraire
L'Argent
Les Horreurs de la démocratie
Petit traité sur l’immensité du monde
La Cause du peuple
Histoire et tradition des Européens
Mémoire vive. Entretiens avec François Bousquet
Le déclin du courage
Sire
La France contre les robots
Le regard des princes à minuit
L’œuvre de chair
Service inutile
Traité du rebelle ou le recours aux forêts
Les sentinelles du soir
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?