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Citations sur les sciences

La science elle-même se déploie dans le temps…

« La science elle-même se déploie dans le temps, bien sûr : elle découvre peu à peu de nou­velles connais­sances, de nou­velles véri­tés, qui ajustent l’une après l’autre notre repré­sen­ta­tion du réel. Mais si la science a une his­toire, c’est celle d’un mou­ve­ment vers cette véri­té qui n’en a pas, et dont la néces­si­té est étran­gère à nos décou­vertes. L’his­toire des sciences a un sens, parce que les sciences s’ap­prochent peu à peu dans le temps de ce qui est exté­rieur au temps. Et on peut par­ler de ce che­mi­ne­ment de la science comme d’un pro­grès, si l’on consi­dère ce che­mi­ne­ment par rap­port à l’ob­jec­tif immuable que consti­tue la véri­té, vers laquelle tout cher­cheur tente sim­ple­ment d’avancer.
On ne peut donc par­ler de pro­grès que pour décrire un mou­ve­ment qui se connaît pour but un point d’ar­ri­vée immobile. »

Fran­çois-Xavier Bellamy
Demeure. Pour échap­per à l’ère du mou­ve­ment per­pé­tuel, Édi­tions Gras­set, 2018

Le transhumanisme se donne un but totalement autre…

« Le trans­hu­ma­nisme se donne un but tota­le­ment autre : non pas répa­rer le corps humain, mais le rem­pla­cer. Il ne s’a­git plus de se mode­ler sur une régu­la­ri­té natu­relle, que l’on appelle la san­té — l’é­tat du corps dans son cours ordi­naire, quand aucune patho­lo­gie n’est venue le trou­bler. Le pro­gres­sisme post-moderne ne veut pas rece­voir l’homme tel qu’il est, mais le dépas­ser — pour cela, il faut com­men­cer par le mépri­ser, et par se mépri­ser soi-même. »

Fran­çois-Xavier Bellamy
Demeure. Pour échap­per à l’ère du mou­ve­ment per­pé­tuel, Édi­tions Gras­set, 2018

Lorsqu’on pense aux moyens chaque fois plus puissants…

« Lors­qu’on pense aux moyens chaque fois plus puis­sants dont dis­pose le sys­tème, un esprit ne peut évi­dem­ment res­ter libre qu’au prix d’un effort conti­nuel. Qui de nous peut se van­ter de pour­suivre cet effort jus­qu’au bout ? Qui de nous est sûr, non seule­ment de résis­ter à tous les slo­gans, mais aus­si à la ten­ta­tion d’op­po­ser un slo­gan à un autre ? »

Georges Ber­na­nos
La France contre les robots, 1946, édi­tions Robert Laf­font, 1947, Le Cas­tor Astral édi­teur, coll. Galaxie, 2017

Il n’y a pas de progrès qui vaille…

« Il n’y a pas de pro­grès qui vaille (et qui puisse rendre super­flu la fonc­tion que peut avoir la reli­gion au sens le plus haut et sévère, pour l’homme non dégra­dé), quand il s’agit de pro­blèmes plus réels, qui sont ceux de la mort, de l’angoisse exis­ten­tielle, de bou­le­ver­se­ments dus à l’irruption de l’irrationnel, aux pas­sions et aux ins­tincts eux-mêmes. Croire le contraire, croire que le pro­grès, la science, la tech­no­cra­tie ou même le Christ quand il est pré­sen­té comme un modèle d’altruisme huma­ni­taire, puisse résoudre de tels pro­blèmes, relève du pri­mi­ti­visme et d’un manque com­plet de sens du tra­gique de la vie et de la condi­tion humaine. »

Julius Evo­la
Il Conci­lia­tore, 15 juin 1969

Toute la science moderne n’a pas la moindre valeur de connaissance…

« Toute la science moderne n’a pas la moindre valeur de connais­sance ; elle se base sur un renon­ce­ment for­mel à la connais­sance au sens vrai. La force motrice et orga­ni­sa­trice de la science moderne ne dérive pas du tout de l’idéal de la connais­sance, mais exclu­si­ve­ment de l’exigence pra­tique, et peut-on dire, de la volon­té de puis­sance appli­quée aux choses, à la nature […] En der­nière ana­lyse, l’élan vers la connais­sance s’est trans­for­mé en une impul­sion à domi­ner, et c’est d’un scien­ti­fique, B. Rus­sel, qu’on tient l’aveu que la science, de moyen de connaître le monde, est deve­nu un moyen de chan­ger le monde. »

Julius Evo­la
Che­vau­cher le tigre (Caval­care la tigre), 1961

L’humanité sur cette terre se trouve dans une situation dangereuse…

« L’humanité sur cette terre se trouve dans une situa­tion dan­ge­reuse. Pour­quoi ? Est-ce pour la seule rai­son qu’une troi­sième guerre mon­diale peut écla­ter brus­que­ment et qu’elle entraî­ne­rait la des­truc­tion com­plète de l’humanité et la ruine de la terre ? Non pas. Un dan­ger beau­coup plus grand menace les débuts de l’âge ato­mique – et pré­ci­sé­ment au cas où le risque d’une troi­sième guerre mon­diale pour­rait être écar­té […] (Ce dan­ger, c’est) qu’un jour, la pen­sée cal­cu­lante fût la seule à être admise et à s’exercer […] Alors la plus éton­nante et féconde vir­tuo­si­té du cal­cul qui invente et pla­ni­fie s’accompagnerait… d’indifférence envers la pen­sée médi­tante, c’est-à-dire d’une totale absence de pen­sée. Et alors ? Alors l’homme aurait nié et reje­té ce qu’il pos­sède de plus propre, à savoir qu’il est un être pensant. »

Mar­tin Heidegger
Séré­ni­té (Gelas­sen­heit), 1955, in Ques­tions III, édi­tions Gal­li­mard, 1966

Ce n’est pas dans la science qu’est le bonheur…

« Ah ! ce n’est pas dans la science qu’est le bon­heur, mais dans l’acquisition de la science ! Savoir pour tou­jours, c’est l’éternelle béa­ti­tude ; mais tout savoir, ce serait une dam­na­tion de démon. »

Edgar Allan Poe
Puis­sance de la parole (The Power of Words), 1845, trad. Charles Bau­de­laire, in Nou­velles his­toires extra­or­di­naires, 1857, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2008

La pertinence est la règle de base de l’apprentissage…

« La per­ti­nence (per­ti­nere : « appar­te­nir à », « être dans le sujet ») est la règle de base de l’apprentissage du savoir. Il est indis­pen­sable d’être d’abord per­ti­nent dans toutes les matières abor­dées. Mais lorsque la crise déborde et frappe d’inanité ces modestes sapiences – modestes par leur faible enver­gure et pro­fon­deur, mais ter­ri­ble­ment immo­destes par leur volon­té d’hégémonie – le recours à l’impertinence est une sagesse rebelle qui ouvri­ra de nou­velles pers­pec­tives, lève­ra les grilles de nos pri­sons idéo­lo­giques. »

Jacques Mar­laud
Inter­pel­la­tions – Ques­tion­ne­ments méta­po­li­tiques, édi­tions Dual­pha, 2004

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