« On ne recule devant rien, devant aucune absurdité pour échapper à son âme. »
Carl Gustav Jung
L’Âme et la Vie, recueil de textes, trad. Roland Cahen et Yves Le Lay, éditions Buchet-Chastel, 1963, Le Livre de Poche, coll. Références, 1995
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« On ne recule devant rien, devant aucune absurdité pour échapper à son âme. »
Carl Gustav Jung
L’Âme et la Vie, recueil de textes, trad. Roland Cahen et Yves Le Lay, éditions Buchet-Chastel, 1963, Le Livre de Poche, coll. Références, 1995
« 14 juillet – Fête de la République. Je me suis promené par les rues. Les pétards et les drapeaux m’amusaient comme un enfant. C’est pourtant fort bête d’être joyeux, à date fixe, par décret du gouvernement. Le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient et tantôt férocement révolté. On lui dit : “Amuse-toi.” Il s’amuse. On lui dit : “Va te battre avec le voisin”. Il va se battre. On lui dit : “Vote pour l’Empereur”. Il vote pour l’Empereur. Puis, on lui dit : “Vote pour la République”. Et il vote pour la République. »
Guy de Maupassant
Le Horla et autres récits fantastiques, 1882 – 1887, éditions Le Livre de Poche, coll. Classiques, 2016
« Le jour de mon départ, nous nous sommes longuement serré la main. Ce n’est pas un de ces imbéciles qui vous broient les phalanges pour vous faire croire à leur franchise. Non il préfère un chaud contact, paume contre paume, l’enveloppante caresse de l’amitié. On ne lui échappe pas. Sa méfiance naturelle une fois évanouie, son regard dit tout. Figurez-vous que je suis très fier de lui avoir plu, d’avoir été, du moins en certaines circonstances, à sa hauteur. Il m’a fait don d’un peu de son courage et auprès de lui, j’ai retrouvé ma qualité d’homme. Naturellement, il était tard aux yeux des autres, aux yeux de Daniel surtout, mais je ne quête plus d’autre approbation que la mienne. »
Michel Déon
Les poneys sauvages, éditions Gallimard, 1970, coll. Folio, 2013
« La stupidité et la tristesse de la civilisation présente sont dues, au moins en partie, à la suppression des forces élémentaires de la jouissance esthétique dans la vie quotidienne. »
Alexis Carrel
L’homme, cet inconnu, éditions Plon, 1935
« J’admire les idiots cultivés, enflés de culture, dévorés par les livres comme par des poux, et qui affirment le petit doigt en l’air qu’il ne se passe rien de nouveau, que tout s’est vu. Qu’en savent-ils ? L’avènement du Christ a été un fait un nouveau. La déchristianisation du monde en serait un autre. Il est clair que personne n’ayant jamais observé ce second phénomène, ne peut se faire une idée de ses conséquences. »
Georges Bernanos
Les grands cimetières sous la lune, Librairie Plon, 1938, coll. Le Livre de Poche, 1977
« La colère des imbéciles remplit le monde. Elle est sans doute moins à craindre que leur pitié. »
Georges Bernanos
Les grands cimetières sous la lune, Librairie Plon, 1938, coll. Le Livre de Poche, 1977
« Toute l’agitation outrée que peut soulever un tel livre ne dépend que de l’air du temps qui va prendre fin. Ce livre est scandaleux, comme un diagnostic de cancer est scandaleux. “C’est contraire à nos valeurs et ça rappelle les heures les plus sombres de notre histoire.”
Voilà comment meurt un imbécile. »
Laurent Obertone
La France interdite, éditions Ring, coll. Documents, 2018
« À notre époque d’intelligence obscurcie, on ne fait aucune difficulté de réclamer pour tous une part égale aux privilèges, aux choses qui ont pour essence d’être des privilèges. C’est une espèce de revendication à la fois absurde et basse ; absurde, parce que le privilège par définition est inégal ; basse, parce qu’il ne vaut pas d’être désiré. »
Simone Weil
La personne et le sacré, 1943, éditions Gallimard, coll. Espoir, 1957, R&N Éditions, 2016
« L’architecte a introduit dans le circuit des entrepreneurs qui introduisent des fournisseurs, des sociétés anonymes ne tardent pas à apparaître, et voilà constituée une de ces “Grandes Compagnies”, une de ces invasions de barbares venus de l’intérieur, sous les pas desquelles l’herbe ne pousse plus. Tout est détruit, rasé, raclé ; quelqu’un s’insurge, défend un bel hôtel, un assemblage de pierres admirable, une porte monumentale, on l’abat sous les sarcasmes avec l’arme totale, l’imparable, celle à laquelle le primaire ne résiste pas : la nécessité de marcher avec son temps, et, s’il insiste, avec le mot “progrès” qui est la bombe atomique des raisonnements imbéciles. »
Jean Giono
Les terrasses de l’île d’Elbe, 1976, éditions Gallimard, coll. L’Imaginaire, 2017
« La civilisation de la quantité opposée à celle de la qualité. Les imbéciles y dominent donc par le nombre, ils sont le nombre […]. Un monde dominé par la force est un monde abominable, mais le nombre dominé par le nombre est ignoble. La force fait tôt ou tard surgir des révoltés, elle engendre l’esprit de révolte, elle fait des héros et des martyrs. La tyrannie abjecte du nombre est une infection lente qui n’a jamais provoqué de fièvre. Le nombre crée une société à son image, une société d’êtres non pas égaux mais pareils, seulement reconnaissables à leurs empreintes digitales. »
Georges Bernanos
La France contre les robots, 1946, éditions Robert Laffont, 1947, Le Castor Astral éditeur, coll. Galaxie, 2017
« Elle est une complicité totale entre l’homme et son environnement, une intimité constante entre l’individu qui vit dans un lieu donné, et toutes les composantes de ce lieu. C’est la vieille histoire du poisson dans l’eau. L’homme de la terre en arrive à connaître si bien son milieu naturel qu’il évite autant que possible de se trouver en conflit avec lui, qu’il en connaît tout ce que cet environnement comporte de leçons pour toutes les époques et toutes les circonstances de la vie. […] Il est facile d’être de son temps. La belle affaire ! N’importe quel imbécile peut être de son temps ! Il suffit de suivre tout le monde et de bêler avec le troupeau.
Mais être de son lieu, ce n’est pas donné à tout le monde. Être de son lieu, c’est justement établir entre l’endroit où l’on vit, où l’on a ses occupations, où l’on mène son existence tout entière, entre l’endroit où l’on vit, donc, et soi-même, cette espèce d’entente qui fait qu’on finit par approcher de ce qu’on appelle la sagesse. »
Pierre-Jakez Hélias
La sagesse de la terre (avec Jean Markale), Petite Bibliothèque Payot, 1978
« Affaiblissement d’un peuple ou d’une civilisation résultant de causes endogènes, et tendant à lui faire perdre son identité et sa créativité.
Les causes de la décadence sont presque partout les mêmes dans l’histoire : individualisme et hédonisme excessifs, amollissement des mœurs, égoïsme social, dévirilisation, mépris des valeurs héroïques, intellectualisation des élites, déclin de l’éducation populaire, détournement ou abandon de la spiritualité et du sacré, etc.
D’autres causes sont fréquentes : modification du substrat ethnique, dégénérescence des aristocraties naturelles, perte de la mémoire historique, oubli des valeurs fondatrices. La décadence survient lorsque le souci du maintien dans l’histoire de la communauté-du-peuple s’estompe, lorsque les liens communautaires de solidarité et de lignage s’affaiblissent. Pour résumer, on peut dire que la décadence voit des symptômes apparemment contraires se conjuguer : l’excessive intellectualisation des élites, de plus en plus coupées du réel, et la primitivisation du peuple. Panem et circenses…
L’Europe connaît aujourd’hui une telle situation. La plupart du temps, la décadence est mal perçue comme telle et refusée par ses contemporains. Ceux qui la dénoncent sont assimilés à des prophètes de malheur. Les époques de décadence se parent souvent du masque de la renaissance. Ces attitudes sont des comportements de conjuration du réel, d’occultation des symptômes dans le but de rassurer.
Aucune décadence ne doit être considérée comme irréversible. Il faut cultiver l’optimisme tragique de Nietzsche. “Paris-Marseille en un quart d’heure, c’est formidable ! Car vos fils et vos filles peuvent crever, le grand problème à résoudre sera toujours de transporter vos viandes à la vitesse de l’éclair. Que fuyez-vous donc, imbéciles ? Hélas, c’est vous que vous fuyez, vous-mêmes”. »
Georges Bernanos
La France contre les robots, 1946, éditions Robert Laffont, 1947, Le Castor Astral éditeur, coll. Galaxie, 2017