« L’héroïsme n’affronte pas seulement des ennemis concrets, mais aussi des états de l’âme. »
Oswald Spengler
Écrits historiques et philosophiques. Pensées, éditions Copernic, 1980
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« L’héroïsme n’affronte pas seulement des ennemis concrets, mais aussi des états de l’âme. »
Oswald Spengler
Écrits historiques et philosophiques. Pensées, éditions Copernic, 1980
« L’éthique de l’honneur dont l’Antiquité était familière : le courage, l’héroïsme, l’énergie, la virtu, le désintéressement, la tenue, le sens du sacrifice et de la gratuité, le refus instinctif de la bassesse et de la lâcheté, sans oublier le goût du travail bien fait. »
Alain de Benoist
Ce que penser veut dire, Éditions du Rocher, 2017
« Un grec doit savoir se contenir et jouir de ce qu’il reçoit dans les limites de la disposition naturelle. (…) L’impératif de la mémoire irrigue la philosophie grecque. Et constituera l’un des enjeux des poèmes. Rien de trop, était-il écrit sur le portique de Delphes. Cela ne veut pas dire que point trop n’en faut. Cela signifie qu’il convient de savoir s’arrêter aux parapets du monde. Tout dépassement mènera au pire. Tout ce qui brille trop, éclate ou triomphe inconsidérément, subira un jour un retour de bâton. L’Iliade insiste en permanence sur ce revirement de la force. Le vainqueur se trouvera un jour défait. Les héros s’enfuiront après avoir gagné. Les Achéens se débanderont après s’être approchés des Troyens qui, eux-mêmes, reculeront à la suite d’un assaut réussi. La force est un balancier. Elle va et vient… périront de l’avoir utilisée sans modération. »
Sylvain Tesson
Un été avec Homère, éditions des Équateurs, 2018
« L’idée de la destinée tragique, c’est-à-dire la mise face à face, en pleine clarté, de l’homme et des puissances dont il dépend, est offerte aux Grecs par leur histoire légendaire. Les récits touchant les familles divines, héroïques ou royales fournissent un schéma, un motif musical, et l’œuvre du poète tragique consiste à donner à ce schéma, à ce motif une durée réelle, marquée et mesurée par des rythmes, constituée par la vie sous le masque dionysiaque de personnages de chair et d’os : de la scène, ces personnages se relient par le plan incliné du chœur à la foule qui les écoute, à l’humanité qui les encadre et les délègue. Le récit épique, l’épopée homérique animaient dans leur tableau cette même idée de la destinée : mais la tragédie attique naît de l’effort pour la sortir de cette gangue, pour la réaliser sous forme de personnes, pour mener à bien, parallèlement à la sculpture, l’œuvre propre de la vie hellénique, la création intégrale de l’homme. »
Albert Thibaudet
La campagne avec Thucydide, 1922
« Affaiblissement d’un peuple ou d’une civilisation résultant de causes endogènes, et tendant à lui faire perdre son identité et sa créativité.
Les causes de la décadence sont presque partout les mêmes dans l’histoire : individualisme et hédonisme excessifs, amollissement des mœurs, égoïsme social, dévirilisation, mépris des valeurs héroïques, intellectualisation des élites, déclin de l’éducation populaire, détournement ou abandon de la spiritualité et du sacré, etc.
D’autres causes sont fréquentes : modification du substrat ethnique, dégénérescence des aristocraties naturelles, perte de la mémoire historique, oubli des valeurs fondatrices. La décadence survient lorsque le souci du maintien dans l’histoire de la communauté-du-peuple s’estompe, lorsque les liens communautaires de solidarité et de lignage s’affaiblissent. Pour résumer, on peut dire que la décadence voit des symptômes apparemment contraires se conjuguer : l’excessive intellectualisation des élites, de plus en plus coupées du réel, et la primitivisation du peuple. Panem et circenses…
L’Europe connaît aujourd’hui une telle situation. La plupart du temps, la décadence est mal perçue comme telle et refusée par ses contemporains. Ceux qui la dénoncent sont assimilés à des prophètes de malheur. Les époques de décadence se parent souvent du masque de la renaissance. Ces attitudes sont des comportements de conjuration du réel, d’occultation des symptômes dans le but de rassurer.
Aucune décadence ne doit être considérée comme irréversible. Il faut cultiver l’optimisme tragique de Nietzsche. “Paris-Marseille en un quart d’heure, c’est formidable ! Car vos fils et vos filles peuvent crever, le grand problème à résoudre sera toujours de transporter vos viandes à la vitesse de l’éclair. Que fuyez-vous donc, imbéciles ? Hélas, c’est vous que vous fuyez, vous-mêmes”. »
Georges Bernanos
La France contre les robots, 1946, éditions Robert Laffont, 1947, Le Castor Astral éditeur, coll. Galaxie, 2017
« Ce pays est sans espoir.
Pour nous les fanatiques de l’esthétique et du sens, de la culture, de la saveur et de la séduction, pour nous pour qui cela seul est beau qui est profondément moral, et seule passionnante la distinction héroïque de la nature et de la culture, pour nous qui sommes indéfectiblement liés aux prestiges du sens critique et de la transcendance, pour nous c’est un choc mental et un dégagement inouï de découvrir la fascination du non-sens, de cette déconnexion vertigineuse également souveraine dans les déserts et dans les villes. Découvrir qu’on peut jouir de la liquidation de toute culture et s’exalter du sacre de l’indifférence. »
Jean Baudrillard
Amérique, éditions Grasset, 1986, Le Livre de Poche, coll. Biblio essais, 1988
« Le dernier âge c’est l’âge du fer ou […] l’âge sombre. […] À ces formes de décadence s’oppose l’idée d’un cycle possible de restauration appelé par Hésiode le cycle héroïque ou âge des héros. »
Julius Evola
Le Mystère du Graal (Il mistero del Graal e la tradizione ghibellina dell’Impero), 1937
« Un homme sans courage ni bravoure est une chose. »
Napoléon Bonaparte
Virilités, maximes et pensées compilées par Jules Bertaut, éditions Sansot et Cie, 1912
« Aristocrates et paysans acceptaient que leurs fils allassent à la mort. Le bourgeois, lui, “planque” ses enfants car le courage ou l’obéissance héroïque ne sont pas son lot. Pour l’aristocrate : “Si mon fils est un lâche, mon nom est souillé”. Et pour le paysan : “Si je ne défends pas ma terre, l’ennemi l’annexera”. Pour le bourgeois : “Si mon fils est tué, qui héritera de mon or et qui prendra la succession de mon commerce ?” »
Jean Cau
Les écuries de l’Occident. Traité de morale, éditions de La Table Ronde, 1973
« Le héros était l’idéal du Grec. Peut-on dire qu’il est sublime ? Achille est beau. Les héros, comme les dieux grecs sont beaux. Les meilleurs des Grecs sont beaux. Le sublime, me semble-t-il, appartient au christianisme. Une église est sublime parce qu’elle tend vers l’infini, comme l’idéal chrétien de la sainteté qui se réalise dans l’au-delà. Alors que le temple grec est beau parce que le dieu est là. Le temple est la demeure du dieu où son rayonnement se ressent. »
Marcel Conche
Épicure en Corrèze, éditions Stock, 2014
« Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi. »
Henri de La Rochejaquelein
Discours aux soldats de l’Armée catholique et royale, 1794
« Toi seule es jeune, ô Cora ; toi seule es pure, ô Vierge ; toi seule es saine, ô Hygie ; toi seule es forte, ô Victoire. Les cités, tu les gardes, ô Promachos ; tu as ce qu’il faut de Mars, ô Aréa ; la paix est ton but, ô Pacifique. Législatrice, source des constitutions justes ; Démocratie, toi dont le dogme fondamental est que tout bien vient du peuple, et que, partout où il n’y a pas de peuple pour nourrir et inspirer le génie, il n’y a rien, apprends-nous à extraire le diamant des foules impures. Providence de Jupiter, ouvrière divine, mère de toute industrie, protectrice du travail, ô Ergané, toi qui fais la noblesse du travailleur civilisé et le mets si fort au-dessus du Scythe paresseux ; sagesse, toi que Zeus enfanta après s’être replié sur lui-même, après avoir respiré profondément ; toi qui habites dans ton père, entièrement unie à son essence ; toi qui es sa compagne et sa conscience ; énergie de Zeus, étincelle qui allumes et entretiens le feu chez les héros et les hommes de génie, fais de nous des spiritualistes accomplis. »
Ernest Renan
Prière sur l’Acropole, 1865, in Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883