« Écrire doit être un jeu dangereux. C’est la seule noblesse de l’écrivain, sa seule manière de participer aux luttes de la vie. L’écrivain politique ne peut se séparer du militant politique. Le penseur ne peut abandonner le guerrier.
Un certain nombre d’hommes de ce pays ont sauvé et l’honneur des lettres et l’honneur des armes. Ils ne furent pas tous du même camp lors de notre dernière guerre civile européenne mais ils sont nos frères et mes exemples. Je pense à Saint-Exupéry, abattu au cours d’une mission aérienne ; je pense à Robert Brasillach, fusillé à Montrouge ; je pense à Drieu La Rochelle, acculé au suicide dans sa cachette parisienne ; je pense à Jean Prévost, exécuté dans le maquis du Vercors.
Ceux-là n’ont pas triché. Ils n’ont pas abandonné les jeunes gens impatients et généreux qui leur avaient demandé des raisons de vivre et de mourir et qu’ils avaient engagés sur la voie étroite, rocailleuse et vertigineuse, de l’honneur et de la fidélité. »
Jean Mabire
La torche et le glaive, éditions Libres opinions, 1994 (texte paru initialement dans Europe Action N°30, juin 1965)