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Thème

Citations sur le sacrifice

Affronter une mort certaine…

« Qu’il nous soit don­né (…) d’affronter les périls afin de chas­ser toutes divi­ni­tés mau­vaises et tous esprits pervers.
Qu’il nous soit don­né, for­geant entre nous ami­tié pro­fonde, de nous entrai­der comme des cama­rades, en affron­tant les périls aux­quels est expo­sée la patrie.
Qu’il nous soit son­né, sans cher­cher le pou­voir, sans sou­ci de récom­pense per­son­nelle, d’affronter une mort cer­taine pour deve­nir les pre­mières pierres de la Restauration. »

Yukio Mishi­ma
Che­vaux échap­pés, 1969, trad. Tan­guy Kenec’hdu, édi­tions Gal­li­mard 1980, coll. Quar­to, 2004

La pureté, une idée qui rappelait les fleurs…

« La pure­té, une idée qui rap­pe­lait les fleurs (…), c’était quelque chose qui les reliait direc­te­ment à l’idée du sang, à l’idée des sabres s’abattant sur les hommes d’iniquité, à l’idée de lames échar­pant l’épaule et fai­sant gicler le sang alen­tour. Et à l’idée du sep­pu­ku. Dès l’instant qu’un samou­raï tom­bait comme fleurs de ceri­sier”, son cadavre macu­lé de sang deve­nait aus­si­tôt comme d’odorantes fleurs de ceri­sier. L’idée de pure­té pou­vait donc se trans­for­mer en une chose contraire avec une promp­ti­tude arbi­traire. Aus­si, la pure­té était-elle étoffe de poé­sie. »

Yukio Mishi­ma
Che­vaux échap­pés, 1969, trad. Tan­guy Kenec’hdu, édi­tions Gal­li­mard 1980, coll. Quar­to, 2004

Le pays divisé, aux barbares vendus…

« Juste avant le sou­lè­ve­ment, Tadao Saru­wa­ta­ri, âgé de seize ans, avait com­po­sé le poème sui­vant, écrit sur le ban­deau blanc qu’il allait por­ter le soir du com­bat :
Le pays divi­sé, aux bar­bares vendus,
Et le Trône sacré si près d’être perdu,
Ah ! Puis­sions-nous aux dieux du ciel et de la terre,
Témoi­gner à jamais de notre foi sin­cère. »

Yukio Mishi­ma
Che­vaux échap­pés, 1969, trad. Tan­guy Kenec’hdu, édi­tions Gal­li­mard 1980, coll. Quar­to, 2004

Il y avait dans son application quelque chose de somptueux et de théâtral…

« Devant le grand miroir de la pièce à quatre nattes et demie elle se regar­da. Les taches de sang for­maient, sur la moi­tié infé­rieure de son kimo­no blanc, un des­sin har­di et violent. Lorsqu’elle s’assit devant le miroir elle sen­tit sur ses cuisses quelque chose de froid et d’humide ; c’était le sang de son mari. Elle fris­son­na. Puis elle prit à loi­sir le temps de s’apprêter. (…) Ce n’était plus se maquiller pour plaire à son mari. C’était se maquiller pour le monde qu’elle allait lais­ser der­rière elle ; il y avait dans son appli­ca­tion quelque chose de somp­tueux et de théâ­tral. Lorsqu’elle se leva, la natte devant le miroir était trem­pée de sang. Elle n’allait pas s’en soucier. »

Yukio Mishi­ma
Patrio­tisme, 1961, in La mort en été, trad. Geof­frey W. Sargent puis Domi­nique Aury, édi­tions Gal­li­mard 1983, coll. Folio, 1988

La douleur irradiait le ventre entier…

« Len­te­ment, des pro­fon­deurs internes, la dou­leur irra­diait le ventre entier. Des cloches en folie son­naient, mille cloches ensemble à chaque souffle, à chaque bat­te­ment du pouls, ébran­lant tout son être. Le lieu­te­nant ne pou­vait plus s’empêcher de gémir. Mais la lame était arri­vée à l’aplomb du nom­bril et, lorsqu’il le consta­ta, il fut content et reprit cou­rage.
Le volume de sang répan­du avait régu­liè­re­ment aug­men­té et com­men­çait à jaillir de la bles­sure au rythme même du pouls. La natte devant le lieu­te­nant était trem­pée de rouge pas les écla­bous­sures du sang qui conti­nuait à s’écouler des flaques que rete­nait de ses plis le pan­ta­lon d’uniforme. Une goutte unique s’envola comme un oiseau jusqu’à Rei­ko pour se poser sur ses genoux et tacher sa robe blanche. »

Yukio Mishi­ma
Patrio­tisme, 1961, in La mort en été, trad. Geof­frey W. Sargent puis Domi­nique Aury, édi­tions Gal­li­mard 1983, coll. Folio, 1988

Elle aussi, Reiko, considérait passionnément son mari…

« Elle aus­si, Rei­ko, consi­dé­rait pas­sion­né­ment son mari, qui si vite allait mou­rir, et se disait qu’elle n’avait jamais vu rien au monde d’aussi beau. Le lieu­te­nant avait tou­jours bien por­té l’uniforme, mais aujourd’hui, regar­dant la mort en face, les sour­cils droits et les lèvres bien ser­rées, il offrait peut-être le plus superbe exemple pos­sible de beau­té masculine. »

Yukio Mishi­ma
Patrio­tisme, 1961, in La mort en été, trad. Geof­frey W. Sargent puis Domi­nique Aury, édi­tions Gal­li­mard 1983, coll. Folio, 1988

Le seppuku, se dit-il, est-ce cela ?

« Le sep­pu­ku, se dit-il, est-ce cela ? On aurait dit le chaos abso­lu, comme si le ciel lui était tom­bé sur la tête, comme si l’univers, ivre, titu­bait. Sa volon­té et son cou­rage, qui avaient sem­blé si fermes avant qu’il ne fît l’entaille, s’étaient réduits à l’épaisseur d’un seul fil d’acier aus­si fin qu’un che­veu, et il éprou­va comme un affreux malaise le soup­çon qu’il lui fal­lait avan­cer le long de ce fil et s’y atta­cher déses­pé­ré­ment. Son poing cris­pé était tout humide. Il bais­sa les yeux. Il vit que sa main et l’étoffe qui enve­lop­pait sa lame étaient trem­pées de sang. Son pagne aus­si était pro­fon­dé­ment teint de rouge. »

Yukio Mishi­ma
Patrio­tisme, 1961, in La mort en été, trad. Geof­frey W. Sargent puis Domi­nique Aury, édi­tions Gal­li­mard 1983, coll. Folio, 1988

Ce qu’il allait accomplir appartenait à sa vie publique, à sa vie de soldat…

« Ce qu’il allait accom­plir appar­te­nait à sa vie publique, à sa vie de sol­dat dont sa femme n’avait jamais été témoin. Cet acte exi­geait autant de volon­té que se battre exige de cou­rage ; c’était une mort dont la digni­té et la qua­li­té n’étaient pas moindre que celles de la mort en pre­mière ligne. Ce dont il allait main­te­nant faire montre, c’était de sa conduite sur le champ de bataille. »

Yukio Mishi­ma
Patrio­tisme, 1961, in La mort en été, trad. Geof­frey W. Sargent puis Domi­nique Aury, édi­tions Gal­li­mard 1983, coll. Folio, 1988

Il mourait sur un champ de bataille sans gloire…

« Tout autour de lui, dans l’immensité et le désordre, s’étendait le pays pour lequel il souf­frait. Il allait lui don­ner sa vie. Mais ce grand pays, qu’il était prêt à contes­ter au point de se détruire lui-même, ferait-il seule­ment atten­tion à sa mort ? Il n’en savait rien ; et tant pis. Il mou­rait sur un champ de bataille sans gloire, un champ de bataille où ne pou­vait s’accomplir aucun fait d’armes : le lieu d’un com­bat spirituel. »

Yukio Mishi­ma
Patrio­tisme, 1961, in La mort en été, trad. Geof­frey W. Sargent puis Domi­nique Aury, édi­tions Gal­li­mard 1983, coll. Folio, 1988

La victime offerte en sacrifice…

« La vic­time offerte en sacri­fice devait lan­cer de longs cris, lugubres et pathé­tiques, afin que ceux qui les enten­daient vinssent à sen­tir l’inexprimable soli­tude de l’existence. Alors ma joie de vivre, jaillis­sant de quelque endroit secret au plus pro­fond de moi, pous­sait fina­le­ment une cla­meur de joie triom­phante, répon­dant cri pour cri à la vic­time. N’était-ce pas exac­te­ment sem­blable à la joie que l’homme d’autrefois trou­vait dans la chasse ? »

Yukio Mishi­ma
Confes­sion d’un masque, 1949, trad. Renée Vil­lo­teau, édi­tions Gal­li­mard, coll. Du monde entier, 1971, édi­tions Gal­li­mard, coll. Folio, 1983

Être gai, savoir l’être au plus âcre des souffrances du corps…

« Être gai, savoir l’être au plus âcre des souf­frances du corps, le res­ter lorsque la dévas­ta­tion et la mort frappent dure­ment auprès de vous, tenir bon à ces assauts constants que mènent contre le cœur tous les sens sur­ex­ci­tés, c’est pour le chef un rude devoir, et sacré. Je ne veux point fer­mer mes sens pour rendre ma tâche plus facile. Je veux répondre à toutes les sol­li­ci­ta­tions du monde pro­di­gieux où je me suis trou­vé jeté, ne jamais esqui­ver les chocs quand ils devraient me démo­lir, et gar­der mal­gré tout, si je puis, cette belle humeur bien­fai­sante vers laquelle je m’ef­force comme à la conquête d’une ver­tu. »

Mau­rice Genevoix
Ceux de 14, 1949, édi­tions Flam­ma­rion, 2013

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