« Le seppuku, se dit-il, est-ce cela ? On aurait dit le chaos absolu, comme si le ciel lui était tombé sur la tête, comme si l’univers, ivre, titubait. Sa volonté et son courage, qui avaient semblé si fermes avant qu’il ne fît l’entaille, s’étaient réduits à l’épaisseur d’un seul fil d’acier aussi fin qu’un cheveu, et il éprouva comme un affreux malaise le soupçon qu’il lui fallait avancer le long de ce fil et s’y attacher désespérément. Son poing crispé était tout humide. Il baissa les yeux. Il vit que sa main et l’étoffe qui enveloppait sa lame étaient trempées de sang. Son pagne aussi était profondément teint de rouge. »
Yukio Mishima
Patriotisme, 1961, in La mort en été, trad. Geoffrey W. Sargent puis Dominique Aury, éditions Gallimard 1983, coll. Folio, 1988