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Citations sur l'autorité

Nos institutions ne valent plus rien : là-dessus tout le monde…

« Nos ins­ti­tu­tions ne valent plus rien : là-des­sus tout le monde est d’accord. Pour­tant la faute n’en est pas à elles, mais à nous. […]. Pour qu’il y ait des ins­ti­tu­tions, il faut qu’il y ait une sorte de volon­té, d’instinct, d’impératif, anti­li­bé­ral jusqu’à la méchan­ce­té : une volon­té de tra­di­tion, d’autorité, de res­pon­sa­bi­li­té, éta­blie sur des siècles, de soli­da­ri­té enchaî­née à tra­vers des siècles, dans le pas­sé et dans l’avenir, in infi­ni­tum. Lorsque cette volon­té existe, il se fonde quelque chose comme l’imperium Roma­num : ou comme la Rus­sie, la seule puis­sance qui ait aujourd’­hui l’espoir de quelque durée, qui puisse attendre, qui puisse encore pro­mettre quelque chose, […] Tout l’occident n’a plus ces ins­tincts d’où naissent les ins­ti­tu­tions, d’où naît l’avenir : rien n’est peut-être en oppo­si­tion plus abso­lue à son « esprit moderne ». On vit pour aujourd’­hui, on vit très vite, — on vit sans aucune res­pon­sa­bi­li­té : c’est pré­ci­sé­ment ce que l’on appelle « liber­té ». Tout ce qui fait que les ins­ti­tu­tions sont des ins­ti­tu­tions est mépri­sé, haï, écar­té : on se croit de nou­veau en dan­ger d’esclavage dès que le mot « auto­ri­té » se fait seule­ment entendre. »

Frie­drich Nietzsche
Cré­pus­cule des idoles ou Com­ment on phi­lo­sophe avec un mar­teau (Göt­zen-Däm­me­rung oder wie man mit dem Ham­mer phi­lo­so­phiert), 1888, trad. Patrick Wot­ling, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2005

Dire qu’une force est disponible, c’est affirmer qu’elle existe…

« Il faut […] dis­si­per le mal­en­ten­du auquel donnent lieu cer­taines inter­pré­ta­tions phi­lo­so­phiques de la force qui la défi­nissent comme poten­tia­li­té ou vir­tua­li­té. Il nous semble au contraire qu’elle est actua­li­té, qu’elle ne vaut que par ses effets. Dire qu’une force est dis­po­nible, c’est affir­mer qu’elle existe, qu’elle est pré­sente et prête, mais inem­ployée, inerte, tel le nombre de sol­dats dans les casernes ou de tanks et d’avions dans les han­gars. Les forces dis­po­nibles d’un pays se laissent énu­mé­rer, comp­ta­bi­li­ser, cal­cu­ler et per­mettent de faire des pré­vi­sions. La force n’a rien de mys­té­rieux, au contraire de la puis­sance qui est impré­vi­sible, occulte par­fois, parce qu’elle est illi­mi­tée. Le mal­en­ten­du a son ori­gine dans le fait que l’application de la force exige une volon­té, prin­ci­pa­le­ment en ce qui concerne la force humaine. La volon­té n’est pas une machine, mais une puis­sance, c’est-à-dire qu’avec de moindres forces, mais intel­li­gem­ment appli­quées, elle est capable d’anéantir une autre force, maté­riel­le­ment et quan­ti­ta­ti­ve­ment supé­rieure. Le fait est cou­rant, non seule­ment en poli­tique, mais par­tout où des forces sont en com­pé­ti­tion : sport, bio­lo­gie, etc. Ce fut l’une des consta­ta­tions sin­gu­lières de la vie dans les camps de concen­tra­tion que les per­sonnes qui pas­saient pour les plus fortes et les plus robustes étaient en géné­ral les pre­mières à suc­com­ber, faute de résis­tance. La ques­tion n’est donc pas de faire de la puis­sance et de la force des notions anti­thé­tiques. Au contraire, il n’y a pas de puis­sance sans forces, mais la puis­sance ajoute aux moyens maté­riels et mesu­rables, l’intelligence, l’autorité, le pres­tige, le sens de la déci­sion, la fer­me­té, etc. C’est en ce sens que […] la poli­tique [est] un phé­no­mène de puis­sance et non uni­que­ment de force, celle-ci n’étant qu’un moyen, fût-il spé­ci­fique au poli­tique. Comme n’importe quel autre moyen, la force n’est effi­cace que si elle est appli­quée, c’est-à-dire mise en œuvre par une volon­té ou un organe. […] C’est la notion de résis­tance qui nous four­nit, par ana­lo­gie avec les sciences phy­siques, la clé de l’analyse de la force. […] Quel que soit le sys­tème, on ne peut pas par­ler de la force au sin­gu­lier, car toute force sup­pose d’autres forces qui lui résistent, la com­battent ou l’annulent. La force est l’obstacle d’une autre force, c’est-à-dire il faut encore une force pour com­battre la force. […] La force nous appa­raît ain­si en poli­tique comme le moyen de la contrainte, soit que le pou­voir éta­tique réus­sisse à faire vivre dans la concorde les forces par­fois hété­ro­gènes qui s’agitent au sein de la col­lec­ti­vi­té et à faire res­pec­ter son inté­gri­té contre les forces exté­rieures, soit qu’au contraire l’une des forces inté­rieures, jusque-là conte­nue, par­vienne à bri­ser la résis­tance du pou­voir éta­bli, à s’en empa­rer et à maî­tri­ser à son tour les autres forces internes ou qu’une force exté­rieure triomphe de la col­lec­ti­vi­té en lui impo­sant ses conditions. »

Julien Freund
Qu’est-ce que la poli­tique ?, Édi­tions du Seuil, 1967

Le dixième siècle est probablement le plus atroce…

« Le dixième siècle est pro­ba­ble­ment le plus atroce de notre his­toire. Avec la déca­dence de l’autorité caro­lin­gienne, les cala­mi­tés recom­men­çaient : au Sud, les Sar­ra­sins avaient repa­ru, et un autre fléau était venu : les Nor­mands s’enhardissaient et dévas­taient le pays.
L’impuissance des Caro­lin­giens à repous­ser ces enva­his­seurs hâta la dis­so­lu­tion géné­rale. Désor­mais, le peuple ces­sa de comp­ter sur le roi. Le pou­voir royal devint fic­tif. L’État est en faillite. Per­sonne ne lui obéit plus. On cherche pro­tec­tion où l’on peut. L’autorité publique s’est éva­nouie : c’est le chaos social et poli­tique. Plus de Fran­cie ni de France. Cent, mille auto­ri­tés locales, au hasard des cir­cons­tances, prennent le pou­voir. Le gou­ver­neur de pro­vince, le gou­ver­neur de can­ton, le duc, le comte, de moindres per­son­nages, s’établissent dans leurs charges, les lèguent à leurs enfants, se com­portent en vrais souverains.
Ce serait une erreur de croire que les popu­la­tions eussent été hos­tiles à ce mor­cel­le­ment de la sou­ve­rai­ne­té. Tout ce qu’elles deman­daient, c’étaient des défen­seurs. La féo­da­li­té nais­sait de l’anarchie et du besoin d’un gou­ver­ne­ment, comme aux temps de l’humanité pri­mi­tive. Repré­sen­tons-nous des hommes dont la vie était mena­cée tous les jours, qui fuyaient les ban­dits de toute espèce, dont les mai­sons étaient brû­lées et les terres rava­gées. Dès qu’un indi­vi­du puis­sant et vigou­reux s’offrait pour pro­té­ger les per­sonnes et les biens, on était trop heu­reux de se livrer à lui, jusqu’au ser­vage, pré­fé­rable à une exis­tence de bête traquée.
De quel prix était la liber­té quand la ruine et la mort mena­çaient à toute heure et par­tout ? Ain­si naquit une mul­ti­tude de monar­chies locales fon­dées sur un consen­te­ment don­né par la détresse. »

Jacques Bain­ville
His­toire de France, 1924

La dissolution de l’autorité n’a pas conduit à la liberté…

« La dis­so­lu­tion de l’autorité n’a pas conduit à la liber­té, mais à de nou­velles formes de domi­na­tion. »

Chris­to­pher Lasch
La culture du nar­cis­sismeLa vie amé­ri­caine à un âge de déclin des espé­rances (The Culture of nar­cis­sism – Ame­ri­can Life in An Age of Dimi­ni­shing Expec­ta­tions), 1979, édi­tions Flam­ma­rion, coll. Cli­mats, 2000

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