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Citation

Nos institutions ne valent plus rien : là-dessus tout le monde…

« Nos ins­ti­tu­tions ne valent plus rien : là-des­sus tout le monde est d’accord. Pour­tant la faute n’en est pas à elles, mais à nous. […]. Pour qu’il y ait des ins­ti­tu­tions, il faut qu’il y ait une sorte de volon­té, d’instinct, d’impératif, anti­li­bé­ral jusqu’à la méchan­ce­té : une volon­té de tra­di­tion, d’autorité, de res­pon­sa­bi­li­té, éta­blie sur des siècles, de soli­da­ri­té enchaî­née à tra­vers des siècles, dans le pas­sé et dans l’avenir, in infi­ni­tum. Lorsque cette volon­té existe, il se fonde quelque chose comme l’imperium Roma­num : ou comme la Rus­sie, la seule puis­sance qui ait aujourd’­hui l’espoir de quelque durée, qui puisse attendre, qui puisse encore pro­mettre quelque chose, […] Tout l’occident n’a plus ces ins­tincts d’où naissent les ins­ti­tu­tions, d’où naît l’avenir : rien n’est peut-être en oppo­si­tion plus abso­lue à son « esprit moderne ». On vit pour aujourd’­hui, on vit très vite, — on vit sans aucune res­pon­sa­bi­li­té : c’est pré­ci­sé­ment ce que l’on appelle « liber­té ». Tout ce qui fait que les ins­ti­tu­tions sont des ins­ti­tu­tions est mépri­sé, haï, écar­té : on se croit de nou­veau en dan­ger d’esclavage dès que le mot « auto­ri­té » se fait seule­ment entendre. »

Frie­drich Nietzsche
Cré­pus­cule des idoles ou Com­ment on phi­lo­sophe avec un mar­teau (Göt­zen-Däm­me­rung oder wie man mit dem Ham­mer phi­lo­so­phiert), 1888, trad. Patrick Wot­ling, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2005

À propos de l'auteur

Friedrich Wilhelm Nietzsche est un philosophe et philologue allemand né le 15 octobre 1844 à Röcken et mort le 25 août 1900 à Weimar. L'œuvre de Nietzsche est une généalogie critique de la culture occidentale moderne et de l'ensemble de ses valeurs morales, politiques (la démocratie, l'égalitarisme), philosophiques (le platonisme et toutes les formes de dualisme métaphysique) et religieuses (le christianisme). Cette critique procède d'un projet de dévaluer ces valeurs et d'en instituer de nouvelles dépassant le ressentiment et la volonté de néant qui ont dominé l'histoire de l'Europe. L'exposé de ses idées prend dans l'ensemble une forme aphoristique ou poétique.