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Le livre
Arguments d’un désespoir contemporain

Arguments d’un désespoir contemporain

Auteur : Richard Millet
Édi­teur : Her­mann édi­teurs (14 avril 2011)

Pré­sen­ta­tion de l’é­di­teur : Der­nier homme, déclin de l’Oc­ci­dent, meilleur des mondes, règne de la quan­ti­té, de la Tech­nique, crise de la culture, homme uni­di­men­sion­nel, socié­té de consom­ma­tion ou du spec­tacle, désen­chan­te­ment du monde, ère du vide, de l’é­phé­mère ou du moindre mal, empire du Bien, de l’é­phé­mère ou du moindre mal, condi­tion post­mo­derne, homo fes­ti­vus, etc. Com­ment, après tant de for­mu­la­tions heu­reuses mais récu­pé­rées par le Cultu­rel et l’An­ti­ra­cisme, et sans tom­ber dans la nos­tal­gie, com­ment nom­mer ce monde nou­veau, ce cau­che­mar post­hu­ma­niste, ce tota­li­ta­risme light ? Peut-être est-il trop tard.
Au moins ne serons-nous pas dupes d’une stra­té­gie glo­bale qui ins­crit le monde dans une hori­zon­ta­li­té tou­jours plus large et fade, dépour­vue de relief, de hié­rar­chie, de ver­ti­ca­li­té, de goût, de mémoire. Autant d’ar­gu­ments en faveur d’un déses­poir qui soit un sur­croît de lucidité.

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Découvrez 4 citations extraites du livre

Je ne fréquente mes semblables qu’avec parcimonie...

« Je ne fré­quente mes sem­blables qu’avec par­ci­mo­nie […], consi­dé­rant l’amour de l’humanité comme une illu­sion sen­ti­men­tale autant que poli­tique, et tenant de com­prendre com­ment l’humanité s’abolit dans l’illégitimité du nombre, par exemple dans la foule que je tra­ver­sais, ce jour-là, prin­ci­pa­le­ment com­po­sée de Noirs, de Magh­ré­bins, de Pakis­ta­nais, d’Asiatiques, de diverses sortes de métis, et de quelques Blancs, hommes et femmes, dont deux petites les­biennes se tenant par la main avec défi, sui­vies d’un nain dan­di­nant son corps pitoyable entre de jeunes beau­tés tapa­geuses, et des enfants, des vieillards, laids, mal vêtus, l’ensemble se mou­vant dans une puan­teur consti­tuée de relents d’égouts, de vien­noi­se­ries, de par­fums et de pro­duits de chez Mc Donald’s, au sein d’un vacarme dont on ne savait plus s’il annon­çait la fin du monde ou s’il la fai­sait dési­rer, sur ce quai de la sta­tion Châ­te­let-les-Halles, un same­di après-midi, dans ce qui fut le ventre de Paris, et qui est deve­nu cette gigan­tesque gare sou­ter­raine, au-des­sous des anciens cime­tières des Inno­cents et de Saint-Eus­tache : des bas-fonds, où je ne des­cends jamais sans son­ger qu’à la foule se mêlent les spectres d’innombrables défunts, dont j’avais vu exhu­mer les os, qua­rante ans aupa­ra­vant, et me deman­dant au milieu des gron­de­ments, des rumeurs et des cris, si, plus encore que la lumière, l’air libre n’est pas la pre­mière mani­fes­ta­tion de la vérité. »

Richard Millet
Argu­ments d’un déses­poir contem­po­rain, Her­mann édi­teurs, 2011

Le laisser-aller langagier est la concession majeure...

« […] Le lais­ser-aller lan­ga­gier est la conces­sion majeure faite aux esclaves mon­dia­li­sés par des maîtres qui, n’en sachant eux-mêmes guère plus sur la langue, ne peuvent qu’abonder dans le sens des esclaves, en une langue infi­ni­ment diver­tie d’elle-même. Rien n’est grave, dans le monde hori­zon­tal, puis­qu’il n’y a plus ni évé­ne­ment, ni valeur, ni sens, et que l’individu y règne en lieu et place des peuples : il est, l’indi­vi­du, la synec­doque misé­rable du peuple. De la même façon que le sujet s’est éteint dans l’avènement de l’individu, on peut dire que la langue fran­çaise est morte avec l’avènement de sa mau­vaise conscience au sein de la com­mu­ni­ca­tion. Mau­vaise conscience qui, dou­blée d’une effi­ca­ci­té poli­tique, conduit à l’anglais plus sûre­ment que le diver­tis­se­ment hol­ly­woo­dien. »

Richard Millet
Argu­ments d’un déses­poir contem­po­rain, Her­mann édi­teurs, 2011

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