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Citations sur la démesure
Une profonde transgression du sacré…
« Pour les Anciens, la démesure correspondait à une profonde transgression du sacré, fondée sur le refus de l’ordre naturel, de ses limites et de ses hiérarchies : elle représentait à leurs yeux l’imprudence la plus absolue, qui conduit l’homme à vouloir rivaliser avec les dieux. À l’appétit du “toujours plus”, il nous revient donc d’opposer la logique du “toujours mieux”. »
Henri Levavasseur
L’identité, socle de la cité, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Cartouches, 2021
Aucune civilisation n’a jamais échappé à l’apologétique de la femme…
« Aucune civilisation n’a jamais échappé à l’apologétique de la femme, à part quelques rares sociétés de jeunes mâles guerriers et ardents, dont l’apothéose et le déclin ont été aussi rapides que brefs, telles que les civilisations pédérastiques des Ninivites et des Babyloniens, plutôt consommatrices que créatrices, qui ne connaissaient nul frein à leur activité fiévreuse, nulle limite à leur appétit énorme, nulle borne à leurs besoins, et qui se sont pour ainsi dire dévorées elles-mêmes en disparaissant sans laisser de traces, ainsi que meurent toutes les civilisations parasitaires en entraînant tout un monde derrière elles. »
Blaise Cendrars
Moravagine, 1926, éditions Grasset, coll. Le Livre de Poche, 1956
Et si l’effondrement de la flèche…
« Et si l’effondrement de la flèche était la suite logique de ce que nous faisons subir à l’Histoire ? L’oubli, le ricanement, la certitude de nous-même, l’emballement, l’hybris, le fétichisme de l’avenir… et un jour, les cendres. »
Sylvain Tesson
Notre-Dame de Paris, Ô reine de douleur, éditions des Équateurs, 2019
Le plus terrible exemple d’hybris contemporain…
« La faute suprême est ce que les Grecs, nos maîtres, appelaient l’hybris, la démesure […] Le plus terrible exemple d’hybris contemporain, ce sont les totalitarismes modernes qui, à force de vouloir “changer l’homme”, ne font que l’avilir. »
Christopher Gérard
La Source pérenne, Éditions L’Âge d’Homme, 2007
Il existe au total un fond de pensées helléniques très diversifié…
« Il existe au total un fond de pensées helléniques très diversifié, qui fut dans toute l’Europe, et vingt-sept siècles durant, l’inspirateur de longs débats entre écoles. Plus que les querelles de doctrines qui agitent les commentateurs, on peut en retenir deux leçons décisives. Elles sont, aujourd’hui encore, très éclairantes dans l’examen des erreurs qui parsèment les histoires respectives des nations européennes.
La première leçon hérite de l’Iliade, précisément de ce passage dans lequel le maître de l’Olympe, en pleine bataille confuse, saisit un détail décisif : un archer vise le combattant Hector. Homère note : “Cela n’échappa pas (ou lèthé) à la sagacité prudente de Zeus”, lequel dévia la flèche. Il y a là une forme verbale (ou lèthé) de ce qui, chez les philosophes, désignera sous une forme nominale la vérité (alèthéïa). La vérité, ici, n’est pas un contenu doctrinal descendu de cieux inconnaissables, mais l’expression d’une subtilité d’observation dont le sage sait tirer les bonnes conclusions. Toutes les écoles philosophiques antiques s’accordèrent sur ce point : la vérité est d’abord ce qui, à l’expérience ou à la réflexion, n’échappe pas à un examen subtil et sagace, évidemment conditionné par les circonstances du moment. Penser, c’est s’adapter.
Un second point d’accord unit les différentes écoles : l’hubris, la démesure, l’excès, est pour elles une faute cardinale mettant en danger non seulement ceux qui frayent avec elle, mais aussi ceux qui les écoutent ou les imitent et, à terme, la Cité elle-même. Toute action, en d’autres termes, doit s’accorder à ses fins particulières, qui sont précieuses mais limitées ; et les actions des uns et des autres n’ont qu’une seule fin générale : la protection et l’accroissement de l’oïkos, de ce bien commun suprême qu’est la Cité, malheureusement absente des soucis européens modernes. »
Jean-François Gautier
Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne, Philippe Conrad dir., édition Institut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018
Les Dieux n’accordent aucune récompense. C’est l’éthique…
« Les Dieux n’accordent aucune récompense. C’est l’éthique de l’honneur qui commande de transmettre un nom sans tâche, d’être fidèle à la parole donnée et de respecter les contrats. Violer ceux-ci n’est pas pécher, mais commettre une faute qui se paie toujours au prix fort. La faute suprême est celle que les Grecs nomment hybris : la démesure, dictée par l’orgueil, qui pousse l’aveugle à aller à l’encontre de l’ordre cosmique. Les plus terribles exemples d’hybris ne sont-ils pas aujourd’hui ces totalitarismes qui, à force de vouloir « changer l’homme », n’ont fait que l’avilir ? »
Christopher Gérard
Parcours païen, Éditions L’Âge d’Homme, 2000
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