« Créer les conditions du nouvel héroïsme. Attaquer par tous les moyens possibles la civilisation bourgeoise. »
Jean-René Huguenin
Journal, 1964, éditions du Seuil, coll. Points, 1997
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« Créer les conditions du nouvel héroïsme. Attaquer par tous les moyens possibles la civilisation bourgeoise. »
Jean-René Huguenin
Journal, 1964, éditions du Seuil, coll. Points, 1997
« De tels plaisirs, ceux des excès du luxe, de la table, de la sexualité et la paresse d’esprit et de corps que de telles occupations terrestres entraînent à leur suite, ne peuvent donner qu’une société alanguie, oublieuse des devoirs qu’elle a envers elle-même et de ceux qu’elle a envers Dieu. »
Marc Froidefont
Joseph de Maistre. La nation contre les droits de l’homme, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Longue mémoire, 2023
« Ce n’est pas seulement un décalage, c’est un abîme de modernité qui nous sépare. On naît moderne, on ne le devient pas. Et nous ne le sommes jamais devenus. Ce qui saute aux yeux à Paris, c’est le XIXème siècle. Venu de Los Angeles, on atterrit dans le XIXème siècle. Chaque pays porte une sorte de prédestination historique, qui en marque presque définitivement les traits. Pour nous, c’est le modèle bourgeois de 89 et la décadence interminable de ce modèle qui dessine le profil de notre paysage. Rien n’y fait : tout tourne ici autour du rêve bourgeois du XIXème siècle. »
Jean Baudrillard
Amérique, éditions Grasset, 1986, Le Livre de Poche, coll. Biblio essais, 1988
« La “décadence” intervient chez un peuple lorsque le “contenu idéal” du symbole qu’est le trésor a été oublié au profit de son seul “contenu matériel”, qui finit par tomber entre les mains d’hommes et de lignée qui n’ont aucun droit à le détenir. C’est alors que les peuples cessent d’être des “peuples” pour devenir populace, masse. »
Giorgio Locchi
Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste, traduit de l’italien par Philippe Baillet et Pierluigi Locchi, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Agora, 2022
« On dit que les nouveautés ont toujours suscité de ces réserves et de ces récriminations. On demande – imprudemment à mon avis – ce que nous serions devenus si le progrès n’était passé outre ces timidités et avait renoncé au chemin de fer ou à la télévision ; on cite Galilée et Pasteur, la loi inéluctable du devenir, “ainsi qu’il en fut toujours”, etc. Je ne discuterai pas maintenant ces sophismes : je ne parle pas de ce que les choses ont changé, mais de ce qu’elles ont disparu ; de ce que la raison marchande a détruit entièrement notre monde pour s’installer à la place. »
Baudouin de Bodinat
La vie sur Terre. Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes (1996), Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2008
« L’insécurité et le caractère frelaté de la vie intellectuelle de cette époque qui, à bien des égards, faisait pourtant montre ailleurs d’énergie et de grandeur, s’expliquent aujourd’hui à nos yeux comme un symptôme de l’épouvante qui saisit l’esprit lorsque, au terme d’une ère de triomphe et de prospérité apparents, il se trouva soudain en face du néant, d’une grande détresse matérielle, d’une période d’orages politiques et de guerres, en proie du jour au lendemain à la défiance de soi, doutant de sa force et de sa dignité, voire de son existence. »
Hermann Hesse
Le Jeu des perles de verre (Das Glasperlenspiel), 1943, trad. Jacques Martin, Calmann-Lévy éditeur, 1955
« Aucune civilisation n’a jamais échappé à l’apologétique de la femme, à part quelques rares sociétés de jeunes mâles guerriers et ardents, dont l’apothéose et le déclin ont été aussi rapides que brefs, telles que les civilisations pédérastiques des Ninivites et des Babyloniens, plutôt consommatrices que créatrices, qui ne connaissaient nul frein à leur activité fiévreuse, nulle limite à leur appétit énorme, nulle borne à leurs besoins, et qui se sont pour ainsi dire dévorées elles-mêmes en disparaissant sans laisser de traces, ainsi que meurent toutes les civilisations parasitaires en entraînant tout un monde derrière elles. »
Blaise Cendrars
Moravagine, 1926, éditions Grasset, coll. Le Livre de Poche, 1956
« Il est certain que le seul amour de l’argent n’a jamais fait que des maniaques, des obsédés que la société connaît à peine, qui geignent et pourrissent dans les régions ténébreuses, ainsi que des champignons de Paris. »
Georges Bernanos
Les grands cimetières sous la lune, Librairie Plon, 1938, coll. Le Livre de Poche, 1977
« Ici, où l’économie rationnelle nous a déportés, tout est de la veille, hâtif, électrique et nouveau, et semble-t-il truqué, bruyant et fébrile, qu’une rapide décrépitude emporte. Les rues nouvelles ne se souviennent pas de nous, ni les cafés plusieurs fois neufs depuis que notre jeunesse s’y hasardait suivant les fantômes de l’autre siècle : assis là parmi cette laideur de toc et de clinquant, de bruits idiots, on s’y sent plus ancien et moins provisoire, on ne reconnaît rien autour de soi, ni les gens. »
Baudouin de Bodinat
La vie sur Terre. Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes (1996), Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2008
« Commencer la lutte contre le véritable ennemi, la décadence de l’Occident, ses fausses valeurs qui créent des divisions et des frustrations. »
Giuliano da Empoli
Le mage du Kremlin, éditions Gallimard, 2022
« Nous assistons en France, et depuis longtemps déjà, à un spectacle si extraordinaire que les malheureux appelés à continuer notre race imbécile n’y croiront pas. Cependant, nous y sommes assez habitués, nous autres, pour avoir perdu la faculté d’en être surpris.
C’est le spectacle d’une Église, naguère surélevée au pinacle des constellations et cathédrant sur le front des séraphins, tellement tombée, aplatie, caduque, si prodigieusement déchue, si invraisemblablement aliénée et abandonnée qu’elle n’est plus capable de distinguer ceux qui la vénèrent de ceux qui la contaminent. »
Léon Bloy
Un brelan d’excommuniés, Albert Savine éditeur, 1889
« [Richelieu] a interdit les duels. Il a fait une loi pour empêcher deux mâles adultes de se défier à coups d’épée, tu te rends compte ? L’homme occidental ne s’en est jamais remis. De là au congé paternité, ça s’est fait dans la foulée. »
Giuliano da Empoli
Le mage du Kremlin, éditions Gallimard, 2022