« La décadence d’une société se mesure beaucoup moins à la grandeur des vices qu’on y pratique qu’à la bassesse des vertus qu’on y honore. »
Thierry Maulnier
in Les Cahiers de Combat, 1937
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« La décadence d’une société se mesure beaucoup moins à la grandeur des vices qu’on y pratique qu’à la bassesse des vertus qu’on y honore. »
Thierry Maulnier
in Les Cahiers de Combat, 1937
« […] Le droit devenant l’autre nom de la dégénérescence morale ouverte par l’idée de tolérance et de protection. »
Richard Millet
Arguments d’un désespoir contemporain, Hermann éditeurs, 2011
« Le divorce est consommé entre libéralisme et démocratie. Quand les marchés sont libres, les citoyens ne le sont plus guère, et s’ils peuvent l’être, si certains le sont, c’est la société qui ne l’est plus, tenue par autre chose, d’autres règles, d’autres lois qui lui sont étrangères, qui s’imposent à elle pour la dissoudre et pour lui substituer la collection d’individus séparés, par tout, et d’abord par leurs intérêts immédiats. La question de la justice, celle du social et de l’être-ensemble sont devant nous. Elles sont question de frontières et de séparations. Elles sont affaires de vie ou de mort.
C’est fini. L’« insurrection de la différence » (selon la formule de Georges Balandier) est devant nous. Elle répondra à l’utopie criminelle de la démocratie sans terre, qui conduit le libéralisme à détruire la démocratie – c’est-à-dire à nier la capacité de communautés humaines à décider souverainement de leur devenir – faute d’accepter la condition de leur constitution, qui est la séparation, l’écart et la singularité. Une société qui ne sait se nommer, se compter et se distinguer ne peut se conduire, elle perd la capacité du bien comme du mal. La confusion n’est pas amie de la liberté. »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010
« Nous pouvons nous dérober mais c’est précisément la raison pour laquelle nous avons, moins que personne, le droit de penser aux canots de sauvetage. Nous n’avons pas seulement un héritage, mais aussi une mission. »
Ernst Jünger
Sur les falaises de marbre (Auf den Marmorklippen) 1939, trad. Henri Thomas, éditions Gallimard 1942, coll. L’Imaginaire, 2017
« Fais en sorte que ce sur quoi tu n’as pas prise, ne puisse avoir de prise sur toi. »
Julius Evola, interview à Gianfranco de Turris
Il Conciliatore, 15 janvier 1970
« Réaliser la décolonisation de l’Union européenne contre l’entreprise mondialiste est le premier et l’immense travail politique qui vient. Travail de retour à l’histoire et à la géographie. Travail de situation de tout ce qui parle, affiche, publie, témoigne, influe : d’où vient-il, et de qui ? Travail de survie, qui appelle le tour de garde de sentinelles éveillées : que chacun donne son mot de passe, que chacun dise quel est son nom, d’où il vient et de qui, qui le paie et pourquoi, nous n’avons plus le luxe de croire que les idées viennent de nulle part et que ceux qui parlent entendent seulement nous divertir. Travail de repérage, de mesure, de détection des cristaux que charrie la boue quotidienne de l’événement et de l’information. Travail de détection, de sélection et de discrimination, pour reconnaître les amis des ennemis et veiller aux portes. »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010
« Que diriez-vous si les choses étaient telles que l’homme, que les peuples, dans leurs plus grandes affaires et machinations, aient bien une relation à l’étant, et cependant, soient tombés depuis longtemps hors de l’être sans le savoir, et que cela même soit la raison la plus intérieure et la plus puissante de leur décadence ? »
Martin Heidegger
Introduction à la métaphysique (Einführung in die Metaphysik), 1935, trad. Gilbert Kahn, éditions Gallimard, 1958, coll. TEL, 1980
« Affaiblissement d’un peuple ou d’une civilisation résultant de causes endogènes, et tendant à lui faire perdre son identité et sa créativité.
Les causes de la décadence sont presque partout les mêmes dans l’histoire : individualisme et hédonisme excessifs, amollissement des mœurs, égoïsme social, dévirilisation, mépris des valeurs héroïques, intellectualisation des élites, déclin de l’éducation populaire, détournement ou abandon de la spiritualité et du sacré, etc.
D’autres causes sont fréquentes : modification du substrat ethnique, dégénérescence des aristocraties naturelles, perte de la mémoire historique, oubli des valeurs fondatrices. La décadence survient lorsque le souci du maintien dans l’histoire de la communauté-du-peuple s’estompe, lorsque les liens communautaires de solidarité et de lignage s’affaiblissent. Pour résumer, on peut dire que la décadence voit des symptômes apparemment contraires se conjuguer : l’excessive intellectualisation des élites, de plus en plus coupées du réel, et la primitivisation du peuple. Panem et circenses…
L’Europe connaît aujourd’hui une telle situation. La plupart du temps, la décadence est mal perçue comme telle et refusée par ses contemporains. Ceux qui la dénoncent sont assimilés à des prophètes de malheur. Les époques de décadence se parent souvent du masque de la renaissance. Ces attitudes sont des comportements de conjuration du réel, d’occultation des symptômes dans le but de rassurer.
Aucune décadence ne doit être considérée comme irréversible. Il faut cultiver l’optimisme tragique de Nietzsche. “Paris-Marseille en un quart d’heure, c’est formidable ! Car vos fils et vos filles peuvent crever, le grand problème à résoudre sera toujours de transporter vos viandes à la vitesse de l’éclair. Que fuyez-vous donc, imbéciles ? Hélas, c’est vous que vous fuyez, vous-mêmes”. »
Georges Bernanos
La France contre les robots, 1946, éditions Robert Laffont, 1947, Le Castor Astral éditeur, coll. Galaxie, 2017
« Du Sinaï yankee roulent jusqu’à nos pieds les tables de la loi démocratique et, échine ployée, nous les ramassons pieusement sans nous demander ce qu’est, au fait, la démocratie américaine. Ce qu’elle est ? Maladie. Mais maladie supportée par un corps colossal, déployée dans un espace qui n’est pas le nôtre, encore douée de confiance en sa jeunesse historique et en son messianisme puritain. Oui, le système malade jouit encore en Amérique d’une confiance toute naïve qui n’est plus la nôtre. Nos démocraties, en Europe, ont fréquenté l’histoire et par elle ont été rudoyées alors que les États-Unis croient toujours, en leurs profondeurs, que la démocratie est leur être même. Ils ne se conçoivent pas n’étant-pas-démocrates alors que nous savons qu’il ne s’agit là que d’une forme politique et non la substance même de notre être. Nous avons connu d’autres régimes politiques (les États-Unis jamais) et nous savons aussi, après tout, que nous pouvons nous en passer. Mieux encore : nous n’avons pas tout à fait oublié que notre plus haute gloire ne furent pas nécessairement liées à la forme démocratique de nos gouvernements. Et toujours mieux : nous avons trop vu, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, les démocraties amener le désastre et être incapables d’y faire face. Et les Français, par exemple, n’ont pas encore expulsé de leur mémoire la couleur honteuse des jours de 40. […] En somme, la fille a dévoyé la mère : l’Amérique démocrate pourrit la démocratie d’Europe. Pour cela, je dis que la démocratie libérale n’est pas le bon rempart contre le colonialisme américain. »
Jean Cau
Pourquoi la France, éditions de La Table Ronde, 1975
« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. […] Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ! »
Alexis de Tocqueville
De la démocratie en Amérique, 1840
« La décadence c’est quand on commence à faire des choix qui ne sont pas favorables à soi-même. »
Friedrich Nietzsche
L’Antéchrist, Imprécation contre le christianisme, (Der Antichrist, Fluch auf das Christentum), 1896, trad. Eric Blondel, éditions Garnier-Flammarion, 1994
« Aujourd’hui, pour scandaliser qui que ce soit, il suffit de lui proposer de renoncer à quelque chose. »
Nicolás Gómez Dávila
Carnets d’un vaincu (tiré de Escolios a un texto implícito), 1977, trad. Alexandra Templier, L’Arche éditeur, coll. Tête-à-tête, 2009