« Les théories de Hobbes sont à l’origine de toutes les théories de la table rase qui, sous des formes diverses, se succèdent en Occident depuis trois cents ans. L’humanité, ses sociétés, ses générations successives sont des tabulas rasas, des tablettes de cire sur lesquelles le temps a écrit des histoires, des conceptions du monde et des pratiques sociales. On pourrait, en chauffant un peu la tablette, faire fondre la cire qui redeviendrait lisse, “rase” et donc vierge, et l’on pourrait donc écrire dessus, en toute liberté, un nouveau droit, de nouvelles sociétés, un homme nouveau. “Du passé faisons table rase”, dit l’Internationale. Ces théories sont l’origine du constructivisme politique, de la théorie des constitutions politiques modernes et de la prétention à rompre avec une nature et des héritages. Dans le temps présent, la table rase sous-tend l’idéologie immigrationniste puisque rien, dans cette conception, n’empêche de voir des individus allogènes s’agréger librement et de plein droit au contrat social, perpétuellement “ouvert” sur un avenir à construire ensemble par accord mutuel. »
Lionel Rondouin
Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne, Philippe Conrad dir., édition Institut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018