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Jean-François Gautier

Jean-François Gautier, né à Paris le 9 janvier 1950, mort le 6 décembre 2020, est docteur en philosophie, musicographe et étiopathe. Il collabore régulièrement à la revue Éléments et a publié de nombreux essais consacrés à l’histoire et à la philosophie, ainsi qu’à celle des sciences et de la musique - notamment sur Plutarque et Claude Debussy, le vin, l’Univers, ou encore Le sens de l’Histoire (Ellipses, 2020). Dernier ouvrage paru : À propos des Dieux. L’esprit des polythéismes (La Nouvelle Librairie, 2020).

Découvrez 23 citations de Jean-François Gautier

Pour les créateurs à venir, de grands défis à relever

« Il y a là, pour les créa­teurs à venir, de grands défis à rele­ver. Ils devront trou­ver des mots pour s’en sor­tir, des formes pour renou­ve­ler les termes d’un contrat tacite entre leurs arts et les socié­tés qui les envi­ronnent. Elles atten­dront d’eux des repré­sen­ta­tions non pas fer­mées sur elles-mêmes, ni grandes ouvertes sur le vide, mais dis­po­nibles encore pour des médi­ta­tions par­ta­gées, pour un agir dont les moda­li­tés spa­tiales res­tent à construire. Les paga­nismes antiques peuvent être pour eux de puis­sants inspirateurs. »

Jean-Fran­çois Gautier
La Poly­pho­nie du monde (conver­sa­tions avec Maxime Rey­nel), édi­tions Kri­sis, 2022

Ce qui n’échappa pas…

« L’expression ver­bale, ou lèthé, ce qui n’échappa pas”, est très impor­tante. Sa forme nomi­nale tar­dive alè­théïa a été tra­duite en fran­çais par véri­té”. Mais il faut être pru­dent ; dans le contexte homé­rique, cette véri­té (le mot n’apparaît que deux fois dans l’Iliade) n’est pas une essence abs­traite, un abso­lu situé hors du monde et per­met­tant de dis­tin­guer le vrai du faux ; il s’agit plu­tôt d’une occa­sion vécue, liée à la saga­ci­té, à la pers­pi­ca­ci­té, au dis­cer­ne­ment, à l’effort de contour­ner ce que la per­cep­tion oublie” de voir. »

Jean-Fran­çois Gautier
La Poly­pho­nie du monde (conver­sa­tions avec Maxime Rey­nel), édi­tions Kri­sis, 2022

Si le sacré a semblé un temps disparaître…

« Si le sacré a sem­blé un temps dis­pa­raître, c’est qu’il était ailleurs que là où on l’a cher­ché. Il n’était plus dans les reli­gions tra­di­tion­nelles qui per­daient toutes des fidèles. Mais les ques­tions autour des­quelles tourne le sacré, quant à elles, demeu­raient intactes. Il est cer­tain qu’elles frap­paient à d’autres portes et s’orientaient moins vers celles des Églises ins­ti­tuées que vers celles des sciences et des labo­ra­toires. Elles quê­taient là quelques véri­tés sur ce qu’il en est de la Vie, de l’Univers, de l’avenir des hommes et du monde. Mais les sciences n’étant pas com­pé­tentes sur ces sujets, elles n’avaient rien à répondre sur le fond. Leur absence de réponse, loin d’être un échec interne, est un simple constat de des­sai­sie des dossiers. »

Jean-Fran­çois Gautier
L’univers existe-t-il ?, édi­tions Actes Sud, coll. Le génie du phi­lo­sophe, 1994

Chacun doit traverser un cercle de feu…

« Cha­cun doit tra­ver­ser un cercle de feu, une épreuve par laquelle il éprouve qu’il n’y a pas de Véri­té, de tra­cé obli­ga­toire, mais seule­ment des actes à accom­plir. Admettre qu’il n’y a pas de Véri­té abs­traite, hors sol, voi­là une épreuve. Ne pas accep­ter de la fran­chir condamne ce que vous appe­lez les figu­ra­tions du deve­nir” à se réfu­gier dans les idéo­lo­gies pré­pa­rées à l’avance, et pré­pa­rées par d’autres, dont les inten­tions ne sont pas néces­sai­re­ment enviables. »

Jean-Fran­çois Gautier
La Poly­pho­nie du monde (conver­sa­tions avec Maxime Rey­nel), édi­tions Kri­sis, 2022

Construire le kosmos de l’expérience du monde…

« Le verbe kos­mein signi­fiait mettre en bon ordre” mais aus­si célé­brer” et orner”. Construire le kos­mos de l’expérience du monde, c’était en trou­ver le régu­la­teur, en for­mu­ler une cer­taine bien­séance qui n’est pas sans rap­port avec la beau­té. Ce tra­vail-là était cos­mé­tique, il des­si­nait une parure sur le visage stel­laire de la nuit qui, sans un peu d’ornement l’apprivoisant aux yeux des hommes, aurait ouvert sur d’insondables épou­vantes et détruit l’ordre fra­gile de la Cité. »

Jean-Fran­çois Gautier
L’univers existe-t-il ?, édi­tions Actes Sud, coll. Le génie du phi­lo­sophe, 1994

Chez Pyrrhon, il n’y a que de l’apparaître…

« Chez Pyr­rhon, il n’y a que de l’appa­raître ; chez Kant, il y a une dif­fé­ren­cia­tion entre l’apparaître et l’être, entre le visible et la véri­té. Entre les deux atti­tudes, il est tou­jours pos­sible d’en glis­ser une troi­sième, celle de Mon­taigne. Je l’actualise ain­si : der­rière ce qui appa­raît, dirait Mon­taigne, il n’y a appa­rem­ment pas d’être. »

Jean-Fran­çois Gautier
La Poly­pho­nie du monde (conver­sa­tions avec Maxime Rey­nel), édi­tions Kri­sis, 2022

L’échec des sciences nourrit-il vraiment le terreau du sacré…

« L’échec des sciences nour­rit-il vrai­ment le ter­reau du sacré ? Il faut se méfier des fausses cor­res­pon­dances et des vases mal com­mu­ni­cants. L’objet des méta­phy­siques et des reli­gions n’est pas un immense vide que vien­drait rem­plir le savoir ration­nel. Ces acti­vi­tés de l’esprit ne portent pas sur le mesu­rable ni sur l’expérimental ; ce qui fait qu’elles n’entrent pas en concur­rence avec les sciences sur une sorte de mar­ché des cer­ti­tudes inaliénables. »

Jean-Fran­çois Gautier
L’univers existe-t-il ?, édi­tions Actes Sud, coll. Le génie du phi­lo­sophe, 1994

Tout est à faire…

« Rien n’est jamais acquis par avance de ce qui advien­dra. Tout est à faire, chaque jour, par cha­cun et pour sa Cité. Le deve­nir, en résu­mé, n’est pas sans repères ; il est seule­ment sans pro­gramme acquis par avance ; c’est la pre­mière des leçons poli­tiques du paga­nisme : le monde n’a pas de fina­li­té ; seule l’action en porte une, la sienne, si et seule­ment si elle est adé­quate, appro­priée aux circonstances. »

Jean-Fran­çois Gautier
À pro­pos des Dieux. L’esprit des poly­théismes, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

Il grognait son incantation vers les étoiles…

« Un pri­mate dérou­la vers les cimes des arbres les vingt-quatre os de ses ver­tèbres mobiles et les qua­torze os sou­dés de sa face aveu­glée par le soleil. La nuit venue, pieds écar­tés, jambes trem­blantes encore, les bras levés sous les rumeurs rive­raines, il gro­gnait son incan­ta­tion vers les étoiles et s’exer­çait au tutoie­ment de ses dieux. »

Jean-Fran­çois Gautier
La sente s’efface, édi­tions Le temps qu’il fait, 1996

Il n’y a pas d’identité sans altérité…

« L’expression de la fron­tière est une ques­tion tra­vaillée par nombre de peintres euro­péens depuis le XVe siècle. Pour­quoi ? Tout sim­ple­ment parce que la repré­sen­ta­tion de l’espace, et de l’expérience de l’espace, condi­tionne dans nos cultures toutes les figures dyna­miques du soi et du non-soi, du l’identité et de l’altérité. Il n’y a pas d’identité sans alté­ri­té, et cette dua­li­té est la condi­tion même d’une repré­sen­ta­tion. Une fron­tière, en son essence, n’est pas la marque d’une exclu­sion mais celle d’une rela­tion, d’un lien entre un ici et un ailleurs. »

Jean-Fran­çois Gautier
Les fron­tières : un besoin vital face à la méta­phy­sique de l’illimité, 6e col­loque annuel de l’Ins­ti­tut Iliade, 6 avril 2019

Le devenir de l’âme musicale d’un peuple est en jeu…

« En toute hypo­thèse, le grand rem­pla­ce­ment eth­nique ne peut être déjoué que s’il est dou­blé de parades évi­tant un grand rem­pla­ce­ment musi­cal. Les musiques venues d’ailleurs ne peuvent pas être har­mo­ni­sées, ni chan­tées à plu­sieurs voix, elles ne sont pas faites pour cela. Le deve­nir de l’âme musi­cale d’un peuple est en jeu. »

Jean-Fran­çois Gautier
La trans­mis­sion par le patri­moine musi­cal, 3e col­loque annuel de l’Ins­ti­tut Iliade, 18 mars 2017

Le dernier conservatoire des ferveurs européennes traditionnelles…

« Il a exis­té un catho­li­cisme rural qui, quant à lui, était poly­lâtre, à cultes mul­tiples, et magni­fiait nombre de saints locaux, ceux des ter­ri­toires parois­siaux. Il en sub­siste encore des traces en Bre­tagne, en Irlande, en Espagne ou en Ita­lie. Ce catho­li­cisme-là a été le der­nier conser­va­toire des fer­veurs euro­péennes tra­di­tion­nelles, très éloi­gnées des conte­nus mono­théistes officiels. »

Jean-Fran­çois Gautier
Entre­tien au site Le Rouge et le Noir, 5 avril 2016

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