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Rémi Brague

Rémi Brague (né le 8 septembre 1947 à Paris) est un philosophe et historien de la philosophie français. Spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive, et connaisseur de la philosophie grecque, il enseigne la philosophie grecque, romaine et arabe à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne et à l'université Louis-et-Maximilien de Munich. Il est membre de l'Institut de France. Il est connu depuis son ouvrage Europe, la voie romaine, paru en 1992, ainsi que pour ses essais sur la religion chrétienne. Ses recherches actuelles relèvent de l'histoire des idées à très long terme et de la comparaison entre christianisme, judaïsme et islam.

Découvrez 9 citations de Rémi Brague

Qu’une entité politique se forme, puis s’agrandisse par des moyens entièrement pacifiques…

« Qu’une enti­té poli­tique se forme, puis s’agrandisse par des moyens entiè­re­ment paci­fiques, c’est dans l’histoire une nou­veau­té inouïe dont il faut se féli­ci­ter. Mais ne soyons pas naïfs et sachons per­ce­voir, der­rière l’“Hymne à la Joie”, les froids cal­culs des déci­deurs : l’élargissement de la Com­mu­nau­té a quelque chose d’une pré­da­tion. Les éco­no­mies avan­cées espèrent exploi­ter des réserves de main‑d’œuvre qua­li­fiée à bon marché. »

Rémi Brague
Modé­ré­ment moderne, édi­tions Flam­ma­rion, 2014

Même si l’on admet, pour le plaisir d’argumenter, que la vie n’a pas de sens…

« Même si l’on admet, pour le plai­sir d’argumenter, que la vie n’a pas de sens” en tant que signi­fi­ca­tion, la ques­tion se pose­rait encore de savoir si nous pou­vons nous pas­ser d’un sens” en tant que direc­tion. Un tel sens, nous ne le com­pre­nons pas en nous élan­çant plus haut que les réa­li­tés concrètes, mais au contraire en nous insé­rant nous-mêmes dans leur cou­rant ou, pour emprun­ter une image à Plo­tin, en dan­sant à leur rythme. »

Rémi Brague
Modé­ré­ment moderne, édi­tions Flam­ma­rion, 2014

Défendre la raison fait partie de l’essence même du christianisme…

« Défendre la rai­son […] fait par­tie de l’essence même du chris­tia­nisme. Ches­ter­ton fait dire à son prêtre-détec­tive, le père Brown, quand un faux ecclé­sias­tique qu’il vient de démas­quer lui demande com­ment il a bien pu faire pour l’identifier : « Vous avez atta­qué la rai­son, c’est de la mau­vaise théo­lo­gie ». Juifs et chré­tiens sont en tant que tels des ratio­na­listes. À leurs yeux, « au com­men­ce­ment », au prin­cipe de toutes choses, il y avait et il y a encore le logos. Les pre­miers mots du qua­trième Évan­gile : « Au com­men­ce­ment était le Verbe » (logos) font écho aux pre­miers mots de la Genèse, qui ouvre toute la Bible. Dieu lui aus­si est ration­nel, et peut-être même rationaliste. »

Rémi Brague
Modé­ré­ment moderne, édi­tions Flam­ma­rion, 2014

L’Être n’est plus considéré comme quelque chose de bon…

« L’Être n’est plus consi­dé­ré comme quelque chose de bon, mais tout au plus comme un fait neutre, voire, dans cer­tains cas extrêmes, comme mau­vais. Le nihi­lisme en tire les consé­quences et vise à la des­truc­tion de ce qu’il consi­dère comme indigne d’être.
Mais il épargne le pré­sent, tout sim­ple­ment parce que celui-ci abrite le sujet de la des­truc­tion. Il cherche à détruire tout, sauf le pré­sent. C’est-à-dire ce qui reste une fois qu’on a fait abs­trac­tion du pré­sent, à savoir le pas­sé et l’avenir. La logique du nihi­lisme est donc celle de ce que l’on pour­rait appe­ler un « pré­sen­tisme » abso­lu. Il vise à la des­truc­tion du pas­sé et de l’avenir. »

Rémi Brague
Modé­ré­ment moderne, édi­tions Flam­ma­rion, 2014

Notre expérience du temps et de notre existence dans le temps…

« Notre expé­rience du temps et de notre exis­tence dans le temps est cen­trée sur le pré­sent. En quoi est-ce nou­veau ? Que le pré­sent soit le centre et les deux autres dimen­sions, pas­sé et ave­nir, la péri­phé­rie, c’est une image qui n’est pas d’aujourd’hui. Lorsqu’il veut oppo­ser le « main­te­nant » à ces deux autres dimen­sions, Aris­tote les appelle « le temps qui entoure » (per­ix). Par ailleurs, que le pré­sent soit le temps de l’action, le seul dont nous dis­po­sions, c’est aus­si une consta­ta­tion qui remonte à l’Antiquité. Un célèbre frag­ment d’Aristippe de Cyrène le rap­pe­lait déjà : « Seul le pré­sent est à nous, et non pas ce qui nous devance, ni non plus ce qui est atten­du : l’un a dis­pa­ru, et de l’autre, il est incer­tain s’il sera ». Des stoï­ciens comme Sénèque et Marc Aurèle nous ont lais­sé des obser­va­tions ana­logues. Cepen­dant, il s’agissait pour les Anciens de muse­ler l’intérêt exces­sif pour le pas­sé et l’avenir, objets de nos­tal­gie ou d’anticipation, pour rame­ner à l’exigence d’agir. Notre pro­blème à nous est au contraire un dés­in­té­rêt pour le pas­sé comme pour l’avenir. »

Rémi Brague
Modé­ré­ment moderne, édi­tions Flam­ma­rion, 2014

Le passé, notre passé, a peut-être bien des aspects sombres…

« Le pas­sé, notre pas­sé, a peut-être bien des aspects sombres. Il a été le lieu de bien des crimes et bien des sot­tises. Mais il a, à tout le moins, un double mérite : d’une part, il a exis­té, alors que nul ne sait si le futur exis­te­ra ; d’autre part, ce qui est plus impor­tant : il nous a pro­duits, nous qui nous pla­çons à son égard en posi­tion de juges. »

Rémi Brague
Modé­ré­ment moderne, édi­tions Flam­ma­rion, 2014

Quant aux langues anciennes, elles présentent un cas particulièrement…

« Quant aux langues anciennes, elles pré­sentent un cas par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant. D’une part, en tant que langues, elles consti­tuent l’exemple clé de ce qui, à l’accoutumée, se trans­met par simple tra­di­tion. D’autre part, leur trans­mis­sion est uni­que­ment active, elles sont l’objet d’un ensei­gne­ment. C’est ce phé­no­mène que l’on désigne par l’expression étrange de « langues mortes ». Elles peuvent deve­nir aus­si vivantes que les autres, mais elles reçoivent leur vie de l’extérieur. Une langue morte peut d’ailleurs rede­ve­nir vivante, le cas de l’hébreu moderne le montre à l’évidence. »

Rémi Brague
Modé­ré­ment moderne, édi­tions Flam­ma­rion, 2014

L’étude des langues anciennes est le résultat…

« L’étude des langues anciennes est le résul­tat de la liber­té et d’elle seule. C’est pour­quoi je m’associerai ici à l’éloge le plus flat­teur qu’on en ait jamais fait : les langues anciennes ne servent à rien. Si elles ser­vaient, elles seraient, le mot le dit, ser­viles. Les esclaves ou les affran­chis qui s’imaginent cri­ti­quer les langues anciennes en leur repro­chant de ne pas accep­ter le joug de la consom­ma­tion tra­hissent par là, sur leur cou, la pré­sence ou la trace encore fraîche du collier. »

Rémi Brague
Modé­ré­ment moderne, édi­tions Flam­ma­rion, 2014

L’Europe est une civilisation qui ne s’est pas fondée…

« […] L’intensification interne pré­cède et rend pos­sible l’emprunt exté­rieur, pour for­mu­ler ain­si ce qui consti­tue comme une loi du dyna­misme euro­péen. On parle de l’« impé­ria­lisme euro­péen », et l’on désigne par là un phé­no­mène qui est réel, ou qui l’a été. Mais l’expression occulte le fait fon­da­men­tal, lequel est celui qui a ren­du pos­sibles les inter­ven­tions outre-mer, à savoir que l’Europe est une civi­li­sa­tion qui ne s’est pas fon­dée sur la conquête exté­rieure, mais sur la conquête inté­rieure. L’Europe est fon­dée sur un tra­vail sur soi, et elle a com­men­cé par exploi­ter à fond les res­sources qui étaient dis­po­nibles en elle avant d’en emprun­ter ailleurs. »

Rémi Brague
Modé­ré­ment moderne, édi­tions Flam­ma­rion, 2014

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