« Oui, il faut que nous nous employions à la sauvegarde des gens mariés, des veuves, des vieilles gens et des orphelins. Mais pour cela nous devons être plus nombreux, il faut que nous arrivions à être une centaine et davantage, tous des gars comme nous, qui restent capables de rire, même si la grenaille de plomb ne veut pas se détourner de leur chemin. Chacun doit donc se trouver un ou deux ou trois bons amis qui devront nous aider en cas de besoin. Mais il faut qu’ils soient tous garçons et qu’aucun ne soit fils unique d’une veuve, et s’il y en a un qui a déjà fait un gosse à une fille, il faut qu’il réfléchisse avant de s’engager envers nous. Mais s’il y en a un dans ce cas-là et qu’il lui arrive malheur, ce sera notre devoir de venir en aide à la femme et à l’enfant pour les tirer de la détresse et du besoin. Et maintenant, nous allons nous jurer fraternité, pour les jours de détresse jusqu’à la mort, pour le meilleur et pour le pire, afin que nous agissions tous pour un et un pour tous, mais aussi nous tous pour tous ceux qui vivent dans le marais et sont de notre race. »
Hermann Löns
Le Loup-Garou (Der Wehrwolf), 1910, trad. Jean-Paul Allard, éditions Art et Histoire d’Europe, coll. Action, 1988