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Citations sur la mort
La crainte humaine, en tous les temps, sous tous les cieux…
« La crainte humaine, en tous les temps, sous tous les cieux, en chaque cœur, n’est jamais qu’une seule et même crainte : la peur du néant, les épouvantes de la mort. Nous l’entendons déjà de la bouche de Gilgamesh ; nous l’entendons dans le psaume XC, et nous en sommes demeurés là jusqu’à l’heure actuelle. La victoire sur la crainte de la mort est donc en même temps, le triomphe sur toute autre terreur ; elles toutes n’ont de sens que par rapport à cette question première. Aussi le recours aux forêts est-il, avant tout, marche vers la mort. Elle mène tout près d’elle – et s’il le faut, à travers elle. La forêt, asile de la vie, dévoile ses richesses surréelles quand l’homme a réussi à passer la ligne. Elle tient en elle tout le surcroît du monde. »
Ernst Jünger
Traité du rebelle ou le recours aux forêts (Der Waldgang), 1951, trad. Henri Plard, Christian Bourgois éditeur, 1995
Naître sans héritage, grandir sans apanage, mourir…
« Naître sans héritage, grandir sans apanage, mourir sans lignage, c’est le lot de l’homme de passage, de l’homme sans ancrage. L’homme de rien. Qui ne trouve rien en arrivant, qui ne laisse rien en partant. Qui, finalement, n’aime rien. Rien que lui-même, ses pulsions et appétences. »
Philippe de Villiers
Les cloches sonneront-elles encore demain ?, Albin Michel, 2016
Un pays peut perdre sa richesse, il n’en meurt pas…
« Un pays peut perdre sa richesse, il n’en meurt pas. Il peut perdre ses libertés, être accablé d’impôts, détruire ses paysages, abandonner sa souveraineté même, il n’en meurt pas. De tout cela, il peut se relever. Mais s’il perd son identité, qu’il ne sait plus ce qu’il est, d’où il vient, où est sa vraie richesse, alors il meurt. »
Philippe de Villiers
Les cloches sonneront-elles encore demain ?, Albin Michel, 2016
Seule la mort subie n’a pas de sens…
« Seule la mort subie n’a pas de sens. Voulue, elle a le sens qu’on lui donne, même quand elle est sans utilité pratique. »
Dominique Venner
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2013
La mort. Toujours surgiront un petit nombre d’êtres…
« La mort. Toujours surgiront un petit nombre d’êtres qui sont trop nobles pour la vie. Ils cherchent la blancheur, la solitude. La noblesse d’êtres qui se lavent des souillures dans un bain de lumière apparaît souvent avec beauté sur le masque mortuaire.
Ce que j’aime dans l’homme, c’est son essence au-delà de la mort, c’est sa communauté avec elle. L’amour terrestre n’est qu’un pâle reflet. »
Ernst Jünger
Journal de guerre (Strahlungen), 1949, trad. Henri Plard, éditions Julliard, 1990
Exister, c’est se vouer et se dévouer…
« Exister, c’est se vouer et se dévouer. Mais mourir, c’est parfois une autre façon d’exister. […] La mort n’est pas seulement le drame que l’on dit, sinon pour ceux qui pleurent sincèrement le disparu. Elle met fin aux maladies cruelles et interrompt le délabrement de la vieillesse, donnant leur place aux nouvelles générations. La mort peut se révéler aussi une libération à l’égard d’un sort devenu insupportable ou déshonorant. Sous sa forme illustrée par les Samouraï et les “vieux Romains”, elle peut constituer la plus forte des protestations contre une indignité autant qu’une provocation à l’espérance. »
Dominique Venner
Éditorial de La Nouvelle Revue d’Histoire (NRH), N°64, La fin des Habsbourg, janvier-février 2013
Je n’aime pas qu’on affecte de mépriser la mort…
Moi, je meurs. Mon esprit coule par vingt blessures…
« Moi, je meurs. Mon esprit coule par vingt blessures.
J’ai fait mon temps. Buvez, ô loups mon sang vermeil.
Jeune, brave, riant, libre et sans flétrissures,
Je vais m’asseoir parmi les dieux, dans le soleil ! »
Charles-Marie Leconte de Lisle
« Le cœur du Hialmar », in Poèmes barbares, 1862, éditions Gallimard, coll. Poésie, 1985
Mais, hors de l’église, autour des bornes et des marches…
« Mais, hors de l’église, autour des bornes et des marches, les serfs étaient couchés côté à côte, rang sur rang, dans la terre, tous pareils, tous entre eux, comme des poignées de terre prise aux labours. Là, toutes ces têtes dures et toutes ces pauvres mains étaient tombées en poussière. Dix noms effacés par les pluies, et c’était toute la force éteinte et renouvelée de Sabolas, depuis le temps où l’évêque Isarn chassa les Sarrasins… Ces trépassés n’avaient en leur vie guère parlé plus que les bœufs du sillon et les moutons du pâtis — et pourtant ils laissaient à leurs descendants maintes leçons. Nul grimoire ne conservait aux coffres de Mortut le souvenir de mille manants défunts. Qu’est-ce que l’on savait d’eux ? Rien que ces noms qu’ils avaient transmis avec la peur de l’enfer, et le respect du seigneur, et l’appel confus de l’humaine fatigue vers l’avenir menteur… »
Henri Béraud
Le bois du templier pendu, 1926, éditions Le Livre de Poche, 1965
Crever dans la solitude…
« Crever dans la solitude, même misérable m’a toujours paru être préférable à survivre même confortablement, au milieu du troupeau. »
Henri Vincenot
La Billebaude, éditions Denoël, 1978
J’ai proposé, dans d’autres livres, une morale tragique…
« J’ai proposé, dans d’autres livres, une morale tragique. Une morale des sommets d’où descendent, vers le champ des hommes, les maîtres et les héros. Si j’ai fortifié mes lecteurs, je n’ai pas perdu mon temps. Si je leur ai arraché les écailles des yeux, nous serons alors au moins quelques-uns à nous regarder sans obscénité, dans la foule, et quelle que soit notre race – celle des héros admirables qui vont, ou celle de ceux qui, plus infirmes, les suivent, ou encore celle de ceux qui regardent passer la colonne avec, dans les yeux, l’admiration qui révère – oui, quelle que soit notre race, nous saurons qu’elle est bonne. J’ai célébré le chevalier de Dürer qui va, accompagné de la Mort et guetté par le Diable. Derrière lui, je vois des soudards qui le suivent et auxquels il trace la route, dans la sombre forêt. Sur son passage, les paysans saluent et se taisent. Chevalier et soudards vont vers un lointain où il y a la guerre. Ils ne demandent rien. Ils vont mourir pour toi, paysan, pour ta forêt, tes cochons noirs, tes trois poules étiques, ta masure de chaume et tes enfants qui reniflent. Regarde-les passer. Si tu les salues et si tu ne vas pas, courant par traverses et raccourcis, prévenir l’ennemi qui les attend, tu es digne d’eux. Cette dignité, c’est tout ce qu’on te demande. »
Jean Cau
Pourquoi la France, éditions de La Table Ronde, 1975
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