« La température chute subitement ? J’abats du bois par ‑35° et lorsque je rentre dans la cabane, la chaleur procure l’effet d’un luxe suprême. Après la froidure, le bruit d’un bouchon de vodka qui saute près d’un poêle suscite infiniment plus de jouissance qu’un séjour palatial au bord du grand canal vénitien. Que les huttes puissent tenir rang de palais, les habitués des suites royales ne le comprendront jamais. Ils n’ont pas connu l’onglet avant le bain moussant. Le luxe n’est pas un état mais le passage d’une ligne, le seuil où, soudain, disparaît toute souffrance. »
Sylvain Tesson
Dans les forêts de Sibérie, éditions Gallimard, 2011