« L’héroïsme : cette sauvage création de soi par soi et de l’homme par l’homme. Et les femmes exclues de cette terrible fête, soudain stériles lorsque les hommes n’ont plus besoin d’un ventre femelle pour enfanter des dieux. L’héroïsme : ce chant égoïste qui éclate. Me voici ! Unique ! Écartez-vous ! Je n’ai plus de mère ou d’amante ; je n’ai plus de passé ; je vais me mettre au monde. « Tu vas mourir ! » Oui, mais je serais né et j’aurais connu l’enivrement fou lorsque, dans mon corps et dans mon âme, j’ai éprouvé la naissance véhémente d’un dieu. « Il ne se connaît plus ! » C’est vrai puisqu’il s’invente. »
Jean Cau
Le Chevalier, la mort et le diable, éditions de La Table ronde, 1977