« La poésie est saine parce qu’elle flotte avec aisance sur une mer infinie ; la raison s’évertue à traverser cette mer infinie, et dès lors à la délimiter. Il en résulte un épuisement mental, pareil à l’épuisement mental de M. Hollbein. Tout accepter est un exercice ; tout comprendre est une rude épreuve. Le poète n’aspire qu’à l’exaltation et à l’expansion, à un monde où il puisse s’étendre. Le poète ne demande qu’à lever sa tête jusqu’aux cieux. C’est le logicien qui cherche à faire entrer le ciel dans sa tête. Et c’est sa tête qui se fend. »
Gilbert Keith Chesterton
Orthodoxie, 1908, trad. Lucien d’Azay, éditions Flammarion, coll. Climats, 2010