« Nous avons énormément changé. Pour prendre l’exemple français, en 2008, nous avons perdu dix hommes à Uzbin, non loin de Kaboul, dans une embuscade. Le Président de la République de l’époque y est allé, pour montrer en quelque sorte sa sympathie, etc… Est-ce que on aurait imaginé, cinquante ans plus tôt, Charles de Gaulle se rendant en Algérie parce qu’on aurait perdu dix hommes dans une embuscade alors qu’on les perdait toutes les deux semaines ? Non. (…) L’opinion publique a changé, on n’encaisse plus les pertes. Et c’est certainement lié aussi à notre sentiment d’amenuisement démographique. C’est-à-dire que en 1920, il y a à peu près 33% de ce que l’on appelait à l’époque « Blancs » (on les appellerait aujourd’hui les Occidentaux) ; aujourd’hui, les Occidentaux représentent maximum 12%. Alors, quand on a 1,5 enfant par femme, on peut difficilement le risquer. »
Gérard Chaliand
La guerre informelle : maquis et conflits, podcast de la revue Conflits, 19 mars 2020