« Mon cher garçon, je t’avais conseillé d’étudier l’histoire, dont les leçons valent mieux que la rhétorique des journaux et les raisonnements a priori des philosophes. On te parle à tout propos de démocratie, il serait bon de savoir ce qu’entendaient par là ceux qui ont inventé le mot et la chose. Les grandes monarchies de l’Europe doivent la civilisation dont elles sont si fières à la petite république d’Athènes, imperceptible sur la carte du monde. Or, les citoyens de cette petite commune souriraient de pitié en vous entendant parler de votre démocratie. Ils ne se seraient pas crus libres pour avoir mis tous les cinq ou six ans dans une boîte le nom d’un des députés chargés d’approuver l’impôt. »
Louis Ménard
Le Gouvernement gratuit, in Rêveries d’un païen mystique, Georges Crès et Cie éditeurs, 1911