« L’heure présente est peu favorable à de telles expériences [socialistes]. Pendant que les rêveurs poursuivent leurs chimères, excitent les appétits et les passions des multitudes, les peuples s’arment tous les jours davantage. Chacun pressent que, dans la concurrence universelle, il n’y aura plus de place pour les nations faibles. (…) Si nous continuons à briser notre cohésion par des luttes intestines, des rivalités de partis, de basses persécutions religieuses, des lois entravant le développement industriel, notre rôle dans le monde sera vite terminé. Il faudra céder la place à des peuples solidement agrégés, ayant su s’adapter aux nécessités naturelles au lieu de prétendre remonter leur cours. Sans doute, le présent ne répète pas le passé et les détails de l’histoire sont pleins d’imprévisibles enchaînements, mais dans leurs grandes lignes, les événements semblent conduits par des lois éternelles. »
Gustave Le Bon
La Révolution française et la Psychologie des révolutions, 1912, éditions La délégation des siècles, 2021