« La fête [est] comme le jeu du mythe. « Sacralisation des premiers temps » (Caillois), elle est à ce titre restitution de « la situation limite où l’ordre est né du désordre, où le chaos et le cosmos se trouvent encore contigus » (Gusdorf). Elle autorise par là, l’espace d’un moment, toutes les formes de transgression, quand le corps exprime l’esprit, quand l’excès même restitue la norme, quand le déchaînement ritualisé des forces élémentaires permet de mieux assurer encore l’équilibre bienfaisant de la mise en ordre initiale. Tout échange est alors possible, sous le masque, parce que la fête est l’un des lieux du don. « D’un point de vue dynamique, observe Georges Gusdorf, le schéma de la fête correspond à une circulation indéfiniment accrue, circulation de biens matériels, mais aussi de sentiments, circulation animée par une grâce d’ouverture de chacun à chacun, de générosité et d’échange ». »
Alain de Benoist
L’empire intérieur, éditions Fata Morgana, 1995