« Parce que “le divin demande à être incarné” (Walter F. Otto), il est dans l’essence du mythe de requérir le culte, comme il est dans l’essence du culte d’appeler le mythe. Tous deux traduisent la manifestation du sacré et la présence du divin. Tous deux répondent à cette présence, l’un par la parole, l’autre par le geste, éclairant du même coup la façon dont la théorie et la pratique sont liées. Si le mythe est un dire, le rite est un faire qui prolonge ce dire. “Le mythe, écrit Van der Leeuw, est une célébration en parole, le rite est une déclaration en acte”. Pascal David ajoute que “le culte n’est autre chose que l’attitude de l’homme dans laquelle le mythe prend corps”. Le culte, en effet, n’est pas une simple évocation de l’événement mythique, mais le dévoilement répété, toujours plus assuré, de cet événement même. “L’unité du mythe et du culte, précise Walter F. Otto, consiste en ce que dans les deux cas, la proximité du divin se manifeste dans une Figure”. Dans le culte comme geste, dans le mythe comme parole de vérité. La plus profonde différence entre les deux est que dans le culte l’homme s’élève jusqu’au divin et agit pour ainsi dire en communauté avec lui, tandis que dans le mythe, c’est le divin qui s’abaisse jusqu’à lui en s’incarnant dans une figure humaine ou apparentée à l’homme. »
Alain de Benoist
L’empire intérieur, éditions Fata Morgana, 1995