« Ainsi, serait-ce donc que j’appartiens aux cieux ?
Pourquoi, sinon, faudrait-il que les cieux
Me fixent obstinément de leur regard d’azur,
M’attirant sans répit, et mon esprit, plus haut
Toujours plus haut, m’absorbant dans le ciel,
Sans cette m’entraînant tout là-haut
Vers de lointains sommets, loin au-dessus des hommes ?
Pourquoi, quand ont été strictement calculés
L’équilibre et le vol au mieux de la raison,
Pour bannir l’élément échappant à la norme,
Pourquoi, même en ce cas, l’élan vers les sommets
Doit paraître, en soi, côtoyer la folie ? »
Yukio Mishima
Icare, in Le soleil et l’acier, 1970, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard, 1973, coll. Folio 1993