« Personne, sauf un monde qui aurait sombré dans la servitude, n’admettra jamais l’inhumaine et abstraite Europe des États. Seule l’Europe des peuples saura respecter, en les unissant, la diversité de toutes les nations, de toutes les communautés – populaires, petites ou grandes, qui la composent. La centralisation de l’État-nation a conduit la France où elle est. Le même esprit conduirait l’Europe à la stérilité. Il ne faut pas que l’Europe des États puisse un jour venir dire à la France que “pour l’unité linguistique de l’Europe la langue française doit disparaître”. La France doit reconnaître aujourd’hui qu’elle englobe plusieurs des plus vieilles nations d’Occident. Si elle doit continuer de les unir, il faut que ce soit dans le respect de leurs droits respectifs et de leurs libertés. Il n’y a que dans une Europe gouvernée par des principes du même genre que la France pourra sauver ce qui lui reste. Qui, sinon la France, pourrait montrer ce chemin à l’Europe puisqu’elle n’est elle-même qu’une Europe en petit ? »
Yann Fouéré
La Bretagne écartelée, 1962, Nouvelles Éditions Latines, 1976